Centrafrique :’ Karim Meckassoua entre obus et mortiers

Publié le 7 septembre 2018 , 3:27
Mis à jour le: 7 septembre 2018 3:27 pm

 

 

Centrafrique :’ Karim Meckassoua entre obus et mortiers

 

 

 

Plusieurs fois attaqué par le Président Faustin Archange Touadera et son équipe de propagande, le président de l’Assemblée nationale Abdoul Karim Meckassoua fait désormais face à un autre front de guéguerre ouverte dans les couloirs du pouvoir judiciaire. Dans une affaire de limogeage, le pouvoir judiciaire de Touadera, à travers son tribunal administratif, vient de s’immiscer dans le conflit opposant Faustin Archange Touadera du pouvoir exécutif à son ex-ami Abdoul Karim Meckassoua du pouvoir législatif. Une véritable forfaiture pour montrer à Touadera que la justice est sous son ordre.

C’est dans une affaire de limogeage que les juges et Accesseurs du tribunal administratif de Bangui montrent à quel point le pouvoir judiciaire en Centrafrique est sous l’ordre du pouvoir exécutif. La notion de séparation des pouvoirs n’est pas centrafricaine.

Par un arrêté numéro 004 du18 janvier 2018, portant nomination ou confirmation des personnalités au cabinet de la présidence de l’Assemblée nationale et signée par son président Abdoul Karim Meckassoua, Madame Agnès DEKONO née BEKANDJI a été nommée chargée de Mission Genre. Six mois après, elle est relevée de sa fonction par ce même président de l’Assemblée nationale Abdoul Karim Meckassoua.

Furieuse de son limogeage, elle saisit le 03 aout, le tribunal administratif pour excès de pouvoir. Contre toute attente, ce tribunal administratif s’est déclaré compétant et ordonne l’annulation de l’arrêté relevant Madame Agnès DEKONO née BEKANDJI de son poste.

Pour un avocat contacté par CNC, la décision des juges du tribunal administratif n’est autre qu’une expression populaire des jactances populistes et désespérées du président Touadera et sa famille politique.

« Les fonctions dans les cabinets sont politiques. Elles ne sont pas ouvertes à un concours pour que les juges apprécient la légalité de licenciement. C’est une véritable forfaiture, une décision partisane pour exprimer la jactance du Chef de l’État. Malheureusement, elle remet en cause le principe de séparation des pouvoirs qui interdit aux juges administratifs de connaitre de la légalité des décisions de nominations des personnalités à un poste quelconque », poursuit-il.

« Par référence au principe de séparation des pouvoirs, le juge administratif est certes, compétent, pour connaitre de la légalité des décisions de passation des marchés conclus par les services de l’Assemblée nationale. Mais dans la saisine de Madame Dekono, il n’était pas question de son marché conclu avec le PAM. À mon humble avis, les juges, dans cette affaire, ont montré leurs limites », avance un autre avocat contacté dans la foulée par CNC.

D’après nos informations, plusieurs personnalités nommées et demies de leur fonction saisiront ce même tribunal administratif dans sa composition actuelle afin de demander l’annulation de leur décret de révocation. En tête, Ousmane Mahamat Ousman ancien conseillé personnel de Touadera limogé dernièrement par le chef de l’État.

Bizarrement, des centaines des dossiers qui dorment encore depuis plusieurs années dans les placards du tribunal administratif ne sont pas encore traités par les juges, mais avec celui de madame Agnès DEKONO, née BEKANDJI, ce tribunal semble se réveillé et le traiter en un temps record.

Devant les mortiers du Président Faustin Archange Touadera, Abdoul Karim Meckassoua a désormais son dos devant un obus judiciaire. La prochaine rentrée parlementaire montre déjà ses couleurs.

Affaire à suivre

 

Bangui, Gisèle Moloma pour CNC.

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