CENTRAFRIQUE : AU KM 5, GROUPES D’AUTO-DEFENSE OU BANDITS ?

Publié le 22 décembre 2017 , 6:27
Mis à jour le: 22 décembre 2017 6:29 pm

CENTRAFRIQUE : AU KM 5, GROUPES DAUTO-DEFENSE OU BANDITS ?

 

 

 

 

Bangui, le 23 décembre 2017.

Par : Joseph Akouissonne, CNC.

 

PEUR SUR LA VILLE

          Depuis peu, tout un quartier de la capitale, le « KM 5 », est pris en otage par des malfrats qui terrorisent les habitants. Ce sont des bandes disparates de voyous qui profitent du

          Au départ, ils s’étaient constitués en groupes d’auto-défense pour, disaient-ils, « défendre la minorité musulmane ». En réalité, ce sont des bandits avides de gains. Ils ont commencé par proposer aux commerçants du quartier de les protéger, eux et leurs biens, moyennant rétribution. Mais les commerçants qui refusaient ont vite vu leurs étals saccagés. On les a menacés de mort, tandis que d’autres ont été sauvagement égorgés. Le tout, au nez et à la barbe des forces de la sécurité intérieure et de la police.

          Aujourd’hui, c’est peur sur la ville. Le KM 5 est transformé en une sorte de no man’s land. Le quartier se vide de ses habitants qui sont devenus des exilés de l’intérieur.

          Comment ne pas rester stupéfait devant la faiblesse de l’État face à de petits voyous ? Face aux diktats de chefs mafieux ? Est-ce qu’une descente de police un peu musclée n’aurait pas suffi à nettoyer le quartier ? On se demande comment le KM 5, symbole de la vie nocturne à Bangui, a pu tomber sous la coupe des bandits. Ils occupent déjà 80% du pays. Si on laisser se créer des zones de non-droit en plein cœur de la capitale, on court le risque de transformer le Km5 en sanctuaire pour les factions rebelles.

          Si l’Etat ne réussit pas à ramener la sécurité en mettant fin aux agissements criminels de ces bandits de grands chemins, l’avenir risque d’être extrêmement compliqué à gérer. Il ne faut pas laisser se créer des baronnies mafieuses dans un quartier symbolique comme le KM 5.

 

DES BANDES DE CRIMINELS  INSTRUMENTALISÉES  PAR DES POLITICIENS AVIDES DE POUVOIR ?

          La déstabilisation d’un pays peut aussi surgir de la manipulation d’un groupe de voyous désespérés par des forces obscures. Politiciens ratés, sans mandat, qui veulent s’emparer du pouvoir ? Puissances étrangères lorgnant sur les richesses naturelles de la République Centrafricaine ?

          Quelles que soient ces forces, il est urgent pour le Gouvernement de ne pas laisser tout un quartier de la capitale à la merci des gangsters.  En outre, il est intolérable, pour les services de la sécurité intérieure, de se laisser humilier par des Godobés d’un nouveau genre. Ceux de jadis se contentaient de petites rapines, ils ne massacraient pas la population.

          Les chefs de guerre autoproclamés du KM 5 sont en réalité les têtes de pont de certains groupes armés. Ce sont des combattants infiltrés pour préparer le terrain avant de passer à l’action le moment venu.

          Au KM 5, pour justifier leur sinistre besogne, les malfrats n’hésitent pas à exaspérer les sentiments confessionnels, prenant la défense des musulmans contre les chrétiens. Ce glissement vers la religion pour justifier les crimes est dangereux. Jusqu’à présent, il n’y avait pas d’affrontements confessionnels en Centrafrique. Ceux qui, depuis le début du chaos, tentent désespérément de faire croire à une guerre de religion, sont les partisans des califats.

          En outre, le KM 5 est un marché fructueux d’armes de tout calibre. Beaucoup viennent du Tchad et du Soudan, sans oublier celles issues des pillages des casernes de Bangui. Il est à craindre que certains fonctionnaires et militaires, véreux et corrompus, se livrent à ces trafics via le KM5.

          Il faut absolument enrayer le désordre qui sévit au KM 5. Il s’agit d’un problème d’insécurité, qu’il faut traiter avec détermination. Sinon, on peut craindre que ce quartier symbole, où chrétiens et musulma vivaient en harmonie, ne devienne une véritable poudrière.

                                                                                                                                     JOSEPH AKOUISSONNE

(22 décembre 2017)

 

Monsieur Joseph Akouissonne, l’auteur de l’article.

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