Le Procès Controversé, L’ONG ‘The Sentry’ dans le Collimateur du Ministre de la justice Abazène  

Publié le 28 juillet 2023 , 7:30
Mis à jour le: 28 juillet 2023 4:27 pm

Le Procès Controversé, L’ONG ‘The Sentry’ dans le Collimateur du Ministre de la justice Abazène  

 

Le ministre d'État en charge de la justice Arnaud Djoubaye Abazene copyright CNC
Le ministre d’État en charge de la justice Arnaud Djoubaye Abazene. copyright CNC

 

 

Bangui, 29 juillet 2023 (CNC) – L’audience au Tribunal de Grande Instance de Bangui, qui s’est déroulée jeudi, a dévoilé un épisode troublant de la justice centrafricaine : le ministre d’État Arnaud Djoubaye Abazène a intenté une procédure de citation directe contre l’ONG américaine “The Sentry” pour diffamation, suite à la publication d’un rapport intitulé “Architecture de terreur: comment le groupe Wagner renforce son empire sur l’État Centrafricain”. Cette action en justice a abouti à une requête de 500.000 FCFA d’amende de la part du procureur, une demande aussi absurde qu’inquiétante.

 

Le rapport de “The Sentry” avait dépeint une réalité dérangeante, exposant le rôle présumé du groupe Wagner dans des atrocités et des crimes de masse perpétrés en Centrafrique. Au lieu de se concentrer sur les accusations portées par le rapport et d’ouvrir une enquête approfondie sur ces allégations, le ministre d’État a préféré adopter une approche répressive pour réduire au silence les voix critiques. En poursuivant “The Sentry” pour diffamation, le ministre semble essayer d’étouffer la liberté d’expression et le droit des organisations de défense des droits de l’homme à enquêter et à rapporter sur des questions importantes.

 

Il est crucial de souligner que les organisations comme “The Sentry” jouent un rôle essentiel dans la dénonciation des violations des droits de l’homme et de la corruption. Leurs rapports rigoureux et documentés contribuent à sensibiliser le public et à inciter les gouvernements à agir pour protéger les droits des citoyens. En entravant leur travail, le ministre centrafricain de la justice envoie un message alarmant : les voix dissidentes seront muselées, et la vérité sera étouffée.

 

Les accusations portées par l’avocat du ministre d’État semblent fragiles et conçues pour détourner l’attention des problèmes fondamentaux soulevés dans le rapport de “The Sentry”. Demander à l’ONG de fournir des preuves d’incrimination dans les atrocités et les crimes de masse est un piège habilement tendu. Ces organisations n’ont pas le pouvoir d’effectuer des enquêtes criminelles approfondies, et c’est précisément le rôle des autorités judiciaires et policières de le faire. En utilisant cette tactique, le ministre cherche à discréditer l’ONG et à se dérober aux questions difficiles qu’il devrait affronter en tant que représentant du gouvernement.

 

Ce procès révèle également une dérive inquiétante vers l’intimidation et la censure dans le pays. La liberté d’expression est un pilier fondamental de toute société démocratique, et sa protection est cruciale pour permettre aux citoyens de s’exprimer librement et d’exiger des comptes aux dirigeants. En s’en prenant à “The Sentry”, le ministre d’État envoie un message désastreux à tous ceux qui oseraient remettre en question le pouvoir en place.

 

Rappelons que le procès contre “The Sentry” est un triste exemple de l’utilisation abusive du système judiciaire pour étouffer les critiques et dissimuler la vérité. Au lieu de se concentrer sur les allégations graves portées par le rapport, le gouvernement centrafricain devrait prendre ces accusations au sérieux et mener une enquête indépendante et impartiale. La poursuite en diffamation doit être abandonnée, et la liberté d’expression et le droit des organisations de défense des droits de l’homme à enquêter et à informer doivent être protégés.

 

Le délibéré prévu pour le 10 août 2023 offre une opportunité cruciale au tribunal de montrer son indépendance et son engagement envers la justice. Le monde surveille attentivement cette affaire et espère que la sagesse prévaudra, car il en va de la crédibilité et de la légitimité du système judiciaire centrafricain.

 

Par Gisèle MOLOMA

 

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