L’immunité des magistrats au cœur du duel : projet Boukanga et réponse du syndicat des magistrats

L’immunité des magistrats au cœur du duel : projet Boukanga et réponse du syndicat des magistrats

 

Photo de famille des jeunes magistrats et greffiers le 23 septembre 2023 après leur prestation de service. CopyrightDiaspora
Photo de famille des jeunes magistrats et greffiers le 23 septembre 2023 après leur prestation de serment . CopyrightDiaspora

 

Bangui, 10 avril 2024 (CNC)  

 « La justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique ». Cette réflexion de Blaise Pascal trouve un écho particulier en République centrafricaine, où le débat sur l’immunité des magistrats centrafricains ébranle les fondements mêmes de l’institution judiciaire dans le pays. A l’heure où le pays navigue dans les eaux tumultueuses de la réforme législative, le Syndicat national de la magistrature centrafricaine (SYNAMAC) s’apprête à répondre au projet de loi proposé par le député Auguste Boukanga. Ce projet, qui vise à réviser l’article 14 de la loi de 1996 sur le statut des magistrats, s’est retrouvé au centre d’un duel symbolique entre la sauvegarde de l’indépendance de la justice et la lutte contre la corruption.

 

Le 12 avril 2024, la salle d’audience de la Cour de cassation deviendra l’arène où ce débat prendra forme lors d’une Assemblée générale extraordinaire convoquée par le syndicats des magistrats (SYNAMAC).

« Cette réforme nous concerne tous », confie Pierro, un magistrat centrafricain au TGI de Bangui.

« Cela remet en question l’équilibre entre notre protection et notre devoir de transparence et de justice ».

 

L’enjeu est de taille : l’immunité judiciaire, conçue comme un rempart contre les pressions extérieures, est aujourd’hui perçue par certains comme une porte ouverte à l’impunité.

« Nous voulons des juges honnêtes, pas des intouchables », affirme Firmin Ngala, un activiste centrafricain de la société civile, capturant le sentiment d’une partie de la population.

 

Cependant, les magistrats mettent en garde contre une réforme précipitée qui, en affaiblissant leur immunité, pourrait les exposer à des influences et des pressions qui pourraient compromettre leur indépendance.

« Modifier l’immunité, oui, mais sans ouvrir la porte à des pressions qui pourraient influencer nos décisions », explique Magloire Passi, un autre magistrat à Bangui, illustrant l’équilibre délicat sur lequel repose l’équilibre judiciaire.

 

La proposition de Boukanga, probablement poussée par le régime,  ne laisse personne indifférent. Elle oblige toutes les parties prenantes à prendre position sur des questions fondamentales : comment assurer une justice équitable tout en luttant efficacement contre la corruption ? Comment garantir l’indépendance des magistrats tout en répondant aux appels à plus de responsabilité et de transparence ?

 

L’Assemblée générale du SYNAMAC promet d’être un moment décisif, un forum où les voix des magistrats pourront s’élever pour défendre leur vision de la justice, mais aussi où les préoccupations de la société civile pourront être entendues. La décision qui en découlera définira non seulement l’avenir de l’immunité judiciaire en République centrafricaine mais aussi la confiance que le peuple centrafricain accorde à son système judiciaire.

 

Dans cette quête d’équilibre entre la force et la justice, le chemin est encore long. Mais une chose est sûre : le débat autour de l’immunité des magistrats, catalysé par le projet de loi d’Auguste Boukanga, marque un tournant potentiel dans la manière dont la justice est perçue et pratiquée en République centrafricaine.

 

Par Gisèle MOLOMA

 

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