La passivité des autorités centrafricaines face à la perte de territoire : une défaillance inacceptable

La passivité des autorités centrafricaines face à la perte de territoire : une défaillance inacceptable

Croisement Koundé-Béloko-Bouar. Photo CNC / Gervais Lenga
Croisement Koundé-Béloko-Bouar. Photo CNC / Gervais Lenga

 

 

 

 

Bangui, 14 novembre 2023 (CNC) – Le conflit territorial entre le Cameroun et la Centrafrique a mis en lumière une triste réalité : des portions importantes du territoire centrafricain ont été récupérées par le Cameroun, et les autorités centrafricaines semblent être restées impuissantes face à cette situation alarmante. Cette inaction des autorités centrafricaines soulève des questions cruciales quant à leur capacité à défendre l’intégrité nationale et à protéger les droits de leurs citoyens.

 

Le constat est frappant : le drapeau camerounais flotte désormais dans divers endroits du sol centrafricain, marquant la perte de contrôle des autorités centrafricaines sur ces territoires. Les villages ont été récupérés de force, les habitants ont été chassés, et la frontière nord-ouest de la Centrafrique ressemble désormais à une portion de dents de scie, dessinant un pays affaibli et vulnérable.

 

Le problème ne date pas d’hier. Depuis la conquête de la zone Tampon en décembre 2014, les autorités camerounaises ont continué leur avancée sur le sol centrafricain, prenant progressivement le contrôle de quartiers entiers tels que Sango, Saba, et Samari. La situation atteint un sommet alarmant avec l’occupation du village de Simon, situé à seulement 30 km de Koundé et 65 km de la ville de Béloko, une ville frontalière centrafricaine majeure.

 

Le fait que les armées camerounaises aient divisé la route reliant Besson à Koundé en deux parties, exigeant des paiements des Centrafricains pour traverser, est une violation flagrante de la souveraineté nationale et un affront à la dignité du peuple centrafricain. Cette exploitation de la crise interne de la Centrafrique par ses voisins est inacceptable et démontre la nécessité d’une réponse immédiate et efficace de la part des autorités centrafricaines.

 

Il est également troublant de constater la complicité présumée de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca), en particulier de son contingent camerounais. La mission onusienne avait pour mandat de sécuriser la frontière en 2014, mais au lieu de cela, il semble qu’elle ait permis à l’armée camerounaise de prendre le contrôle de la zone Tampon de manière agressive.

 

La justification avancée par le Cameroun, invoquant une politique de sécurisation de sa frontière, ne peut masquer l’injustice fondamentale de cette annexion de territoire. Les autorités centrafricaines doivent réagir de manière proactive pour protéger l’intégrité de leur nation et empêcher toute avancée supplémentaire des forces étrangères sur leur territoire.

 

Avec une présence militaire significative dans la sous-préfecture de Garouaboulaye, comprenant environ 6 000 militaires en tenue et 2 000 en civil, la République centrafricaine semble avoir perdu la bataille pour reprendre ses terres. Cette défaillance militaire et diplomatique est inacceptable et soulève des questions sur la compétence des autorités centrafricaines à protéger leurs citoyens et à défendre les intérêts nationaux.

 

La déclaration du sous-préfet camerounais de Garouaboulaye, affirmant que la ville centrafricaine de Cantonnier fait partie de leur territoire, est test et une provocation directes qui doivent être traités avec la plus grande fermeté. Les autorités centrafricaines ne peuvent se permettre de rester spectatrices face à de telles revendications territoriales infondées.

 

En réalité, la passivité des autorités centrafricaines dans ce conflit territorial est déconcertante et inacceptable. Il est impératif qu’elles prennent des mesures immédiates et décisives pour protéger l’intégrité de la nation et assurer la sécurité et le bien-être de leurs concitoyens. La souveraineté nationale ne peut être sacrifiée au nom de la complaisance diplomatique.

 

Emmanuel  Gassawi

Correspondant du CNC à Béloko

 

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