Le viol utilisé comme arme de guerre en Ethiopie

Publié le 11 août 2021 , 3:43
Mis à jour le: 11 août 2021 10:44 am

Le viol utilisé comme arme de guerre en Ethiopie

Bangui ( République centrafricaine ) – Amnesty International reproche à l’armée fédérale éthiopienne et ses alliés de commettre des atrocités dans le Tigré.

C’en est bel et bien terminé du cessez-le-feu entre les forces gouvernementales de l’Ethiopie et les forces armées tigréennes autoproclamées.Abiy Ahmed a lancé mardi [10.8.21] un appel à la mobilisation générale. Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed appelle son armée et les milices alliées à donner “une fois pour toutes” un coup d’arrêt aux combattants du Tigré. Le chef du gouvernement enjoint tous “les Ethiopiens aptes et majeurs” à “montrer leur patriotisme” et à rejoindre les forces de défense nationale.Cet appel survient alors que les forces tigréennes ont repris la capitale régionale Mekele fin juin et continué depuis leur avancée dans les régions voisines de l’Afar (à l’est du Tigré) et l’Amhara (au sud du Tigré).”Une situation inimaginable”Selon Befeqadu Hailu, analyste politique éthiopien, “cet appel à la mobilisation des civils [lancé par le Premier ministre Abiy Ahmed] n’est pas nécessaire […]. Cette crise est hors du commun, inimaginable”, ajoute-t-il. Et il poursuit : “Les marchés se sont effondrés dans la région du Tigré comme dans l’Afar. Dans l’Afar, près de 200 000 personnes ont été déplacées suite à l’attaque menée par les Tigréens durant leur avancée vers l’Afar et l’Amhara. Beaucoup de personnes ont aussi été déplacées dans la région Amhara alors que les violences se sont étendues hors du Tigré. Ce qui se passe est inimaginable.”Le conflit dans le Tigré, qui dure depuis novembre dernier, a déjà fait des milliers de morts. Il affecte des millions de personnes qui souffrent de sous-alimentation ou qui ont dû quitter leur foyer, d’après les Nations unies, alarmées par la catastrophe humanitaire dans le Tigré. Le conflit au Tigré provoque aussi une famine qui frappe des millions de personnesDes viols, des actes de torturePour compléter ce tableau sombre, Amnesty International a publié ce matin [11.8.21] un rapport sur les exactions commises par les combattants fidèles au pouvoir d’Addis Abeba.Amnesty International y accuse les forces éthiopiennes et leurs alliés (des soldats érythréens, des miliciens du groupe armé amhara Fano et des membres de la force spéciale de la police régionale amhara) d’atrocités, commises depuis des mois, envers les civils.Amnesty International a interrogé 63 victimes, des femmes et des jeunes filles, et a mené des entretiens avec du personnel médical. Les victimes décrivent des violences sexuelles, des objets – comme des clous ou du gravier – qui ont parfois été introduits dans leur vagin.Plusieurs dizaines d’entre elles ont raconté avoir été retenues prisonnières pendant des semaines, affamées, violées, parfois sous les yeux de leurs proches.Des déplacées du Tigré échangent, en mai, sur les violences qu’elles ont vécues : “Ils sont pires que des bêtes.”Dans les centres de soin du Tigré, 1.288 cas de violences envers des femmes ont été recensés par des médecins entre février et avril 2021 et plus de 375 viols constatés jusqu’à début juin 2021 par le seul hôpital d’Adigrat. Ces chiffres sont sans doute bien en-deçà de la réalité car toutes les victimes ne viennent pas se faire ausculter.Outre le traumatisme psychologique, certaines blessures sont “peut-être irréversibles”, d’après Amnesty International.Plusieurs centaines de femmes victimes”Des centaines [de femmes] ont été soumises à des traitements brutaux visant à les dégrader et les déshumaniser”, a expliqué la secrétaire générale de l’ONG, Agnès Callamard. Le viol, parfois en réunion, utilisé comme arme de guerre, de l’esclavage sexuel, des mutilations, de la torture, des insultes ethniques, des menaces de mort. Amnesty International estime au vu de la gravité de ces actes que certains sont “passibles de crimes de guerre et possiblement de crimes contre l’humanité”.L’ONG enjoint le gouvernement éthiopien à “prendre des mesures immédiates pour empêcher les membres des forces de sécurité et des milices alliées de commettre des violences sexuelles” et appelle l’Union africaine à soumettre ce conflit à son Conseil de paix et de sécurité.Autre requête des défenseurs des droits humains : que la commission d’enquête de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples ait accès aux lieux et aux victimes, et que le secrétaire général des Nations unies envoie “d’urgence au Tigré” une équipe d’experts.Amnesty International réclame également à ce que les victimes, arrivées dans des camps de déplacés à Shire en Ethiopie ou de réfugiés au Soudan, aient accès à un accompagnement médical et psychologique.Enquêtes lancées en EthiopieAddis Abeba a fait savoir en mai que trois soldats avaient été condamnés pour viol et 25 autres inculpés pour violences sexuelles.Pour l’heure, le détail des enquêtes préliminaires lancées par les autorités éthiopiennes n’a pas été communiqué à l’ONG qui réclame ces informations.

Avec DW français

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