AFRIQUE NOIRE ET BLANCHE : UN VIVRE ENSEMBLE COMPLIQUÉ

Publié le 27 novembre 2017 , 6:40
Mis à jour le: 27 novembre 2017 6:40 pm

AFRIQUE NOIRE ET BLANCHE : UN VIVRE ENSEMBLE COMPLIQUÉ

 

 

 

 

Bangui, le 28 novembre 2017.

Par : Joseph Akouissonne, CNC.

 

LE RACISME  ANTI-NOIR AFRICAIN AU MAGHREB

 

EN MAURITANIE

          Dans tout le Maghreb, celui qui a la peau noire n’est pas le bienvenu. C’est un pestiféré, marqué du sceau infâme de l’esclavage. En Mauritanie, le Noir (Harratine) est, aux yeux des Maures, un éternel inférieur, un esclave ad vitam aeternam. On vit encore avec la mentalité du temps des razzias arabo-musulmanes. Les Maures déploient des efforts colossaux pour empêcher les Noirs d’accéder à des postes de responsabilité. Ils ne sauraient être gouvernés par leurs esclaves. Depuis l’indépendance de ce pays, Aucun Noir n’a occupé le poste de Président. Pourtant, les élites sont plus nombreuses chez les Noirs. Pendant la colonisation, les Maures préféraient envoyer leurs enfants à l’école coranique. C’était méprisant d’envoyer son enfant étudier chez les mécréants blancs. L’école publique était l’affaire des fils et des filles des esclaves, ce qui les préparait mieux à participer aux tâches de l’administration française.

          Malgré les rappels à l’ordre de l’ONU, la Mauritanie continue à discriminer ses citoyens à la peau noire, les Maures se prenant pour des êtres supérieurs aux Noirs. Ils pratiquent toujours un esclavage archaïque discret et font preuve de racisme vis-à-vis de leurs congénères à la peau noire. La propagande de l’État mauritanien voudrait faire croire que l’abolition de l’esclavage est inscrite dans la constitution. Dans les faits, le contraire est flagrant. Demandez aux Mauritaniens noirs leurs avis, ils vous raconteront les humiliations qu’ils subissent quotidiennement. Ils vous raconteront le calvaire des militants des droits de l’homme que l’on jette arbitrairement en prison. Il faudra que la Mauritanie se souvienne que l’esclavage est un crime contre l’humanité.

 

 EN TUNISIE

La Tunisie ne pratique pas l’esclavage. Mais le racisme anti-noir est prégnant dans la société. Pour le Tunisien lambda et analphabète, le Noir africain représente un danger. C’est un être inférieur. Sa couleur de peau est une infamie. C’est celle du diable, celle des ténèbres. C’est celle de l’esclavage. Certains Tunisiens crachent au passage d’un Noir. Il est courant que des taxis refusent de prendre des Noirs. Pour louer un logement c’est la croix et la bannière. Les Noirs essuient quotidiennement des injures ignominieuses : nègre, qird (singe) Abid (esclave.) Dans les activités sportives, qui sont censées aplanir les différences et favoriser le vivre ensemble, les Noirs africains sont constamment pris à partie par des spectateurs racistes et xénophobes. Il faudra que le Gouvernement tunisien prenne des mesures radicales pour combattre la peste qu’est le racisme.

 

EN ALGÉRIE

          Ce n’est pas mieux. Voilà un pays qui a offert le gîte et le couvert aux Noirs africains qui combattaient pour leur indépendance. Nelson Mandela, pour ne citer que lui, a bénéficié de l’aide du frère algérien pour affronter l’apartheid et le vaincre. A cette époque, l’aide d’Alger aux mouvements africains de libération a souvent été décisive. Pour l’Africain subsaharien, les Algériens étaient des frères. Aujourd’hui, c’est devenu une illusion. L’alliance d’autrefois a été jetée dans les poubelles de l’histoire.

          Cependant, il faut noter que, des trois pays du Maghreb, l’Algérie est le moins atteint par le poison du racisme. Chez les dirigeants et les intellectuels, il est rarissime. C’est dans les couches de la société pauvres et souvent analphabètes que l’hydre du racisme sévit. Un footballeur d’origine camerounaise, Albert Ébossé, a été une victime tragique du fléau, assassinée en 2014 par des supporters algériens à Tizi Ouzou.

          Mais, dans l’armée algérienne, on trouve des généraux noirs. Dans la haute fonction publique, les cadres sont souvent des Noirs. Ce sont quelques arbres qui cachent la forêt dense du racisme.

AU MAROC

          Le Maroc est le pays le plus métissé du Maghreb. Le souverain marocain n’a-t-il pas eu une grand-mère noire ? Le Sud marocain est pratiquement peuplé de Noirs. Cela n’empêche pas la détestation du Négro-africain de se propager dans les rues de Rabat.

          Pourtant, les pays du Maghreb appartiennent au continent africain. Ils sont membres de l’Union Africaine. Les dirigeants africains noirs, qui devraient monter au front pour stigmatiser et condamner le racisme, les discriminations et la xénophobie dans les pays du Maghreb, se taisent. C’est indigne. Comment peut-on laisser siéger dans l’Union Africaine des dirigeants qui laissent se développer le racisme anti-négro africain chez eux ? Comment peuvent-ils supporter sans broncher leurs collègues maghrébins  sans ressentir une humiliation ? Surtout quand ils apprennent que leurs ressortissants sont vendus à la criée comme esclaves sur les marchés de Tripoli, ou endurent les crachats dans les rues de Tunis, d’Alger et de Nouakchott… 

          En Europe et surtout en France, les Noirs africains et ceux du Maghreb subissent le même racisme, la même humiliation et la même xénophobie. Le cinéaste franco-mauritanien Med Ondo a réalisé un film qu’il a justement titré : « BICOTS NÈGRES VOS VOISINS » pour dénoncer les conditions de vie des Africains en France. Subissant les mêmes humiliations, parqués dans des banlieues insalubres, les Africains du Maghreb et ceux du sud du continent développent une solidarité d‘appartenance au même continent et souvent à la même religion. Les discriminations et les relégations auxquelles ils sont confrontés fabriquent « les oubliés de la République », dont les descendants auront à cœur de venger  l’affront qui leur a été fait.

 

RIPOSTE

          Algériens, Tunisiens, Maures et Marocains discriminent leurs congénères africains à peau noire. Le marché aux esclaves de Tripoli n’a fait que confirmer un détestable état de fait, que tout le monde savait : le racisme n’a pas cessé. Si l’on n’y prend pas garde, les générations à venir de Noirs africains risquent de se redresser et de devenir malheureusement à leur tour racistes et xénophobes.  On ne peut pas détester le Noir et prétendre faire des affaires ou des échanges avec le continent noir. Il faut éviter que le syndrome du repli sur soi ne gagne du terrain en Afrique noire. Tant de gens à peau blanche vivent et s’enrichissent en toute quiétude en Afrique noire. Sans subir, en quoi que ce soit, le racisme, la xénophobie ou les discriminations.

 

                                                                                                                         JOSEPH AKOUISSONNE

 (24 novembre 2017)

 

P.S : «  Mais où sont donc passés les historiens noirs pour nous raconter l’histoire et la réalité de notre passé, pour exorciser les maux venus de loin qui nous accablent à présent ? Dans toute situation de crise comme celle de l’esclavagisme qui surgit pour le moment en Libye, il faut toujours aller rechercher les racines ou les causes profondes pour comprendre les choses », analyse un intellectuel noir. D’après un historien Noir

 

 

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