Centrafrique/ Dossier Judiciaire : braquage d’un Commerçant, des magistrats et gendarmes déclarés coupables par la Justice.

Publié le 8 février 2017 , 4:19
Mis à jour le: 8 février 2017 4:21 am

Centrafrique / Dossier Judiciaire : braquage d’un Commerçant, des magistrats et gendarmes déclarés coupables par la Justice.

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Tribunal de Grande instance de Bangui. CopyrightCNC.
Tribunal de Grande instance de Bangui. CopyrightCNC.

 

Bangui, le 8 février 2017 10 :30′.

Par : Gisèle MOLOMA.

En Centrafrique, tout est possible. Un ministre de la République peut participer ou contribuer au braquage d’un particulier. Qui peut imaginer un seul instant qu’un Procureur de la République, Magistrat de premier rang, ou un Juge d’Instruction, magistrat chargé de mener une enquête judiciaire, pourraient être déclarés complices d’un acte assimilé au braquage des particuliers ? C’est exactement c’est ce qui est arrivé à un jeune commerçant de la ville de Bouar où des Gendarme, cautionnés par le Procureur de la République de Bouar et le Juge d’Instruction de la même ville, ont pris les soins de dépouiller ce pauvre de force. 6 millions de francs CFA de la victime ont été récupérés, et cette dernière, quant à elle, s’est retrouvée en prison de Ngaragba à Bangui puis relâchée. Incroyable, mais vrai. Que s’est-il passé ce jour ?

La victime s’appelle Olivier Houlami, âgé d’environ 26 ans, habitait à Bouar au moment des faits. Lors de l’une de nos discrètes enquêtes dans les locaux du tribunal de Grande Instance de Bangui, nous sommes tombés sur une décision du tribunal correctionnel de Bangui dont une copie est jointe dans cet article. Pour tenter de comprendre comment un magistrat digne de ce nom pourrait être cité dans une affaire de vol en bande organisée ? En remontant l’enquête jusqu’à Bouar, nous avons retrouvé la victime en personne. Malgré son état dépressif dû aux actes qu’il avait subi, l’homme nous a expliqué en détail sa mésaventure digne d’un film criminel. Comment il a pu se retrouver seul dans les gueules des loups pour être dévoré de la sorte ?

Histoire d’un Ouvrier qui se reconvertit au Commerçant à Bouar.

En 2010, Monsieur Olivier Houlami avait travaillé comme manœuvre chez SATOM, une Société des Travaux publics, pendant la période des travaux du bitumage de l’axe Bouar-Garouaboulaye. À la fin de ces travaux de route en 2012, la Société SATOM avait mis au chômage une bonne partie de ses manœuvres locales, avec un solde de  tout compte versé individuellement.

Avec cette somme, Monsieur Olivier Houlami avait jugé mieux de se reconvertir au commerçant dans sa ville natale de Bouar. Ainsi, le jeune homme avait investi dans le commerce des boissons d’une part et, d’autre part il avait acheté aussi un local qu’il l a transformé au dépôt locatif des diverses marchandises. Avec le fruit de son commerce, le jeune Olivier a pu amasser plus de 6 millions de francs CFA dont il avait pris les soins de les  cacher chez lui  à la maison.

En 2015, avec l’insécurité ambiante dans leur ville suite au déclenchement de la guerre civile de 2013, il est presque dangereux d’épargner une telle somme chez soi. Conseillé par son grand frère qui se trouve à Bangui, Monsieur Olivier Houlami avait résolument décidé de déposer cet argent à la Banque. Or, à cette époque aucune Banque dans Bouar n’avait ouvert ses portes. La solution, il faut descendre sur Bangui, avec tous les risques possibles en route. Alors, il avait décidé de voyager dans le convoi sécurisé par les troupes de Nations-Unies afin de minimiser  le risque d’un braquage quelconque en route. Là encore, il faut marcher plus loin  pour aller atteindre le lieu du convoi qui se trouve dans le camp militaire de Bouar. De toute façon, il faut prendre ce risque d’y aller.

Départ pour Bangui, le risque et le braquage en route.

Comme le lieu du départ se trouve à plus d’un kilomètre de son domicile et que le départ était prévu tôt le matin, le Sieur Houlami avait quitté son domicile vers 5h du matin pour atteindre le lieu. Malheureusement pour lui, il s’était retrouvé face à face avec  un groupe d’environ 4 hommes qui se disaient gendarmes auxiliaires. Après quelques questions posées à Olivier sur le but de son déplacement tôt le matin, ils l’ont conduit à la gendarmerie pour vérification.

Arrivant à la gendarmerie, les choses se compliquent pour le jeune homme. Les gendarmes, en fouillant son sac, Monsieur Houlami avait pris le temps de leur expliquer très rapidement qu’il a mis ses  6 millions exactement dans le sac. En écoutant ce montant, le Chef de poste avait ordonné la mise en écrou d’Olivier pour nécessité d’enquête.

Deux semaines passées sans évolution des choses, les Parents de Monsieur Houlami ont été informés de la situation compliquée de leur fils Olivier. Entre temps, les Gendarmes ont pris peur de la pression des notables de sa ville et remet le dossier d’Olivier au Tribunal de Grande Instance de Bouar avec cette somme de 6 millions de franc CFA. Tellement que l’affaire était devenue gênante pour tout le monde, le Procureur de la République de Bouar, le magistrat TOLINDO s’était rendu en personne à la gendarmerie pour négocier avec Olivier. Dans la négociation, le Procureur TOLINDO  propose à Olivier de lui remettre  seulement 2 millions sur les 6, car les 4 millions restants sont considérés comme des  frais Justice et il va sortir de la prison. Une proposition catégoriquement bottée en touche par la victime qui voit derrière celle-ci un chantage prémédité afin de confisquer son argent.

Malgré le vide total de son dossier, le jeune Olivier avait été transféré à Bangui et incarcéré à la Maison d’arrêt de Ngaragba dans laquelle il a passé des mois avant son procès.

Un procès de honte pour la Justice centrafricaine et la relaxe du Monsieur Houlami.

Plusieurs mois sous le verrou, voilà le jeune Olivier devant les Juges pour enfin s’expliquer.

Lors de son premier procès début 2016, le juge qui a constaté quelque chose de louche dans le dossier avait donné la parole à la victime transformée en présumée coupable. À seulement 5 minutes de son explication, tout le monde n’en revenait pas et un silence cathédral s’était installé dans la salle. Tellement que l’émotion de la salle d’audience était grande, le juge avait arrêté le procès pour une prochaine audience en attendant un complément d’information nécessaires. Finalement au second procès, Monsieur Olivier Houlami était libre.

Et les 6 millions, qui les ont empochés ?

C’est la question que tout le monde se la pose. Selon les gendarmes interrogsé et que CNC a pu contacter l’un d’eux, ils disaient remettre la totalité des 6 millions au Procureur de la République de Bouar. Tandis que ce dernier disait remettre une partie de cet argent au Juge d’instruction, le Magistrat Hassane  Come.  Or dans l’ordonnance du juge lors du procès d’Olivier, il a été bien mentionné que les 6 millions de la victime lui soient restitués. Or  Entre temps avec l’arrivée du Professeur TOUADERA au pouvoir, le Juge d’instruction de Bouar, le Magistrat Hassane  est nommé ministre du Commerce dans le Gouvernement Sarandji. Ce dernier, saisi de l’affaire, a simplement ordonné à son ministre de la Justice de régler très rapidement cette affaire. Depuis lors, rien. Le dossier est bloqué au niveau de l’Inspection de services judiciaires.

Et la victime ?

Après plusieurs mois passés sous les verrous, Monsieur Houlami Olivier, totalement déboussolé et en état dépressif, regagne sa ville natale de Bouar. Toutefois, son dossier est toujours suivi par son avocat et son frère aîné auprès des autorités actuelles afin qu’il puisse récupérer son argent volé.

Nous tenons à signaler que lors de notre enquête, nous avions tenté de joindre les magistrats mis en cause dans cette affaire, mais personne n’a voulu répondre à  nos demandes formulées. Seulement l’un des gendarmes présents le jour des faits nous a répondus.

Finalement à quoi sert un Magistrat de la République ? Voler, braquer, détourner et piller les pauvres citoyens dont ils sont sensés les protéger juridiquement ?

On voit tout dans ce pays où un Faussaire ou un braqueur officiellement reconnu et devenu ministre ? Où est la rupture promise aux Centrafricains ?

 

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