CENTRAFRIQUE : LES NÉGOCIATIONS AMBIGUËS DE LA DIPLOMATIE SOUS RÉGIONALE AU CŒUR D’UN DIALOGUE POLITIQUE SANS NATURE NI FORMAT. 

Publié le 12 février 2021 , 11:49
Mis à jour le: 12 février 2021 11:49 pm
Monsieur Bernard Selembi Doudou, l'auteur de l'article. Photo de courtoisie.
Monsieur Bernard Selembi Doudou, l’auteur de l’article. Photo de courtoisie.

 

Bangui, République centrafricaine, vendredi, 12 février 2021, 21:49:54 ( Corbeaunews-Centrafrique ). Au demeurant de la longue et historique crise politique centrafricaine, les autorités légitimes issues des élections groupées du 30 mars 2016 ont pris unilatéralement l’initiative de négocier exclusivement avec les groupes armés devenus par le succès forcé de l’événement un partenaire incontournable du quinquennat. L’on se souvient encore de la rencontre de Lyon en 2019 avec la diaspora centrafricaine où le chef de l’état était tellement confiant aux termes de l’accord de Khartoum qu’il a déclaré que si c’était à refaire, il allait le faire.

 

La cohabitation avec les groupes armés non conventionnels qui ne respectent pas leurs engagements à grippé le processus électoral et le président de la république a été réélu aux forceps nonobstant des manquements graves et multiples à la législation électorale.

En conséquence de ce qui précède, les partis politiques qui représentent l’ossature de l’opposition démocratique ont rejeté unanimement les résultats des élections proclamés par la cour constitutionnelle qu’ils accusent d’être inféodée au simulacre. Dans les mêmes circonstances de temps, les groupes armés non conventionnels réunis dans une nouvelle coalition encadrée par l’ancien président Bozizé s’inscrivent dans la même logique et réclament comme les partis politiques l’annulation des élections et la tenue d’une concertation nationale. Le pouvoir de Bangui voulant s’entêter a précipitamment cédé sous de multiples pressions sur le principe du dialogue politique. C’est ainsi que dans son discours du 6 février marquant la deuxième anniversaire de l’accord de Khartoum, le chef de l’état a officiellement annoncé la tenue d’une concertation politique avec les forces vives de la nation sans déterminer les termes de référence afin d’enclencher le processus de dégel de la crise politique.

Dès lors, beaucoup de fanatiques et surtout ceux qui se réclament centrafricains que d’autres se focalisent sur le personnage hybride de Bozizé sans connaître la définition étymologique, le contexte et l’aboutissement d’un dialogue politique.

A l’origine, le concept lexical de « dialogue politique » désigne un générique médiatique pour désigner simplement une négociation entre les parties en conflit. Ainsi, lors d’une guerre ou d’un malentendu politique, deux (2) ou plusieurs groupes qui ont une vision et compréhension différente du problème discutent pour aboutir à un solution politique consensuelle autrement appelée compromis. Ce compromis est ainsi revêtu d’une force légale qui s’impose à l’architecture juridique nationale pour le bien être du peuple.

Parallèlement à l’annonce du président de la république sur la tenue d’un dialogue inter-centrafricains, les émissaires des chefs d’état de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) sans avisés les autorités centrafricaines rencontrent une délégation des groupes armés sur le territoire tchadien avec un ordre du jour non connu à ce jour alors que nul n’ignore que « ce qui se fait sans nous est toujours contre nous »…ce comportement ambigu sans dépasser le seuil du tolérable s’apparente à une ingérence portant atteinte à la souveraineté de notre chère nation.

Choqué par cette démarche mafieuse, le citoyen lambda s’interroge :

Quelles sont les véritables attentes ou les objectifs recherchés de ce dialogue politique ? Ce dialogue politique se tiendra où et quand ? Ce dialogue sera encadré par quel organisme qui nous promettra un gage d’impartialité et de neutralité ? Quelles seront les participants concernés par le dialogue ? Le caractère inclusif du dialogue concerne t-il aussi les groupes armés ? Sinon, la capacité de nuisance de la coalition des forces négatives ne sera pas un obstacle au résultat escompté et à l’efficacité du dialogue politique ?

Par ailleurs, pourquoi et pour quels intérêts les émissaires de la CEEAC ont organisé une rencontre mafieuse avec les groupes armés et surtout à l’insu des autorités centrafricaines ? Enfin, ce dialogue politique tant souhaité va t-il respecter l’esprit et la lettre du forum de Bangui de 2015 ?

Au delà de toutes considérations politiques et politiciennes, il apparaît important de souligner que par principe nous ne partageons pas l’idée de dialoguer ou de négocier avec les fossoyeurs de la république mais il y’a des circonstances qui imposent la sauvegarde des intérêts supérieurs de la nation d’où la nécessité de pactiser avec le diable sans amnistie ni impunité. Nous sommes sans ignorer que le but recherché du dialogue politique n’est pas de gérer les conséquences de la crise mais d’extirper les causes profondes afin de pérenniser la paix facteur de tout processus de développement.

Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites surtout pas que c’est moi.

 

Paris le 12 février 2021.

Bernard SELEMBY DOUDOU.

Juriste, Administrateur des élections.

Tel : 0666830062.

 

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