Centrafrique : Table ronde de Bruxelles, 2,2 milliards de dollars de promesse. Qu’en est-il de remboursement ?

Publié le 23 novembre 2016 , 5:55
Mis à jour le: 23 novembre 2016 5:55 am

Centrafrique : Table ronde de Bruxelles, 2,2 milliards de dollars de promesse. Qu’en est-il  de remboursement ?

FAMILLE  BRUXELLES 2

Bangui, le 23 novembre 2016. 10:43′.

Par: Gisèle MOLOMA.

Un seul chiffre dans la tête des Centrafricains, 2,2 milliards de dollars soit près de 1 300 milliards de franc CFA. C’est le montant de la promesse faite jeudi dernier 17 Novembre à Bruxelles par les Bailleurs de fonds lors de la quatrième table ronde organisée par l’Union Européenne et le système des Nations-Unies en collaboration avec le Gouvernement Centrafricain. Malgré la réussite plus en moins à 100% de cette rencontre de Bruxelles, des nombreuses zones d’ombre subsistent notamment sur la forme et les priorités, voir les conditions exigées pour le versement effectif de cette manne financière. Mais le principal doute des Centrafricains aujourd’hui, qui va rembourser cette colossale somme d’argent ?

Organisée le 17 novembre dernier sur initiative du G8 en République Centrafricaine et en collaboration avec les nouvelles autorités de de la République Centrafricaine, la Table Ronde de Bruxelles a été pour le Gouvernement et le président Faustin Archange TOUADÉRA, non seulement un point de départ important de son quinquennat, mais vue aussi comme une marque de confiance de la Communauté Internationale vis à vis de sa politique intérieure. Or, certains Centrafricains éclairés ou plus réservés s’inquiètent de certains points jusque-là restés moins médiatisés. D’ailleurs, si on essaie de revoir comment cette conférence des Bailleurs a été organisée, on comprend très vite comment la Communauté Internationale tente par tous les moyens de nous enfoncer.

De la guerre civile aux élections.

Depuis le déclenchement des hostilités par la coalition Séléka en 2012 et leur prise du pouvoir en mars 2013, la République Centrafricaine s’est retrouvée au cœur d’une guerre civile sanglante flottant le génocide qui a, non seulement détruit totalement ses tissus économiques, mais aussi affaibli ses Institutions nécessaires au fonctionnement d’un État normal et indépendant. Grâce à l’action diligente de sa mère colonisatrice, la France, la Communauté Internationale, à travers les Nations-Unies, avait porté secours à ce pays en guerre fratricide pour sauver ce qui peut être sauvé.

En commençant par les interventions de l’armée française, puis des Forces des Nations-Unies en remplacement des celles de l’Union Africaine déjà en place, la Communauté Internationale avait largement contribué à la stabilisation de ce pays à travers tous les moyens logistiques, financiers et humanitaires. Le seul bémol, tous ces appuis sont très coûteux pour cette Communauté Internationale et par conséquent, il lui faut chercher d’autres moyens légaux de déplacer la charge, autrement dit de faire porter les fardeaux par tête aux Centrafricains eux même.  Pour assoir leur projet, il faut une Institution dite « légitime ». C’est ce qui a précipité l’organisation d’une « élection d’à peu près» validant au passage et dans la précipitation la victoire du président TOUADERA comme Chef de l’Etat et de certains candidats comme députés à l’Assemblée nationale. Les restes des Institutions prévues dans la Constitution pour être mises en place afin que la Centrafrique forme un Etat démocratique, ne les intéressent peu.

Des nouvelles Institutions, poussées à la conférence de Bruxelles.

Très endettée sur leur propre compte et certains Etats sur leurs propres contribuables, la Communauté internationale a été pressée de remettre sur la tête des centrafricains, ces fardeaux et de se débarrasser de ce bourbier humain. D’où l’idée de presser ces nouvelles Institutions issues des dernières élections de 2015-2016 ; l’Exécutif et l’Assemblée nationale à se rendre à la table ronde dont la date a été fixée unilatéralement le 17 Novembre. Elle mettait, à ce titre, des pressions sur ces nouvelles autorités, mises devant le fait accompli et qui ne comprenaient rien du tout de la situation du pays, à l’assister à cette conférence consacrée exclusivement à la collecte des fonds destinés à la relance des activités économiques, judiciaires, socio-éducative et sécuritaires du pays et à sa seule charge de rembourser.

Selon l’analyse faite par un économiste, la situation sécuritaire de la Centrafrique entrainant la destruction de tous les tissus économiques créant ainsi un environnement très hostile aux affaires, ne peut permettre à aucune Institution financières tant nationale qu’internationale de prêter de l’argent à ce pays pour ses activités d’urgence, surtout à un taux aussi bas que le taux normal. D’où la nécessité d’organiser très rapidement cette conférence des Bailleurs dits donateurs dans une autre langue. Nous a endoctriné cet économiste.

D’après notre économiste, cette conférence ne vise pas à donner gratuitement de l’argent aux Centrafricains, mais plutôt à lui prêter de l’argent à un taux préférentiel avoisinant parfois 1%. D’où le subterfuge du mot « donateur ». Ces donateurs, dans la réalité, ne sont pas autres que ceux qui font du commerce d’argent à un taux pouvant atteindre 15% en temps normal tels que la Banque Mondiale, le FMI, l’OCDE, IDA etc. D’autres, sont des Etats qui convoitent leurs intérêts tels que : la Chine, la France, les USA, l’Allemagne, l’Inde. Et pour ce faire, il faut placer celui qu’on aime pour recevoir et gérer. La France, selon nos infos, a pesé.

D’après nos informations, autant des conditions ont été mises sur la table et des priorités à nouveau clairement orienté par ces bailleurs avant que les documents les prêts soient signés. Entre autres priorités, l’action humanitaire au détriment de relèvement du Gouvernement ? Et les conditions : le profil du nouveau comptable centrafricain des fonds en l’occurrence le premier Ministre. Il doit être un homme politique connu, maitrisant l’orthodoxie financière et jouissant d’une intégrité jamais égalé.

Pourquoi une telle exigence ?

Selon notre économiste, c’est la quatrième fois que la Centrafrique fait recours à ce genre de prêt pour relancer son économie. Mais une fois la promesse donnée, personne n’est en mesure de suivre le dossier pour avoir ces prêts. Pour certains prêts consentis directement et décaissés, aucune action concrète et palpable n’est réalisée avec ces fonds. Tous ces fonds se sont retrouvés sur les comptes de certains dirigeants et d’autres ont pignon sur rue avec cet argent. Vous donnez l’impression de demander au nom de votre peuple, mais une fois reçu, vous ne les dépensez que pour vous-même. Poursuit notre économiste. En plus de cela, les échéances de remboursement, on remarque que personne dans le pays n’y pense. A conclu notre économiste.

Ce qui est réel, aucun de ces prêts contracté par le régime BOZIZE n’ont jusqu’ici remboursés aux donateurs.

S’il y’a, certes, un décalage entre la promesse des donateurs et le versement effectif de ces fonds, ce qui est sûr à ce jour, certains décaissements ont fait de la République centrafricaine le premier pays au monde le plus surendetté. 1800 milliards de F CAF de dette à ce jour. D’où l’obligation pour ces bailleurs de mettre les puces aux oreilles.

Si la conférence des donateurs du Mali prévoit une somme à part pour la reconstruction de la Région du Nord occupée par des Touaregs, pour la Centrafrique, elle ouvre une autre crise du moment où rien n’a été défini pour la reconstruction de la Région, par hasard de circonstance, Nord aussi, occupée par la Séléka et longtemps oubliée depuis l’Independence en 1960 jusqu’à l’insurrection.

Dorénavant, la Centrafrique va se gérer elle-même à partir de 2017. Fini le paiement gratuit des salaires par le FMI, Finies aussi les réformes de l’armée centrafricaine très coûteuses et gratuites par les l’Union Européenne. L’agent endetté est là, toutes dépenses seront remboursées par cet argent. Pour le bien du pays, la bonne gestion devient presqu’une obligation.

Copyright CNC @2016.

 

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