Centrafrique: Viols en Centrafrique : l’auteur du rapport de l’ONU raconte

Publié le 8 octobre 2015 , 7:35
Mis à jour le: 8 octobre 2015 7:35 am

(Corbeau News Centrafrique)

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Viols en Centrafrique : l’auteur du rapport de l’ONU raconte

 

Bangui, (FranceInfo ), 08-10-2010

 

Elle est la première à avoir recueilli les témoignages d’enfants disant avoir été violés par des militaires français en échange de nourriture. Gallianne Palayret, fonctionnaire de l’ONU, a rédigé l’an dernier un rapport accablant pour les soldats de l’opération Sangaris. La jeune femme révèle aujourd’hui à France Info que l’armée était au courant de ces accusations dès le mois de mai 2014.

“Prévenir tout abus futur”

Nous sommes en mars 2014. La jeune femme vient d’arriver à Bangui. Très vite, elle est alertée par une ONG qui travaille sur le camp de déplacés de M’Poko, près de l’aéroport. C’est là, lui dit-on, que des enfants auraient été violés par des soldats en échange de rations de nourriture. Accompagnée de personnel de l’Unicef, elle rencontre au total six garçons, âgés de 9 à 13 ans. Les faits lui semblent graves. Gallianne Palayret veut “prévenir tout abus futur”.

“Si ce que ces enfants me racontent est vrai – ce que je crois à l’époque et ce que je crois encore aujourd’hui, alors il faut tout faire pour éviter que ça continue”.

Avant même d’avoir terminé son enquête, l’humanitaire prend donc contact avec l’état-major de la force Sangaris, à Bangui. Nous sommes en mai 2014 : “Je leur ai indiqué les endroits où auraient été commis les faits, pour la plupart des check-points avec des sacs de sable derrière lesquels se cachaient les militaires, des sacs de sable plus hauts que la taille des enfants. Je leur ai demandé de mettre plus de contrôles à ces endroits et en général d’être attentifs à ce qui se passait dans le camp et autour du camp”.

Le “no comment” de l’Etat-major

En apparence, la jeune femme est entendue : “Ils m’ont prise très au sérieux, ils m’ont tout de suite dit qu’ils allaient informer Paris, mettre plus de patrouilles, et que si cela était avéré des sanctions seraient prises. Ils ont été très surpris, mais aussi très professionnels dans la réponse”.

Galliane Paleyret ne sait pas si les contrôles ont bien été mis en place. Elle ne sait pas si “Paris” a été mis au courant. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que l’armée n’a pas reconnu que cet entretien avait eu lieu et qu’elle était donc au courant de possibles viols dès le mois de mai 2014.

Avant même d’avoir terminé son enquête, l’humanitaire prend donc contact avec l’état-major de la force Sangaris, à Bangui. Nous sommes en mai 2014 : “Je leur ai indiqué les endroits où auraient été commis les faits, pour la plupart des check-points avec des sacs de sable derrière lesquels se cachaient les militaires, des sacs de sable plus hauts que la taille des enfants. Je leur ai demandé de mettre plus de contrôles à ces endroits et en général d’être attentifs à ce qui se passait dans le camp et autour du camp”.

Le “no comment” de l’Etat-major

En apparence, la jeune femme est entendue : “Ils m’ont prise très au sérieux, ils m’ont tout de suite dit qu’ils allaient informer Paris, mettre plus de patrouilles, et que si cela était avéré des sanctions seraient prises. Ils ont été très surpris, mais aussi très professionnels dans la réponse”.

Galliane Paleyret ne sait pas si les contrôles ont bien été mis en place. Elle ne sait pas si “Paris” a été mis au courant. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que l’armée n’a pas reconnu que cet entretien avait eu lieu et qu’elle était donc au courant de possibles viols dès le mois de mai 2014.

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Elle refuse aujourd’hui de confirmer ou d’infirmer les révélations de la fonctionnaire de l’ONU, de dire si l’entretien a bien eu lieu dès le mois de mai… Au siège de l’Etat-major des armées, contacté cette semaine à Paris, c’est “no comment”, on renvoie vers l’enquête en cours. A ce jour l’armée a seulement reconnu être informée en juillet 2014, grâce à une “fuite” du rapport de Galliane Palayrat.

Toujours pas entendue

Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire, des juges d’instruction ont été saisis, mais il a fallu attendre juillet 2015, pour que la gendarmerie prévôtale se déplace à Bangui, elle a pu entendre les enfants et filmer leur témoignage. Galliane Palayret, elle, n’a toujours pas été sollicitée : “Une demande a été faite à l’ONU afin de m’entendre. L’ONU, dans une lettre du 13 juillet, a autorisé la levée de mon immunité diplomatique, pour que je puisse être entendue par les autorités françaises, mais à ce jour (1er octobre 2015, ndlr) je n’ai encore reçu aucune convocation formelle”.

Un simple mail reçu la semaine dernière lui demande si elle a “prévu” de passer à Paris ces six prochains mois, ce qui permettrait éventuellement à la justice de l’entendre. Pas de convocation donc, mais une simple demande de renseignements.

Malgré tout, la justice avance

Les militaires qui ont été identifiés devraient être assez vite entendus par la justice, mais ce qui préoccupe Gallianne Palayret c’est qu’elle est repartie trop tôt pour pouvoir terminer son enquête :

“Ce rapport devait être continué. J’aurais pu interviewer encore 4 ou 5 enfants, et peut-être que d’autres noms auraient surgi de ces témoignages.”

Début septembre, le parquet de Paris a ouvert une nouvelle enquête préliminaire après d’autres accusations, celles d’une jeune fille qui dit être tombée enceinte après avoir été violée par un militaire de Sangaris. On ne sait pas si cette affaire s’est produite dans les mêmes circonstances que les précédents témoignages recueillis par Galliane Palayret. Mais cette fois-ci, la justice n’a mis que quelques jours pour réagir.

 

Bangui, FranceInfo

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