Présence de l’État Islamique en RDC, quelles conséquences pour la Centrafrique ?

Des combattants de l’État islamique en Irak lors de leur entrainement. AFP/VOA

 

Bangui, République centrafricaine, vendredi, 19 mars  2021, 05:25:52 ( Corbeaunews-Centrafrique ). La semaine dernière, l’Université américaine George Washington a publié un rapport sur la présence de l’Etat Islamique (aussi appelé « Daesh ») en Afrique Centrale.

 

En effet, depuis sa défaite en Irak et en Syrie, Daesh cherche à survivre et à ouvrir de nouvelles branches, notamment en Afrique.
Dans le même temps, les Etats-Unis ont placé, le 11 mars, le groupe des « Allied Democratic Forces » (ADF) sur la liste des groupes terroristes affiliés à l’Etat Islamique.

Une montée en puissance de l’Etat islamique en RDC
Selon le rapport, la République Démocratique du Congo constitue la porte d’entrée de l’organisation terroriste en Afrique Centrale. En effet, depuis 2018, la branche locale de Daesh a été reconnue comme une « province officielle de l’Etat Islamique » sous le nom « Islamic State’s Central Africa Province » (ISCAP).
Pour permettre cette extension territoriale, Daesh a noué depuis 2017 des relations avec le groupe rebelle ougandais « Allied Democratic Forces » (ADF). Ce groupe, dirigé par Seka Musa Baluku, est présent en Ouganda ainsi qu’en RDC où il est accusé d’avoir causé la mort de plus de 800 civils en 2020.
En ayant accepté l’allégeance de l’ADF, l’Etat Islamique cherche à donner l’impression qu’il poursuit son expansion, à moindre frais pour l’organisation terroriste internationale. Pour l’ADF, cette affiliation permet de profiter de la capacité de propagande de Daesh. Avec cette visibilité, la RDC pourrait devenir un lieu de plus en plus attrayant pour les combattants des pays voisins, voire venant d’autres pays encore plus éloignés.

Un risque d’expansion limité en Centrafrique
La porosité des frontières facilitant le passage des djihadistes de l’ADF ainsi que l’instabilité générale de la RDC font peser un risque sur les pays voisins, dont fait partie la RCA.
Comme l’indique le rapport : « les conséquences désastreuses des deux premières guerres de la République démocratique Congo – qui ont commencé dans l’est de la RDC, ont entraîné cinq pays voisins et auraient tué des millions de personnes, principalement à cause des maladies et de la famine – ce qui se passe au Nord-Kivu peut avoir des conséquences considérables. »
Toutefois, le risque qui pèse aujourd’hui sur la RCA est limité car Daesh n’y est pas présent.
D’autant plus qu’il faut relativiser l’apport de cette affiliation de l’ADF à Daesh. En effet, le rapport de l‘université de Washington souligne à de nombreuses reprises l’absence de « lien direct entre les ADF et l’Etat Islamique » ou encore « aucune preuve d’ordres de commandement et de contrôle directs de l’Etat Islamique sur les ADF ».
Ceci illustre la faible influence de Daesh dans la zone. En effet, aucun soutien matériel, financier, ou de formation n’a pu profiter à l’ADF de la part de l’Etat Islamique. Cette affiliation se limite donc à la communication et n’est qu’une « façade décorative ».

Enfin, il faut garder en tête que, si Daesh met autant d’effort dans son expansion, c’est que l’organisation lutte pour sa survie. En effet, ses nombreuses défaites en Syrie et en Irak, infligées par la communauté internationale, ont mis l’Etat Islamique à genoux. C’est donc à un partenaire à l’agonie que les ADF sont affiliés à présent.

Par Adama Bria

Journaliste

Alain Nzilo

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