Centrafrique: la société civile centrafricaine demande le départ sans condition du général Babakar Gaye

Publié le 10 décembre 2014 , 1:51
Mis à jour le: 10 décembre 2014 1:52 pm
Gervais Lakosso. Photo: CNC
Gervais Lakosso. Photo: CNC

Babakar Gaye, mal coté par la société civile centrafricaine

Bangui – Corbeau News Centrafrique: 10-12-2014.  Alors qu’ils clôturaient ce 9 décembre 2014, un atelier sur la crise en Centrafrique, les membres du Groupe de travail de la société civile ont demandé le départ sans condition du général Babakar Gaye, représentant actuel de Ban Ki Moon en RCA et Chef de la Minusca. Gervais Lakosso a annoncé cette décision explique que « normalement, c’est le gouvernement centrafricain qui devrait le faire depuis longtemps, mais comme il ne l’a pas encore fait, nous allons utiliser des canaux pour saisir directement le Secrétaire général des Nations unies pour lui dire que celui [Babakar Gaye] qu’il a envoyé ici ne fait pas son travail. » a-t-il déclaré avant de donner les raisons suivantes :  « D’abord, il renie sa mission quand il a dit publiquement qu’il n’a aucun mandat pour désarmer en Centrafrique, alors qu’il est marqué noir sur blanc que la Minusca doit désarmer. Ensuite, lorsqu’un représentant du Secrétaire général des Nations unies veut donner un coup de poing à un jeune centrafricain, c’est du jamais vu. Pire encore, quand Babakar Gaye tient des propos désobligeants à l’endroit des membres du gouvernement centrafricain, d’ailleurs il n’a aucun respect pour personne en Centrafrique, c’est qu’il ne nous aime pas. Et par conséquent, qu’est-ce qu’il est venu faire ici en Centrafrique ? Il aime le diamant, l’or de Centrafrique, mais il pouvait bien ouvrir un bureau d’achat comme tout citoyen du monde en RCA, mais que les choses soient claires. Il n’a pas besoin d’un mandat des Nations unies pour se couvrir. »

Blandine Tanga
Blandine Tanga. Photo: CNC

A cette occasion, le Groupe de travail s’est également prononcé sur le schéma du dialogue de réconciliation national préconisé par la communauté internationale et qui selon le Groupe de travail, ne prend nullement en compte la profondeur de la crise centrafricaine. « Nous insistons pour que ce forum de Bangui puisse se tenir après des consultations populaires à la base dans tout le pays. Nous voulons que tous les centrafricains, mêmes ceux des zones sous contrôle de la Séléka considérées comme des zones inaccessibles aujourd’hui puissent se prononcer sur ce qui s’est passé dans le pays, dire ce qu’ils pensent de l’avenir du pays et mettre à contribution leur approche de la sortie de crise. » a ajouté Gervais Lakosso. Mais, cette proposition doit prendre en compte la réparation des dommages aux victimes de cette crise, et les leaders de la société civile préconisent « une justice transitionnelle », notamment une Cour pénale spéciale pour la Centrafrique, afin de juger les criminels de guerre et les auteurs de crimes contre l’humanité. Aussi, cette vision doit faire recours à la « justice traditionnelle » pour réparer les erreurs commises par le passé parce que nous avons des exemples de succès dans la résolution de crise par le moyen de la justice traditionnelle en Centrafrique. « Tout cela doit nous amener un pardon et une réconciliation véritable au lieu que les gens nous forcent à faire une réconciliation de façade. » a conclu Babakar Gaye.

Quant aux questions des élections projetées par la communauté internationale pour juin-juillet prochains, le Groupe de travail de la société civile a estimé que ce chronogramme, une fois de plus, n’est pas tenable. A en croire Mme Blandine Valérie Tanga, une des leaders de la société civile « Nous pensons que tenir les élections en juin 2014 n’est pas réaliste. D’aucuns diront que la RCA peut calquer sur le schéma malien, c’est de l’illusion. Le coup d’Etat qu’il y a eu au Mali n’a pas détruit les institutions du pays comme en a été le cas pour le coup d’Etat centrafricain. Même au niveau de Bangui, l’Etat n’a pas tout le contrôle de la ville. Aujourd’hui, 65% du territoire national soit dix préfectures sur six, est hors du contrôle de l’Etat, ce qui veut dire que si élections il y a, elles sont d’office illégitimes, car le reste de 35% du territoire représente combien de pourcent de population ? » a-t-elle justifié.

Babakar Gaye
Babakar Gaye

En définitive, l’attitude de Babakar Gaye vis-à-vis des institutions centrafricaines et des centrafricains atteste en quelque sorte du complot international contre la RCA où cette même communauté internationale dit être là pour appuyer seulement les autorités centrafricaines ; alors que cette même communauté internationale impose ses lois. Le rejet de la vision des autorités centrafricaines au sujet de la réhabilitation des FACA comme le souhaite vivement le peuple centrafricain et l’approche centrafricaine du Forum national qui devrait commencer dans les consultations dans les préfectures, toutes balayées du revers de la main par le communauté internationale sont autant d’illustrations.

Bangui / Fred Krock / Corbeau News Centrafrique.

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