RCA : Affaire Socatel Gateway business telecoms Centrafrique

RCA : Affaire Socatel Gateway business telecoms Centrafrique

 

Le bâtiment de la Socatel Bangui-Sica. Crédits HT, CopyrightCNC.

 

 

 

Bangui, le 30 novembre 2017.

Par : Thierry Simbi, CNC.

 

On connait tous les difficultés de l’opérateur historique de la téléphonie fixe Socatel qui bat de l’aile voyant son nombre d’abonnés chuter chaque année tandis que les infrastructures sont désuètes et les offres de services limitées à la seule ville de Bangui.

 

La Socatel souffre  de pertes d’exploitation chroniques. Le nombre des abonnements aux lignes fixes stagne depuis plusieurs années, à environ 0,2 abonnés pour 100 habitants et 97 % des 5000 lignes existantes sont installées à Bangui. Étant donné la pénurie de lignes fixes traditionnelles, l’accès aux TIC ne pourra s’accroître qu’à travers les technologies sans fil.

Depuis 2007, Socatel n’est plus responsable du trafic international centrafricain, aujourd’hui confié à la société privée Telsoft Centrafrique Gateway.  La Socatel tirait pourtant l’essentiel de ses recettes de la communication internationale grâce au Centre de Transmission par Satellite (CTS) situé à Bangui-M’Poko. Avec la nomination de l’un des cadres de la Socatel M. Fidèle Gouandjika à la tête du Département des Postes et Télécommunications, celui-ci, prétextant que cette Société croupissait sous le poids de 13 milliards FCFA de dettes, baissait l’antenne du CTS et résiliait les contrats avec ses partenaires. Le Ministre Fidèle Gouandjika décidait de libéraliser ce secteur sensible en signant un contrat avec la Société Telsoft International. La Société Telsoft International a, selon les agents et cadres de la Socatel, exploité la passerelle unique pour la communication internationale sans qu’ils ne soient situés sur la contrepartie de l’Etat et celle de leur Société. Face à la pression des travailleurs de Socatel qui voulaient être fixés sur la gestion de cette « Gateway unique » et la destination des ressources qu’elle génère, Telsoft International s’est métamorphosée en Telsoft Centrafrique en se faisant enregistrer comme société de droit centrafricain. Elle a payé sa licence d’une valeur de 1, 5 milliards F CFA.  Le Directeur Général de la Socatel, Marcel Ngaïssio, a signé un contrat de fourniture d’équipements avec Daniel Investissement (DI), une société israélienne. La société Daniel Investissement a réinstallé l’antenne de la Socatel et amené des équipements dont le coût s’élève à 750 millions F CFA. Dans le cadre du contrat qui lie les deux parties, la société israélienne a invité la Socatel à ne rembourser que la moitié du coût total de ces investissements, c’est-à-dire 375 millions. Ce remboursement, Socatel devait l’effectuer sur le trafic international. Elle devait redistribuer les trafics aux opérateurs de téléphonie mobile. Socatel a confectionné un projet de contrat d’acheminement de trafic international qu’elle devait faire signer aux opérateurs de téléphonie lorsque le Ministre Thierry Maléyombo baissera l’antenne de Socatel réhabilité par Daniel Investisment. Le Chef du département des Postes et Télécommunications négocie avec succès un contrat avec Global Voice (GV) qui installera sa Gateway dans l’immeuble abritant le ministère des Postes et Télécommunications. Actuellement, Telsoft Centrafrique et Global Voice se disputent le marché pendant que Daniel Investisment intente une action en justice pour violation unilatérale d’un contrat.

 

C’est par la société israélienne Daniel Investissement que Fidèle Gouandjika et les israéliens faisaient des écoutes téléphoniques qu’il amenait chaque semaine au président Bozizé dans le temps.

 

Telsoft et GVG sont 2 entreprises privées avec des fonctions bien différentes :

 

Telsoft gère la Gateway Unique, à l’origine tous les opérateurs étaient censés passer par Telsoft pour leurs appels à l’international. Telsoft a signé un contrat de 15 ans avec l’état (Ministère de Télécommunications) et dans son contrat Telsoft dispose de l’exclusivité et a acquis une licence internationale à 1,5 Mds  F CFA.

 

GVG fait le monitoring (la supervision). GVG est censé contrôler le nombre d’appels internationaux et de rendre compte à l’état. Donc il doit contrôler Telsoft et tous les opérateurs qui utilisent leurs propres Gateway vers l’international. GVG a signé un contrat de 5 ans qui est arrivé à expiration depuis Avril 2015. Le matériel installé par GVG pour faire la supervision devrait etre remis à l’ART au bout des 5 ans.

 

Un appel vers l’international est à 120 F CFA/min, il y a un revenu sharing qui est composé comme suit : 40 F/min reversé à l’opérateur / 40 F/min reversé à l’état / 40 F/min pour Telsoft

Depuis l’arrivée de GVG, Telsoft reverse directement les 40 F de l’état à GVG qui lui se charge de les reverser à l’état en prenant 40% des 40 F au passage.

La société EIG, qui se présente sous plusieurs noms (EIG, Zeus Télécom, etc.) est venue signer un contrat en novembre 2014 avec le Ministre Abdallah KADRE pour faire la même activité que Telsoft. Ce contrat est actuellement en suspend (les points bloquants sont les suivants:

  1. demande de supervision et gestion de la Gateway qui ne sont pas compatibles pour un même opérateur car on ne peut être juge et partie.
  2. demande de l’exclusivité pour la gestion de la Gateway Unique impossible car le marché est libéralisé).

1- un investissement de plus de 5 000 000 € par le partenaire devait être effectué n’a pas encore mis en évidence.

 

La société E-Alpha-Oméga (une société de consulting en marketing libanaise) vient de signer depuis le 3 juillet 2015 un contrat avec l’ART pour la supervision des appels internationaux et nationaux. Bien que le contrat soit signé, cette société n’est pas encore opérationnelle sur le terrain. C’est cette société qui va maintenant empocher la part de l’Etat en remplacement de GVG.

 

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