CENTRAFRIQUE : L’HYPOTHÉTIQUE ENQUÊTE JUDICIAIRE DU PROCUREUR DE LA RÉPUBLIQUE SUR LA PRÉSUMÉE TENTATIVE D’ASSASSINAT DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE.

Publié le 26 février 2022 , 12:46
Mis à jour le: 26 février 2022 12:46 pm

 

 

Bangui, 27 février 2022 (Corbeaunews – Centrafrique ) – L’opinion publique nationale et internationale avaient été informées que le président de la République centrafricaine a échappé à une tentative d’assassinat à l’aéroport international Bangui-Mpoko alors que ce dernier revenait du sommet Europe-Afrique de Bruxelles en Belgique. Paraphrasant le communiqué de presse du procureur de la république près le tribunal de grande instance de Bangui pondu le lendemain des faits, il s’agirait de quatre (4) casques bleus de l’ONU de différentes nationalités européennes, lourdement armés à bord d’un véhicule banalisé et suspect à trente (30) mètres du passage du cortège présidentiel. Selon les propres termes du communiqué de presse, les suspects ont été arrêtés pour des besoins d’investigation et une enquête régulière a été ouverte par le parquet général.

Bernard Selembi Doudou
Bernard SELEMBY DOUDOU, auteur de l’article. Photo courtoisie

 

Personnellement, nous avons apprécié à sa juste valeur le dernier paragraphe du communiqué de presse où le parquet général mettait en garde l’opinion publique d’observer le calme en attendant l’issue de la procédure mais le centre de gravité du pouvoir l’entendait de l’autre oreille. Des spéculations dérisoires ou imaginaires galopent à vitesse exponentielle indexant au passage l’ancienne puissance coloniale de tentative d’assassinat voire de tentative de coup d’état inondent tous les supports de la nouvelle technologie médiatique sans recadrage du ministre de l’intérieur ni celui du porte-parole du gouvernement qui excelle aux abonnés absents des grands rendez-vous.

L’absurdité de l’enquête du procureur de la république qui heurte les initiés du droit c’est qu’après le communiqué de l’ambassade de France à Bangui suivi du communiqué de la mission onusienne auprès de la Centrafrique attestant l’identité et le statut des suspects, ces militaires croupissent toujours dans les locaux de la gendarmerie provoquant la vive réaction du secrétaire général de l’ONU depuis New-York pour rappeler à l’Etat centrafricain le respect de son engagements paraphés en 2014 lors du déploiement des forces onusiennes en Centrafrique.

En effet, il convient de rappeler sauf oubli de la part des autorités centrafricaines que les personnels de l’ONU bénéficient de l’immunité juridictionnelle qui par définition est un privilège dont bénéficient certaines personnalités au nom du respect de la souveraineté en vertu duquel ces dernières ne peuvent être déférées aux juridictions de l’Etat où elles résident ni en matière pénale qu’en matière civile. Ainsi, dès la connaissance de leur statut onusien, il n’y a plus de débats car la messe est déjà dite.

Aux dernières nouvelles, malgré quelques entêtements, nous avons appris que les militaires précédemment arrêtés ont été libérés…Tout ça pour ça.

Fort de ce qui précède, conjugué aux différentes agitations, le citoyen lambda s’interroge :

La seule présence d’un véhicule banalisé sans tentative d’infiltration du dispositif sécuritaire suffit-elle à justifier un projet d’assassinat du président de la république ?

Peut-on établir un lien de rationalité entre des présumés assassins qui commettent des forfaits en ayant en sa possession son badge professionnel permettant son identification ?

Le communiqué du procureur de la république près le tribunal de grande instance de Bangui fait-il office de communiqué gouvernemental ?

Pourquoi le porte-parole du gouvernement ne s’est pas prononcé sur cet événement qui est de nature à déstabiliser les institutions de la république ?

S’agit-il d’une campagne de désinformation savamment orchestrée sur fond de phobie française ?

À l’inverse, comment peut-on expliquer la coïncidence de ce scénario à l’accusation du duo France-USA devant le conseil de sécurité de l’ONU contre les exactions des paramilitaires russes ?

L’enquête régulière ouverte par le procureur de la république est-elle arrivée à son terme ?

Dans l’affirmative, quelles sont les conclusions de l’enquête ?

Pourquoi les conclusions de l’enquête ne sont-elles pas rendues publiques ?

Pourquoi le procureur de la république près le tribunal de grande instance de Bangui ne s’est pas prononcé sur la libération des militaires à l’instar de l’ouverture du communiqué d’ouverture de  l’enquête ?

Au delà de tout ce qui précède, cet énième incident soulève la problématique de la porosité, de la perméabilité de la sécurité aéroportuaire facilement franchissable par des dignitaires communément appelés en dialecte « kota zo ». Nous sommes par ailleurs convaincu que le silence du gouvernement sur ce dossier crée un doute sur la rationalité de la version présentée en filigrane…comme quoi le gouvernement savait préalablement qu’il s’agissait d’un odieux montage.

Par voie de conséquence, l’on remarque au final que ce régime manque de sérieux, d’autorité, hésitant sur tout, indécis dans les manœuvres dictées par les nouveaux alliés…le gouvernement tire dangereusement sur le cordon de la campagne anti-française au risque de s’éclabousser une fois le cordon rompu.

Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites surtout pas que c’est moi.

 

Paris le 26 février 2022.

Bernard SELEMBY DOUDOU.

Juriste, Administrateur des élections.

Tel : 0666830062.

 

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