CENTRAFRIQUE/TCHAD : DEBY ITNO, PRÉSIDENT DU TCHAD, EN GRANDE PARTIE RESPONSABLE DE L’INSTABILITÉ EN CENTRAFRIQUE

Publié le 18 juin 2017 , 7:24
Mis à jour le: 18 juin 2017 7:24 pm

CENTRAFRIQUE/TCHAD :  DEBY ITNO, PRÉSIDENT DU TCHAD, EN GRANDE PARTIE RESPONSABLE DE L’INSTABILITÉ EN CENTRAFRIQUE

 

 

Monsieur Joseph Akouissonne, l'auteur de l'article.
Monsieur Joseph Akouissonne, l’auteur de l’article.

 

Bangui, le 19 juin 2017.

Par : Joseph Akouissonne, CNC.

 

CELUI QUI VOULAIT ÊTRE LE PARRAIN DE BANGUI

Idriss Deby Itno, l’indéboulonnable empereur de N’Djamena !

C’est lui qu’Ange-Félix Patassé, François Bozizé et Michel Djotodia ont eu comme parrain pour leurs coups d’état. Encouragé et soutenu par les autorités françaises, soucieuses de changer à leur guise le personnel politique à Bangui, Deby a su mettre à disposition de ces chefs d’État les mercenaires tchadiens, équipés et armés, dont ils avaient besoin. C’est ainsi qu’il a contribué à hisser, à la tête de la Centrafrique, des serviteurs zélés et soumis. De fait, le pays des Bantous est passé sous son contrôle.

Pourquoi cette politique ? Le président tchadien est obsédé par la menace que font peser sur lui les rebelles qui contestent son pouvoir : il redoute qu’ils ne transforment une partie du pays en sanctuaire. Repliés dans le sud du Tchad à la frontière avec le Centrafrique, ils sont farouchement déterminés à mettre fin au pouvoir tyrannique de Deby.  Pour ces Tchadiens révoltés, il n’est qu’un despote aux mains couvertes de sang.

Arrestations arbitraires, disparitions ou assassinats d’opposants, concentration du pouvoir entre les seuls membres de son clan : tout rappelle étrangement ce qui se passait lors qu’étaitDXMX au pouvoir Hissène Habré.

Celui-là même qui vient d’être condamné au Sénégal à la prison à perpétuité pour «crimes contre l’humanité».

DEBY EN CENTRAFRIQUE

Tout le monde le dit à Bangui : « Deby a toujours rêvé de devenir le gouverneur de Centrafrique. »

Il ne l’est pas, mais il ne peut nier le rôle majeur qu’il a joué dans la déstabilisation de la République Centrafricaine. Les comportements brutaux de ses soldats casques bleus en RCA en témoignent. Ils n’ont pas hésité à tirer sur les populations qu’ils étaient censés protéger. Ils sont soupçonnés de s’être livrés à des violences sexuelles sur les femmes et les adolescentes. Ils ont soutenu la plupart du temps les musulmans contre les chrétiens. A la différence des autres Casques bleus, ils se sont comportés comme en terrain conquis.

N’Djamena est quasiment devenue la capitale où se décide l’avenir de la République Centrafricaine. C’est là que Déby a convoqué Djotodia pour le déclarer persona non gratta et le destituer. On aimerait savoir, au passage, le montant de la rançon qu’a exigée Djotodia pour partir dans un exil doré au Bénin, le pays de son épouse.

Il est fort à parier que l’aggravation de la situation chaotique en RCA est, en partie, entretenue par Deby. Si la fourniture d’armes et d’équipements aux ex-Sélékas et aux mercenaires se poursuit, si les massacres continuent et que 60% du territoire centrafricain sont occupés par les bandes armées, c’est bien parce qu’il est à la manœuvre. Il veut absolument empêcher que la République Centrafricaine ne devienne une base arrière d’où partiraient les rebelles tchadiens pour déstabiliser son pouvoir.  Il veut aussi s’assurer l’exclusivité dont la plus grande partis nde la nappe se trouve en Centrafrique.

Ce comportement arrogant envers un pays souverain est inacceptable. C’est une agression caractérisée.  Malheureusement, les autorités françaises ont toujours soutenu Déby. La participation des soldats tchadiens aux côtés des Français au Mali a fait de la France l’obligée et la complice d’un dictateur.

 

PÉTITION DE VICTIMES CENTRAFRICAINES

Une pétition des victimes de la soldatesque tchadienne en Centrafrique est en préparation. Elle va exiger que Deby soit visé par une sanction internationale et jugé pour crimes contre l’humanité en RCA concernant la période 2003-2013.

Cette initiative courageuse doit être soutenue par les autorités centrafricaines. Les pressions et les protestations indignées de Deby auprès de l’ONU pour empêcher la publication du rapport Mapping ne doivent pas aboutir. Le document évoque, en effet, toutes les violations commises sur le territoire centrafricain du 1er janvier 2003 au 31 décembre 2015. Les faits sont avérés. Les charges sont incontestables.

Certains chefs d’Etat de l’Afrique centrale s’inquiètent à juste titre des visées expansionnistes de Deby sur le sous-continent. Tant qu’il sera au pouvoir à N’Djamena, il est fort à craindre que la stabilité, la paix(SIRIRI) et la réconciliation ne seront pas près de voir le jour en République Centrafricaine.

JOSEPH AKOUISSONNE

(16 mai 2017)

 

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