CENTRAFRIQUE : QUELLE STRATÉGIE POUR LE PRESIDENT TOUADERA ET LE PEUPLE CENTRAFRICAIN FACE AUX PÉRILS ? (1)

Publié le 12 mai 2017 , 7:12
Mis à jour le: 12 mai 2017 7:12 pm

CENTRAFRIQUE : QUELLE STRATÉGIE POUR LE PRESIDENT TOUADERA ET LE PEUPLE CENTRAFRICAIN FACE AUX PÉRILS ? (1)

Miliciens-Anti-Balaka 

 

Bangui, le 12 mai 2017.

Par : JOSEPH AKOUISSONNE

 

L’IMPASSE

        

Depuis l’accession au pouvoir de Faustin-Archange Touadera ; depuis ce vote massif et démocratique qui a suscité tant d’espoirs devant ce qui ressemblait à l’avènement d’une nouvelle Centrafrique ; depuis la venue du Pape qui semblait avoir atténué quelque peu les tensions ; depuis la création du DDRR qui devait désarmer les factions rebelles, la République Centrafricaine n’a toujours pas trouvé le chemin de la paix et de la réconciliation. Surgissant de l’horizon comme des chevaux de feu en furie, les périls n’ont jamais été aussi menaçants.

         Alors, on s’interroge. On s’interroge sur les destinées de cette nation en perdition, qui semble avoir emprunté les chemins tortueux et inextricables de l’instabilité et de la dislocation. A quand une issue ? A quand une lueur d’espoir à l’horizon ?

         Les autorités centrafricaines sont désarmées faces à la horde des séditieux. Venues pour protéger les populations et l’intégrité territoriale du pays, les forces internationales, malgré leur armada, peinent à réduire les poches des rebelles, abandonnant ainsi les habitants aux féroces diktats des rebelles et des mercenaires.

         Malgré les efforts déployés par le président Touadera pour convaincre les ex-Sélékas de se conformer au DDRR, les rebelles lui opposent une rhétorique démagogique faite de mensonges et de duperies. A coup de communiqués de presse fallacieux, ils manipulent le pouvoir afin d’obtenir l’impunité. Alors que tant de sang a été versé, leur demande est indécente et inacceptable. Les Centrafricains ne comprendraient pas que leurs bourreaux se pavanent libres dans leur pays.

         La découverte de stigmates de massacres, voire de charniers, est à craindre. D’autres soupçons de viols et d’actes de pédophilie sur adolescents par les forces internationales vont peut-être à nouveau surgir. Des familles effondrées pleurent encore et toujours à cause des crimes dont leurs enfants ont été victimes et réclament justice. Mais en vain, car, coupables d’un cynisme insupportable, la France et l’ONU ont tout fait pour absoudre leurs soldats auteurs de crimes sexuels en Centrafrique.

 

LE RISQUE D’UNE PARTITION

         L’intégrité du territoire n’a jamais été aussi menacée. La Ouaka et Bambari, sa capitale, sont occupées et administrées par le Nigérien Ali Daras et sa bande de mercenaires. Ils y font régner une terreur abominable. Jadis, Bambari était une ville luxuriante où il faisait bon vivre. Elle est devenue une ville martyre, comme Oradour-sur-Glane en Limousin, incendié par les barbares nazis. Dans les environs de Bambari, les villages ne sont plus que ruines. Les habitants terrorisés se sont réfugiés dans les profondeurs des forêts hostiles.

         Si on n’y prend pas garde, cette situation intenable risque de mener à une partition pérenne et, ainsi, précipiter la République Centrafricaine vers une sorte de somalisation. Petit à petit, Ali Daras s’est emparé d’une portion de la République Centrafricaine, avec la complicité des autorités de la Transition. Pour mettre un terme à cet affront fait à tout un peuple, il faut que tout soit mis en œuvre pour procéder à son arrestation. Récemment, une pétition initiée par Alexandre Ferdinand N’Guendet, président du RPR (Rassemblement Pour la République) a recueilli 600 mille signatures, pour demander d’appréhender au plus vite ce bandit des grands chemins.

         A l’est du pays, dans le Haut-Mbomou et le Mbomou, c’est Joseph Kony avec ses illuminés, violeurs d’adolescentes, qui massacrent, tuent et font des razzias dans les villages. Les forces spéciales américaines, envoyées en Centrafrique pour le capturer, sont reparties sans avoir accompli leur mission, laissant les autorités centrafricaines sans force face au sanguinaire Ougandais.

         Le désarmement des rebelles piétine. L’Armée Nationale tarde à retrouver ses capacités. Malgré leur bonne volonté dans la recherche de la paix et la réconciliation, les autorités courent le danger de se retrouver à la tête d’un Etat désarmé sous tutelle. La désorganisation des administrations, aussi bien dans la capitale que dans les provinces qui échappent au pouvoir central, précipite et accentue la partition.

         La situation actuelle est désespérée, glaçante, intenable.

 

QUE FAIRE ? SE RASSEMBLER

         Face à ces périls, que peut faire un Etat sans une armée Nationale digne de ce nom ? L’une des priorités serait de le doter de moyens suffisants pour assurer sa défense. La sécurité de la République Centrafricaine ne pourra être assurée que par les Centrafricains eux-mêmes, alors qu’on a l’impression que la réalité du pouvoir est entre les mains de la France et des forces internationales, qui se livrent à un jeu ambigu sur le terrain.

         A l’intérieur du pays, des politiciens assoiffés de pouvoir se disputent pour préserver leurs prébendes, au lieu de se rassembler derrière le gouvernement pour l’aider à combattre les bandes armées auteurs de crimes contre l’humanité.

         Il faut que les patriotes unissent leurs forces et se coalisent pour constituer un rempart contre la barbarie. Seule, leur union pourra permettre au pays de se relever.

 

JOSEPH AKOUISSONNE

(5 mai 2017)

                           ANI

 

 

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