L’ombre de la manipulation politique plane sur le mandat d’arrêt de la CPS contre François Bozizé

Publié le 7 mai 2024 , 5:17
Mis à jour le: 7 mai 2024 10:04 am

L’ombre de la manipulation politique plane sur le mandat d’arrêt de la CPS contre François Bozizé

 

Le général François Bozizé, ancien Président de la République centrafricaine
Le général François Bozizé, ancien Président de la République centrafricaine

Bangui, 08 mai 2024 (CNC)  

 Le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale spéciale contre l’ancien président François Bozizé continue de susciter une polémique intense en Centrafrique.

 

Quand la justice devient l’outil d’une stratégie politique, le scepticisme s’installe. C’est le sentiment dominant parmi de nombreux Centrafricains après la récente décision de la Cour pénale spéciale de lancer un mandat d’arrêt fantaisiste contre François Bozizé, ancien président et actuellement en exil en Guinée-Bissau. Accusé de divers crimes, Bozizé est perçu non seulement comme une menace dissipée, mais aussi comme une figure de proue dans un jeu d’échecs politique plus large orchestré par l’administration actuelle du président Faustin-Archange Touadera.

La majorité de la population perçoit ce mandat comme un mouvement stratégique visant à diviser et régner, impliquant des manœuvres pour manipuler les sentiments ethniques et politiques. « Pendant que de vrais criminels défilent librement devant nos yeux, la Cour s’acharne sur un homme isolé et apparemment impuissant hors du pays», partage Mélanie, une habitante de Bangui.

Pour les centrafricains, l’accusation porte l’empreinte de la politique, avec des implications profondes non seulement pour Bozizé mais aussi pour le tissu socio-politique de la Centrafrique.

Toutefois, dans un texte virulent publié sur les réseaux sociaux, Fidèle Gouandjika, ministre conseiller spécial de Touadera, accuse l’Occident, particulièrement la France, de fomenter des troubles en insistant sur le retour de Bozizé pour qu’il soit jugé. Selon lui, ceci est une tentative de déstabilisation masquée, alors que le vrai danger, comme il l’affirme, serait les actions des puissances étrangères qui perpétuent des crimes de guerre ailleurs sans répercussions.

« LES CRIMES DE GUERRE ET CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ SE FONT TOUS LES JOURS À CIEL OUVERT ET EN DIRECT À LA TÉLÉVISION EN EUROPE ET AU MOYEN ORIENT. ALLEZ ARRÊTER CES CRIMINELS LÀ-BAS VITE AVANT QUE NE S’ÉCLATE LA TROISIÈME GUERRE MONDIALE», clame Gouandjika dans un message incendiaire partagé sur les réseaux sociaux.

Cependant, l’inquiétude de Fidèle Gouandjika: Une affaire personnelle autant que politique

En effet, le mandat d’arrêt contre l’ancien président François Bozizé, lancé par la Cour pénale spéciale, suscite également l’inquiétude du ministre conseiller Fidèle Gouandjika, un frère, beau-père et allié de Faustin Archange Touadera . Pour avoir une idée sur ses réaction, il est aussi important de comprendre que cette affaire plonge ses racines dans un passé politique tumultueux où Faustin Archange Touadera, le président actuel, occupait le poste de Premier ministre sous la présidence de Bozizé. À cette époque, Touadera était lui-même impliqué dans plusieurs affaires controversées, y compris des exécutions extrajudiciaires. Gouandjika craint que l’examen minutieux des actions passées de Bozizé n’entraîne une réévaluation des responsabilités de Touadera dans ces mêmes événements. Cette situation pourrait potentiellement exposer des vérités inconfortables sur le rôle de Touadera et par ricochet, menacer la stabilité de l’administration actuelle.

Par ailleurs, Fidèle Gouandjika, dans ses fonctions de ministre et porte-parole sous le régime de François Bozizé, était au cœur des opérations gouvernementales, connaissant intimement les détails et les décisions prises à l’époque. Sa profonde implication personnelle dans les affaires de l’État lui confère une perspective unique et, potentiellement, des responsabilités dans les mêmes dossiers scrutés aujourd’hui par la cour pénale spéciale. C’est en partie pour cette raison que Gouandjika a lancé une déclaration puissante sur les réseaux sociaux, tentant de contrôler le récit et de détourner l’attention du public des actions passées qui pourraient éclabousser de nombreuses figures politiques actuelles, y compris lui-même. Sa déclaration cherche à déplacer le focus vers des cibles externes et à minimiser la portée des enquêtes qui pourraient remettre en question la légitimité de leur gestion passée et présente du pouvoir.

 


Dans cette ambiance chargée, la question demeure : la justice peut-elle réellement être impartiale dans un contexte si politiquement chargé? Alors que les tensions montent, les yeux restent rivés sur l’évolution de cette affaire, qui pourrait soit éroder davantage la confiance dans les institutions nationales, soit ouvrir la voie à un nouvel ordre de responsabilité et de réconciliation.

 

Par Alain Nzilo

 

 

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