CENTRAFRIQUE : PAOUA, VILLE MARTYRE. SI LES FORCES ARMÉES CENTRAFRICAINES NE SONT PAS RAPIDEMENT DEPLOYÉES, D’AUTRES PAOUA SONT À CRAINDRE.

Publié le 17 janvier 2018 , 5:12
Mis à jour le: 17 janvier 2018 5:12 pm

CENTRAFRIQUE : PAOUA, VILLE MARTYRE.  SI LES FORCES ARMÉES CENTRAFRICAINES NE SONT PAS RAPIDEMENT DEPLOYÉES, D’AUTRES PAOUA SONT  À CRAINDRE.

 

 

 

L’autoproclamé Général Ahmat Bahar devant son domicile à Bétoko le 27 décembre 2017. Par AFP.

 

 

Bangui, le 18 janvier 2018.

Par : Joseph Akouissonne, CNC.

 

UNE VILLE MARTYRE

         

Ces derniers temps, Paoua est devenue une ville martyre. 300 morts environ en 24 heures. Des villages incendiés. Des viols. Des lieux de culte profanés. Des prêtres agressés. Des milliers d’habitants en fuite.

          Ce sont des barbares d’un autre temps qui, à Paoua, se livrent à des actes insoutenables. Ils éventrent des femmes à la machette. Des vieillards sont enfermés dans leurs maisons et brûlés vifs.

          La ville est livrée à la sauvagerie d’une sorte de « führer » local, le général autoproclamé Ahamat Bahar. Chef de guerre du groupe armé Mouvement National pour la libération de la Centrafrique (MNLC), il  affronte un autre groupe armé,  Révolution et Justice (RJ). Les conflits, effroyables, ont pour corollaire la détresse d’une population meurtrie, forcée de prendre la route incertaine de l’exil.

          Face à cette tragédie, le gouvernement, d’une impuissance abyssale, se mure à Bangui dans un mutisme inquiétant. Les cris de souffrance du peuple ne semblent atteindre ni les ministères, ni la présidence.  

 

L’URGENCE :  LE DÉPLOIEMENT DES FACAS

          On a appris, non sans satisfaction, l’engagement des États-Unis d’octroyer 7 milliards de FCA à la République Centrafricaine pour équiper ses Forces Armées (FACAS). De plus, comme dit le dicton, les bonnes nouvelles n’arrivent jamais seules : après la Russie, la France s’apprête à vendre des armes à la Centrafrique – du moins en a-t-elle demandé l’autorisation auprès de l’ONU.

          Est-ce la fin de l’ignominieux embargo qui a désarmé la République Centrafricaine et l’a livrée sans défense à des hordes de rebelles et de mercenaires sanguinaires ? On observe que, depuis les livraisons des armes russes, les séditieux sentent venir l’inévitable fin de leur incursion sanglante en Centrafrique. Dans les provinces qu’ils occupent encore, ils sont devenus enragés. La peur de comparaître devant la Cour Pénale Spéciale de Bangui les étreint et les aveugle. Elle les pousse à se livrer à des crimes contre l’humanité sans retenue, d’une barbarie inouïe.

          On dit que deux compagnies de combat des FACAS sont prêtes pour engager le fer avec les groupes d’ex-Sélékas qui se livrent à des massacres dans les provinces qu’ils occupent. Les armes russes n’ont pas équipé les soldats centrafricains pour qu’ils affrontent les factions sélékistes. Pourquoi la montée au front tarde-t-elle ?

          Il faut que le président Touadera et le gouvernement donnent des directives claires et vigoureuses à la MINUSCA et aux FACAS restructurées pour combattre les rebelles.

          Il faut abandonner les illusions d’un dialogue : les groupes armés n’en veulent pas. Il faut passer à l’offensive. Plus le temps passe, plus grandit la crainte de voir les hordes des bandes armées se rapprocher de Bangui la Capitale.

          Les massacres sans discernement des populations se précipitent, les périls vont crescendo, menaçant de plus en plus la souveraineté et l’unité de la République Centrafricaine. Son tissu social ébranlé risque d’être littéralement disloqué, le pays pouvant alors plonger dans le chaos.

          Il est confirmé, avec les tragiques événements de Paoua, que les rebelles ne veulent le pouvoir que pour s’absoudre de leurs crimes et demeurer impunis. Si les séditieux cherchaient vraiment la paix, comme ils le claironnent sans arrêt, ils accepteraient le désarmement sans conditions et rejoindraient le processus du DDRR.

          Désormais, à l’horizon se profile l’inévitable affrontement entre le pouvoir et les rebelles. Avec son terrible lot de victimes civiles collatérales.

Mais on peut encore agir. Si on réarme rapidement les FACAS restructurées avec les armes russes et si on les déploie rapidement, il est possible qu’une aube nouvelle, de paix et de réconciliation, se lève à l’horizon de la République Centrafricaine.

Hommage aux innocents martyrs de Paoua.

                                                                                                                                                                    JOSEPH AKOUISSONNE

(17 janvier 2018)

Monsieur Joseph Akouissonne, l’auteur de l’article.

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