Centrafrique : Évariste Ngamana coincé et piégé, délire

Publié le 28 juin 2023 , 7:30
Mis à jour le: 28 juin 2023 3:48 pm

Centrafrique : Évariste Ngamana coincé et piégé, délire

 

L'honorable Évariste Ngamana
L’honorable Évariste Ngamana

 

 

Bangui, 29  juin 2023 (CNC) —   Dans une interview accordée à notre confrère Christophe Boisbouvier de Radio France Internationale (RFI), Évariste Ngamana, le Président du comité illégal chargé de la rédaction du projet de la  nouvelle constitution, nommé directeur national de campagne référendaire du président Touadera sur base de confiance selon laquelle, il a pu garder le secret de la rédaction jusqu’au bout, s’est distingué par ses propos contradictoires et sa logique tordue. Alors qu’il était censé défendre le projet de la nouvelle constitution et le prochain référendum, ses réponses ont suscité plus de perplexité que de clarté.

 

Dès le début de l’interview, Evariste Ngamana prétend que le peuple centrafricain, dans son ensemble, a réclamé le changement de la constitution sans préciser pourquoi, à quel moment et sans apporter aucune preuve concrète de cette prétendue volonté populaire. Il s’est contenté de reprendre leur refrain en citation de marches, de manifestations, de mémorandums et de pétitions pourtant réalisées signées par deux ou trois personnes au nom d’un millier des noms fictifs. Où sont les chiffres, les enquêtes d’opinion ? Ngamana se contente de vagues affirmations sans fondement.

 

Une autre incohérence flagrante qui apparaît lorsque notre confrère Christophe Boisbouvier interroge Ngamana sur le contenu de la future constitution resté inconnu depuis la convocation du corps électoral. En réponse, Evariste Ngamana affirme que le texte ne sera consultable qu’au moment de la campagne référendaire, soit seulement quelques jours avant le vote. Et d’ajouter :  “ Mais cela n’empêche qu’au moment de la publication du décret convoquant le corps électoral, ce texte a été bel et bien annexé au décret.”

Sur insistance de notre confrère Christophe Boisbouvier : ” Et quand est-ce que le texte sera consultable ?”. Evariste Ngamana, perdu et sans savoir qu’il a déjà dit que le texte a été annexé au décret convoquant le corps électorale, répond en ces termes : ” Comme je viens de vous le dire, ce sera au moment de la campagne référendaire, ou bien quelques jours avant.”

Mais comment un texte est annexé et demandé à être publié au Journal Officiel pour que tout citoyen le consulte peut être retrouvé inaperçu ? Et comment peut-on demander aux citoyens de se prononcer sur une constitution qu’ils ne connaissent pas ?

Cette attitude méprisante envers le peuple centrafricain est tout simplement inacceptable.

 

De plus, Ngamana prétend respecter les dispositions du corps électoral en retardant la publication du texte de la constitution. Cependant, il n’explique pas pourquoi cette publication ne peut pas être consultée dans le Journal Officiel tel qu’exigé par le décret convoquant le corps électoral qui va avec, permettant ainsi aux citoyens de l’étudier en profondeur avant de se rendre aux urnes. Cette opacité délibérée renforce les soupçons d’une manœuvre politique visant à imposer la volonté du président Touadera sans véritable consultation populaire.

 

Lorsque notre confrère l’interroge sur les principaux changements proposés dans la nouvelle constitution, Evariste Ngamana, un des rédacteurs des textes de la nouvelle constitution, répond évasivement en mentionnant les résolutions d’un dialogue républicain tenu en 2022. Une fois de plus, aucune information concrète n’est fournie. Ngamana se contente de parler de “changement” sans préciser en quoi consiste ce changement et comment il répond aux aspirations du peuple centrafricain. Cette absence de transparence est déconcertante et renforce les doutes quant à la légitimité du projet de constitution.

 

Interrogé sur l’opportunité d’organiser un référendum dans un pays confronté à de graves problèmes sécuritaires et économiques, Evariste Ngamana répond de manière évasive en affirmant qu’il est nécessaire d’harmoniser et de contextualiser la loi fondamentale. Cette réponse vague ne fournit aucune justification convaincante quant à la priorité d’un changement constitutionnel dans un contexte de crises multiples. Ngamana ne fait que répéter des slogans creux sans apporter de véritables arguments.

 

La partialité de Ngamana devient encore plus évidente lorsqu’il aborde la question du troisième mandat présidentiel. Alors que l’opposition accuse le président Touadera de vouloir prolonger son règne en modifiant la constitution, Evariste Ngamana nie catégoriquement ces allégations sans fournir aucune explication convaincante. Il affirme même que la question du mandat ne peut pas être posée pour l’instant, mais laisse entendre que si Touadera répond aux critères d’éligibilité, il pourrait se présenter du moment ça sera une nouvelle République, le compteur sera remis à zéro. Ces propos ambigus ne font qu’alimenter les spéculations sur les véritables intentions du président qui consiste à contourner la Constitution actuelle qui l’empêche de briguer un autre mandat au-delà de ses deux actuels et renforcent les inquiétudes quant à l’objectif réel de ce référendum.

 

Evariste Ngamana nie également les demandes de contribution financière adressée aux cadres, ministres, préfets, sous-préfets et aux présidents des institutions du pays pour l’organisation du référendum. Pour lui, la lettre demandant ces contributions ne provient pas de la direction nationale de campagne qu’il dirige. Pourtant, elle est signée par le président de la commission finance qu’il a dans sa direction nationale de campagne. Veut-t-il dribler qui ? et mentir à qui ?

Cette contradiction est troublante et laisse penser que les autorités cherchent à financer le processus de manière peu transparente. En outre, le fait que Ngamana insiste sur le soutien du parti au pouvoir, le Mouvement Cœurs Unis (MCU), pour la collecte de ces contributions, laisse supposer une instrumentalisation politique de ce processus.

 

En un mot, l’interview d’Évariste Ngamana soulève de nombreuses questions quant à la pertinence et à la légitimité du projet de la nouvelle constitution en Centrafrique. Ses réponses évasives, contradictoires et dénuées de transparence témoignent d’un manque de respect envers le peuple centrafricain et soulèvent des doutes sur les véritables motivations de ce référendum. Il est essentiel que les citoyens centrafricains soient informés de manière claire et transparente sur les enjeux et le contenu de ce projet constitutionnel avant de prendre une décision aussi cruciale pour l’avenir de leur pays.

 

Par Alain Nzilo

Directeur de publications

 

Corbeaunews Centrafrique

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