CENTRAFRIQUE : UN GÉNOCIDE ?

Publié le 12 août 2017 , 6:37
Mis à jour le: 12 août 2017 6:37 pm

CENTRAFRIQUE : UN GÉNOCIDE ?

 

Les miliciens Anti-Balaka
Les miliciens Anti-Balaka

 

 

Bangui, le 13 août 2017.

Par : Joseph Akouissonne, CNC.

 

« AUX 45 MARTYRS DE GAMBO »

                                                                           

INDIFFÉRENCE CHOQUANTE DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE

 

          Les déclarations d’Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU, qui redoute un génocide en République Centrafricaine, sont justifiées. Malheureusement, elles viennent un peu tard. Dans l’arrière-pays, les tueries, planifiées et froidement exécutées par les bandes armées, sont déjà des génocides, organisés au nom de l’appartenance confessionnelle.

          Voilà plus de trois ans que ces crimes contre l’humanité sont perpétrés dans une indifférence quasi générale. Les puissances occidentales et, surtout, la France, ancienne puissance coloniale, de même que les autorités centrafricaines, semblent totalement incapables d’empêcher ce génocide qui ne dit pas son nom. Ce qui se passe en Centrafrique depuis toutes ces années est une lutte à mort entre chrétiens, animistes et musulmans.

          Jusqu’alors, ceux qui s’entre-tuent vivaient en parfaite harmonie et fraternité. Il a fallu l’intrusion d’éléments exogènes, avides de matières premières, pour monter les communautés les uns contre les autres. Les chefs de ces bandits de grands chemins sont clairement identifiés. Leurs commanditaires aussi. Si les forces internationales qui interviennent en Centrafrique le voulaient, nous n’en serions pas là aujourd’hui, à crier au génocide.

 

LES AMBIGUÏTÉS DE LA MINUSCA

La MINUSCA et le gouvernement de la Transition de Catherine Samba-Panza ont, soit par naïveté, soit par calcul, installé à Bambari Ali Darass, le Nigérien. Replié sur Bangassou, ce terroriste violent a, depuis, mis le feu partout. Les actes de barbarie sur les personnes ont succédé sans discontinuer aux profanations des lieux de cultes chrétiens.

          Le dernier massacre qu’il a perpétré avec ses mercenaires a eu lieu à Gambo, près de Bangassou. Le député, Michel Kpingo, témoigne : « tout a commencé samedi lorsque les éléments du contingent marocain de la MINUSCA sont entrés dans la ville de Gambo pour s’installer dans l’église catholique. Vers 14 heures, les éléments de « l’Unité pour la Paix en Centrafrique » d’Ali Darass sont entrés à leur tour dans la ville et ont commencé immédiatement leurs sinistres besognes. Femmes et enfants ont été égorgés, y compris ceux qui s’étaient réfugiés au Centre de Santé, ainsi que le personnel de la Croix Rouge locale, venu porter secours aux blessés et ramasser les cadavres. »  

          Bilan : 40 morts et des centaines de blessés. Le député de Gambo n’a pas hésité à accuser la MINUSCA d’être derrière cette violence. (Information rapportée par notre confrère Frédéric Krock, du journal en ligne Corbeau News).

 

SIGNATURE D’UN PACTE DIABOLIQUE ENTRE LES REBELLES ET LA MINUSCA, LES AUTORITÉS CENTRAFRICAINES ET LA FRANCE SUR LE DOS DES CENTRAFRICAINS ?

Depuis le début du chaos sanglant, les rebelles n’ont pas dissimulé leurs sinistres intentions : prendre le pouvoir à Bangui et, par la suite, convertir les 95% de chrétiens et d’animistes en musulmans salafiste. Heureusement que des patriotes centrafricains se sont dressés pour les empêcher d’accomplir leur sinistre besogne.

          Il faut rappeler, en effet, qu’au départ, les Antibalakas étaient des patriotes résistants. Si les Sélékas et leurs mercenaires ont fui Bangui pour l’arrière-pays, c’est bien grâce aux Antibalakas. Il ne faut jamais perdre de vue le rôle capital qu’ils ont joué.

          Mais c’est la France qui a une responsabilité particulière dans le pays, depuis l’époque où il était encore l’Oubangui-Chari. Elle doit s’interroger sur le génocide en cours. On ne nous empêchera pas de nous interroger à juste titre sur les Sélékas, qui massacrent les Centrafricains en toute impunité. Ces barbares d’un autre temps semblent avoir bénéficié, depuis 2013, de la complicité passive de la France et des autorités centrafricaines. Comment expliquer sinon qu’elles les ont laissé se replier dans l’arrière-pays sans les désarmer, ni arrêter leurs chefs ? La MINUSCA soutient-elle la minorité musulmane des salafistes ? En tout cas, l’impression qui prévaut chez les Centrafricains est que les Casque bleus des pays de confession musulmane appuieraient les Sélékas face aux Antibalakas. Les Marocains, en particulier, ont été fortement mis en cause par les habitants de Bangassou après les odieux massacres qui viennent de se produire. Toutes ces ambiguïtés qui pèsent sur le rôle de la MINUSCA devront, à tout prix, être levées.

 

APRÈS LE CHAOS, LA RECONSTRUCTION ?

          Tout n’est pas perdu. La République Centrafricaine saura renaître de ses cendres.

          Mais, pour qu’elle y parvienne, il faut, dès à présent, que les autorités centrafricaines et leurs tuteurs entrent véritablement en guerre contre les bandes rebelles. Le temps des déclarations lénifiantes est désormais caduc. Les autorités centrafricaines doivent tenir aux rebelles un langage de fermeté et faire montre de courage politique. Il faut que tous redeviennent des patriotes, de façon à faire vivre le précepte de Barthélémy Boganda, père de la Nation : « c’est tous ensemble que nous bâtirons la République Centrafricaine. »

                                                                                                                               

 

JOSEPH AKOUISSONNE

(12 août 2017)

 

 

Monsieur Joseph Akouissonne. Auteur de l'article.
Monsieur Joseph Akouissonne. Auteur de l’article.

                       

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