Centrafrique : Pourquoi la Minusca torpille-t-elle l’économie du pays?

Publié le 18 août 2017 , 7:28
Mis à jour le: 18 août 2017 7:28 pm

Centrafrique : Pourquoi la Minusca torpille-t-elle l’économie du pays?

Patrouille de la MINUSCA dans un quartier de Bangui

Bangui, le 19 août 2017.

Par : Gisèle MOLOMA, CNC.

La Mission Multidimensionnelle des Nations-Unies en Centrafrique (Minusca), créée en avril 2014 par une Résolution du Conseil de sécurité des Nations-Unies, est l’une des plus importantes missions de l’ONU dans le monde. Avec un effectif de plus de 12 700 membres, la Minusca est aussi une mission qui grève le budget de l’ONU. En Centrafrique, elle est devenue une entreprise qui  alimente les freins à son développement. Pourquoi n’a-t-elle pas contribué à la croissance économique de la RCA ? Enquêtes exclusives CNC.

C’est la question que tout le monde se la pose depuis un certain temps à Bangui. Avec un budget colossal avoisinant le triple de celui de la République centrafricaine, la Mission Multidimensionnelle des Nations-Unies en Centrafrique – Minusca – est l’une des cinq premières missions de l’ONU au monde a avoir un budget qui dépasse la moitié d’un milliard. Cette mission de l’ONU en Centrafrique, bien que budgétivore, ne contribue pas à la croissance économique de son pays d’accueil. Mais pourquoi et comment la Minusca arrive à peser négativement dans l’économie du pays ?

D’après une enquête réalisée par une équipe de notre rédaction depuis plusieurs mois auprès de cette Institution onusienne, la MINUSCA, avec son budget colossal, entretient une dynamique négative dans la croissance économique du pays. En cause, les importations dans tous les azimuts et au sens dessus dessous. « C’est d’après leur Convention d’établissement » a fait savoir un juriste contacté par l’équipe CNC de l’enquête.

D’après les constats établis par l’équipe de l’enquête, la MINUSCA importe tous et toutes. De leurs véhicules jusqu’aux repas du soir, en passant par de l’eau potable, tous viennent de l’extérieur de Centrafrique alors que certains de ces produits sont aussi produits localement dans le pays. Les salades, tomates, concombres, choux, carottes pour leurs desserts, sont tous importés.

« Piments et tomates Minusca » crient des commerçants ambulants dans les endroits fréquentés à Bangui.

Plus étonnant et incompréhensible, les diverses eaux potables, Obangui, la Vie et autres, produites par les Libanais ne font pas parties des consommables de la MINUSCA. « Ils refusent systématiquement de boire ou même de voir ces bouteilles d’eau sur leurs tables ».  Nous a fait savoir, sous l’anonymat, une ménagère de la MINUSCA.

« La MINUSCA n’est pas en Centrafrique pour relancer la croissance de ce pays. Pour preuve, elle a ouvert son propre supermarché où elle vend tout et hors taxes à ses propres employés expatriés ». Renchérit un commerçant libanais.

Au sujet de ce supermarché, notre équipe a pu toucher le bâtiment sans être autorisée à y pénétrer. Motifs invoqués de blocage d’après les vigiles, « leurs badges ne leur confèrent pas le droit d’entrée ».  

Même le marché des transports et logistique de la MINUSCA est souvent attribué aux sociétés étrangères que centrafricaines.

Pourquoi la Minusca adopte un tel comportement ?

De l’avis d’un économiste centrafricain contacté par CNC, il y a manifestement d’une part, une volonté manifeste de la part des chefs de la MINUSCA de nuire à l’économie de la RCA et d’autre part, la méconnaissance des raisons qui poussent les jeunes à utiliser les armes comme moyen de quoi à survivre.

D’après cet économiste, « Combien coûtera à la MINUSCA, en termes de perte, d’éjecter une partie de son budget dans des projets des cultures maraîchères pour occuper les jeunes et les ex- combattants démobilisés ? ».

Pour notre l’interlocuteur, il y’a énormément des jeunes aujourd’hui, à travers le pays, qui ne veulent plus supporter le lourd fardeau de la misère ou de la pauvreté qui rabaisse leur espérance de vie. Que la MINUSCA peut, eu égard à son budget trois fois plus que celui de son pays hôte, mieux faire pour sortir le plus grand nombre de ces jeunes du joug de la misère du moment l’État n’a pas les moyens de les faire.

Mais que fait la Minusca ?

Difficile d’y voir clair dans cette Institution maçonnique. De plus en plus, des Centrafricains sont assez nombreux à être convaincus que la présence de la MINUSCA dans leur pays n’est pas pour le stabiliser comme ils le disent, mais pour l’exploiter autrement.

« Même les soudeurs, les portiers, les cuisiniers sont aussi importés » ironise un garagiste centrafricain. « C’est troublant » conclut-il.

Pour un expert onusien contacté par CNC, « si la Centrafrique reste enfoncée dans la misère, c’est dû à une insuffisance de son capital humain. Plus, elle compte moins des cadres techniques que administratifs en âge d’inventivité, 40-50 ans, plus elle  est comme l’eau qui dort ou comme un gamin qui navigue en eau trouble »

Certes, des gens se méfient de l’eau qui dort. Et le gouvernement ne doit jamais se comporter comme tel. Il doit demander au conseil de sécurité des Nations-Unies des explications claires sur les vraies raisons de la présence de sa mission en RCA et à l’occasion, réviser la Convention d’établissement qu’il a pu signer avec la MINUSCA. Jamais, aucun pays au monde n’accorde des tels avantages fiscaux aux missions et agences des Nations-Unies sur leur territoire.

Pour rappel, la MINUSCA a été créée le 10 avril 2014 par la Résolution 2149 du Conseil de sécurité des Nations-Unies. Elle compte environ 13 407 membres civils et militaires. Environ 12 349 membres du personnel en uniforme, et 1 050 civils dont 447 nationaux contre 611 expatriés. Contrairement à la MONUSCO en RD Congo qui compte 795 expatriés contre 2 523 nationaux. De quoi à croire aux affirmations selon lesquelles le pays manque réellement un capital humain pour booster son développement.

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