La Centrafrique face à la montée de l’autoritarisme : une analyse de Roland Marchal

Publié le 13 novembre 2023 , 7:15
Mis à jour le: 13 novembre 2023 2:15 pm

La Centrafrique face à la montée de l’autoritarisme : une analyse de Roland Marchal

 

Le Président centrafricain Faustin Archange Touadera entrain de faire la prière pour son régime en faillite
Le Président centrafricain Faustin Archange Touadera entrain de faire la prière pour son régime en faillite

 

Bangui, 14  novembre 2023 (CNC) – Dans le numéro 268-269 d’octobre 2023 des Études du Centre de Recherches Internationales de Sciences Po, Roland Marchal, chargé de recherche dans cette institution, livre une analyse percutante intitulée “Centrafrique : la fabrique d’un autoritarisme”. Roland Marchal, l’auteur de ce livre, explore les mécanismes par lesquels la République centrafricaine, émergeant d’une crise existentielle, utilise ses propres faiblesses et les dynamiques régionales et internationales pour consolider un autoritarisme menaçant. Marchal évoque la construction d’une menace extérieure, l’instrumentalisation de la Russie, et les conséquences d’une telle trajectoire sur la vie politique et la population centrafricaines.

 

Une crise existentielle et ses origines

 

La République centrafricaine a été plongée dans une crise existentielle depuis 2012, caractérisée par des affrontements armés violents qui ne sont que la manifestation visible d’une crise plus profonde. Cette crise va au-delà des tensions politiques pour atteindre le tissu social, remettant en question l’acceptation mutuelle qui a longtemps prévalu. L’émergence des groupes armés, notamment la Séléka, a bouleversé l’équilibre fragile, cristallisant des identités et créant des divisions au sein de la population.

 

L’échec de la transition et le retour de l’autoritarisme

 

Malgré la création d’un gouvernement d’union nationale en 2013, les tensions persistaient. La Séléka s’empara le pouvoir de Bangui, plongeant la capitale dans le chaos. La transition qui s’ensuivit devait être un moment de stabilisation, mais elle s’est révélée être un simple sursis sécuritaire. Les élections de 2016, bien que présentées comme une avancée vers la réconciliation nationale, ont surtout marqué le retour aux vieilles postures politiques, éloignant davantage le pays de la véritable réconciliation.

 

La générosité aveugle de la communauté internationale

 

Après l’élection de Faustin-Archange Touadéra en 2016, la communauté internationale, plutôt que de promouvoir des réformes profondes, a généreusement financé le régime, négligeant les signes d’une gouvernance défaillante. Les promesses de lutte contre l’impunité et de réconciliation nationale sont restées lettre morte. Ce qui intéresse Faustin-Archange Touadéra et une partie des élites qui l’entoure, c’est d’être et de rester au pouvoir afin de bénéficier, lui et son petit cercle, des avantages d’être au pouvoir, de l’arbitraire qui nait aussi de ça, de ressources de l’Etat et pour vu que la population survive, c’est tout. Ils ne sont pas là pour construire le pays. Ces élites pillaient et jouissaient par la suite d’une impunité totale, tandis que les financements internationaux alimentaient des train luxueux de leur vie, déconnectés de la réalité économique du pays.

 

L’arrivée de la Russie et la consolidation de l’autoritarisme

 

L’attention récente sur la présence russe en Centrafrique masque l’échec de la communauté internationale à promouvoir la démocratie et la bonne gouvernance. La Russie, avec le soutien du Groupe Wagner, a fourni au régime centrafricain des moyens de répression modernes, consolidant ainsi un autoritarisme ambitieux. Le choix d’une cryptomonnaie en 2022, bien que présenté comme une souveraineté retrouvée, n’a été qu’une privatisation inopérante, illustrant les paradoxes de la gouvernance centrafricaine.

 

Malgré les espoirs suscités par la transition et les élections, la Centrafrique demeure plongée dans une crise irrésolue, prélude potentiel à un nouvel épisode de violence. Les reconfigurations régionales, alimentées par une générosité internationale mal avisée, ont favorisé la montée de l’autoritarisme.

 

Pour Roland Marchal, le fait que l’insécurité continue dans une grande partie de la Centrafrique malgré la présence des mercenaires de Wagner, malgré les assurances des différents gouvernements d’une part et que d’autre part, la crise à l’origine de ces conflits ; la question de la nationalité, de la citoyenneté ; n’a jamais été réglée et les habitudes de prédation de l’Etat qui se sont intensifiées, Faustin-Archange Touadéra prépare plutôt la prochaine crise que la résolution de la précédente.

 

Les signaux d’alarme lancés par Roland Marchal soulignent la nécessité d’une réflexion critique sur les politiques internationales vis-à-vis de la Centrafrique, mettant en lumière les contradictions entre les discours démocratiques et la réalité sur le terrain.

 

Par Prisca Vickos

 

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