RCA : La manipulation, une longue tradition russe !

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Les mercenaires russes dans un véhicule de la gendarmerie centrafricaine dans une rue de la capitale de Bangui. Photo AFP.
 

 

Bangui (République centrafricaine ) – Après l’annexion de la Crimée, la guerre en Syrie et la volonté d’expansion en Afrique, la Russie donne l’impression d’avoir passé un cap en matière de manipulation de l’information. L’art de la désinformation ne date pas d’hier, il existe une véritable tradition de la propagande en Russie liée à une conception traditionnelle d’un état dit « policier » contrôlé au plus haut niveau par les services secrets. Jugez plutôt !

 

Sans remonter à Pierre le Grand, au début du XVIIIe siècle, la Russie a une longue tradition des services secrets. C’est d’ailleurs Sergueï Zoubatov, chef de la section spéciale de l’Okhrana entre 1902 et 1904, qui lance la création de toutes pièces de syndicats infiltrés par sa police secrète lui permettant d’inciter les ouvriers, alors préoccupés par les revendications sociales, à mettre en œuvre les premiers mouvements révolutionnaires.

Plus tard, la révolution permet aux Bolcheviks d’édifier un système totalitaire avec la mise en place d’une police politique hors d’atteinte du pouvoir judiciaire. En l’absence d’indépendance de la justice ou de liberté de la presse, les services secrets, qui ne font pas non plus l’objet de contrôle parlementaire, ont toute latitude pour manipuler les forces sociales et organiser les manipulations nécessaires pour assurer la réussite des objectifs du Kremlin.

La période soviétique fournit des précédents d’une ressemblance troublante avec des événements récents comme l’invasion de la Crimée par les forces spéciales sous les traits de mercenaires ukrainiens, reproduisant à l’identique la technique utilisée en 1924 à Stotpce, ville alors polonaise que des agents russes infiltrés avaient attaquée, déguisés en paysans biélorusses. Plus récemment encore, sous couvert d’une assistance militaire en Syrie, les soi-disant mercenaires privés russes mettent la main sur une partie de l’extraction pétrolière syrienne.

 

À l’heure de la télévision et de l’internet, la manipulation se révèle encore plus spectaculaire, en particulier dans le domaine politique. Le trucage des élections par manipulation deviendra la spécialité de la propagande russe.

Ainsi, la Russie instaure une surveillance accrue sur les médias traditionnels comme sur les acteurs d’Internet par la création de journaux, de radios, de sites Internet, tous acquis à la cause. Les contenus jugés hostiles au pouvoir sont bloqués. Saint-Pétersbourg devient la nouvelle capitale de la propagande russe avec ses désormais célèbres « usines à trolls », et ses plus de six-cents (600) spécialistes chargés de mettre en œuvre la manipulation des masses sur Internet. Ce sont ces usines à trolls qui sont accusées d’avoir cherché à fausser le résultat des élections présidentielles américaines de 2016.

Ces exemples concrets montrent le processus et la logistique des organes de la propagande russe pour manipuler les médias et les opinions publiques étrangères dans un sens qui lui est favorable. Il confirme que toute information mettant en avant la Russie doit être prise avec beaucoup de précaution et que tout article maladroitement traduit dans nos journaux a toutes les chances de provenir d’une fabrique russe de fausses informations. La précarité est le terrain favori des manipulateurs de la Volga. Ils n’hésitent pas à payer de pseudos journalistes pour diffuser des articles incitant à la haine de leurs concurrents ou à financer les médias qui diffusent sans déontologie leur propagande.

 

La stratégie de manipulation de la fédération de Russie en République centrafricaine a été évoquée dernièrement par le sous-secrétaire d’État américain aux affaires africaines lors de sa visite à Bangui comme étant une menace pour la stabilité du pays ou encore par son homologue du conseil de sécurité des Nations Unis à l’issue du vote concernant l’assouplissement de l’embargo sur les armes. La Russie joue un jeu dangereux au pays de la rumeur car en entretenant un climat de suspicions, de complots occidentaux et autres manigances incitant à la violence pour camoufler leurs véritables intentions expansionnistes, le risque est grand en cette période pré-électorale d’enflammer le Centrafrique et de faire fuir les véritables partenaires qui soutiennent la démocratie et le retour définitif de la paix.

 

Comment lutter alors contre la manipulation experte de la Russie ? Il faut que les acteurs consciencieux de nos médias se mobilisent contre ces procédés de manipulation des masses et former la population à détecter ce genre de supercheries propagandistes !

Le schéma est bien rôdé : il s’agit d’appliquer un discours simpliste compréhensible du plus grand nombre désignant des « groupes rebelles » soutenus par des nations étrangères principalement occidentales en lutte pour déstabiliser le pays contre le gouvernement central. On fait briller tout ce qui est russe, on ternit tout ce qui ne l’est pas et s’il le faut on élimine les lanceurs d’alerte et les journalistes gênants même si ces derniers sont russes.

L’infiltration des mercenaires de Wagner sous les traits d’instructeurs FACA rappelle bizarrement l’invasion de la Crimée et la stratégie en Syrie pour soutirer les richesses en toute discrétion pendant que l’on montre du doigt les méchants occidentaux. Écoutez bien la rumeur de la voix de Moscou, lisez avec attention les messages de Saint-Pétersbourg et demandez-vous pourquoi la République centrafricaine fait l’objet de toutes les attentions de cette longue tradition de manipulation russe.

Il est temps d’ouvrir les yeux car nous sommes déjà au pied du mur !

 

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