RCA : le HCR plaide pour un meilleur accès humanitaire alors que les déplacements de population s’intensifient

Publié le 12 mars 2021 , 4:53
Mis à jour le: 12 mars 2021 4:53 am
Des réfugiés de la République centrafricaine font la queue devant les bureaux administratifs de Garoua-Boulai, au Cameroun, le 8 janvier 2021, où le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) les traitera après avoir fui la RCA
Des réfugiés de la République centrafricaine font la queue devant les bureaux administratifs de Garoua-Boulai, au Cameroun, le 8 janvier 2021, où le Haut-Commissariat
des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) les traitera après avoir fui la RCA . CopyrightDR

 

Bangui, République centrafricaine, vendredi, 12 mars 2021, 08:49:05 ( Corbeaunews-Centrafrique ). Au moins 107.000 Centrafricains ont franchi les frontières du pays pour se réfugier dans les pays voisins. La majorité d’entre eux s’est retrouvée en République démocratique du Congo (RDC), qui a accueilli plus de 92.000 réfugiés, suivi du Tchad (6.726), du Cameroun (5730) et de la République du Congo (2.984). 

 

De son côté, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires(OCHA) estime que plus de 100.000 personnes ont été déplacées à l’intérieur de la RCA depuis le début de la crise en décembre.

« La plupart vivent dans des conditions déplorables dans la brousse par crainte de nouvelles attaques contre leurs villages », a déclaré Boris Cheshirkov, porte-parole du HCR.

Des cas d’arrestation arbitraire, de détention illégale, de torture

Cela porte le nombre total de Centrafricains déplacés dans leur pays et dans la région à plus de 1,5 million. Il s’agit du près d’un tiers de la population totale du pays, qui s’élève à 4,8 millions d’habitants.

Sur le terrain, les équipes du HCR ont fait état « de violations récurrentes des principes humanitaires sur les sites de déplacés ».

D’une manière générale, l’agence onusienne continue de recevoir des rapports faisant état de graves violations des droits humains, notamment des cas d’arrestation arbitraire, de détention illégale, de torture. Le HCR signale aussi des cas d’extorsion, de vol à main armée, d’agression, de restriction de mouvement, d’expropriation et de pillage.

« Les violences sexuelles – y compris contre de jeunes enfants – sont en augmentation en raison de l’insécurité régnante qui engendre un climat de non-droit et d’impunité », a ajouté M. Cheshirkov.

Par ailleurs, les organismes humanitaires redoutent déjà les conséquences de la multiplication des attaques contre les travailleurs humanitaires et le blocage des principales voies d’approvisionnement.

La flambée des prix peut atteindre 240% pour les aliments de base importés

Une telle situation entrave la capacité du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) et d’autres organisations humanitaires à venir en aide aux Centrafricains déplacés à l’intérieur du pays.

D’autant plus que la situation humanitaire sur le terrain s’est détériorée, aggravant les souffrances d’une population déjà vulnérable. Des organisations humanitaires ont été prises pour cible et ont vu leurs bureaux pillés et leurs véhicules volés.

Selon l’OCHA, 66 incidents de ce type se sont produits en janvier, le nombre le plus élevé jamais enregistré en un mois en RCA.

« En décembre 2020, un travailleur humanitaire a été tué et cinq autres blessés », a dit à la presse le porte-parole du HCR.

Plus largement, les affrontements, les opérations militaires et les barrages le long de la route principale reliant la RCA au Cameroun empêchent la livraison des marchandises et provoquent « une flambée des prix dans les zones touchées qui peut atteindre 240% pour les aliments de base importés et jusqu’à 44% pour les produits locaux ».

Le HCR est venu en aide à 740 foyers à Bouar

« Cela a également un impact sur l’acheminement de l’aide humanitaire depuis la capitale, Bangui, avec des conséquences désastreuses pour les personnes qui ont des besoins urgents en nourriture, en soins de santé, en eau et assainissement,en articles ménagers essentiels et en abris », a fait valoir M. Cheshirkov.

Malgré toutes ces difficultés, l’agence onusienne travaille en étroite collaboration avec les autorités nationales, ses partenaires humanitaires et la mission de maintien de la paix des Nations Unies (MINUSCA) pour continuer à distribuer des articles de première nécessité sur les sites accessibles. La semaine dernière, le HCR a pu approvisionner quelque 4.600 personnes réparties dans 740 foyers à Bouar, une ville située à 450 kilomètres de Bangui.

Le HCR lance un appel pour qu’un meilleur accès humanitaire et en faveur d’un véritable dialogue pour apaiser les tensions.

« Nous réitérons notre appel pour un soutien durable et solide de la communauté internationale afin de garantir la reprise d’une réponse humanitaire adéquate et de renforcer les perspectives de solutions », a insisté M. Cheshirkov.

 

ONUinfo

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