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La mort silencieuse : L’empoisonnement comme arme de terreur politique en Centrafrique

La mort silencieuse : L’empoisonnement comme arme de terreur politique en Centrafrique

 

Mokhtar Bel Mokhtar, ici, assis dans son bureau en costume noir avec une chemise blanche et cravate rouge, symbolisant la chute brutale d’un criminel très violent de la capitale centrafricaine Bangui après son empoisonnement à Damara, illustrant l'article sur  la terreur politique en Centrafrique
Mokhtar Bel Mokhtar, la chute brutale d’un criminel très violent

 

Par la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique.

 Dans l’enceinte même du ministère de l’Éducation nationale, Innocent KEREGUELE s’est effondré brutalement. Directeur de l’Orientation et de l’Evaluation Socio-Professionnelle, coordinateur respecté de la plateforme des syndicats enseignants, il participait à une simple réunion de la commission du mouvement du personnel administratif. Sa mort foudroyante révèle l’ampleur d’un système de terreur politique en Centrafrique  qui gangrène désormais toutes les sphères de la société centrafricaine.

 

Une élimination calculée qui secoue le monde syndical

 

L’empoisonnement d’Innocent KEREGUELE porte la signature d’une méthode devenue tristement systématique. Figure incontournable du syndicalisme enseignant, il incarnait une voix à la fois critique et constructive au sein de la “Dynamique des fédérations des enseignants du Fondamental 1,2 et de l’Enseignement Technique”. Son engagement sans faille pour la défense des droits des enseignants dérangeait. Sa capacité à mobiliser les forces syndicales inquiétait.

 

La précipitation avec laquelle sa famille a procédé à son inhumation, refusant toute autopsie, témoigne d’une réalité terrifiante : la peur des représailles est désormais plus forte que la quête de vérité. Cette mort brutale résonne comme un avertissement glacial adressé à tous ceux qui oseraient encore porter une voix dissidente en Centrafrique, faisant planer la  terreur politique en Centrafrique.

 

Une stratégie de la terreur politique en Centrafrique  qui paralyse les institutions

 

Dans les couloirs des ministères, la suspicion s’est installée comme une seconde nature. Les réunions administratives, autrefois espaces de dialogue et de concertation, se transforment en exercices de haute voltige où chaque geste est pesé, chaque contact évité. Les témoignages affluent : méfiance envers les stylos prêtés, refus de partager une bouteille d’eau, crainte de toucher les documents. La paranoïa n’est plus irrationnelle,  elle est devenue un reflexe de survie, et la  terreur politique en Centrafrique plane de partout.

 

Les méthodes d’empoisonnement se diversifient, selon les rumeurs qui circulent : surfaces de table empoisonnées, papiers traités, stylos piégés. Cette sophistication dans l’horreur paralyse l’administration. Le dialogue social, fondement de toute démocratie, s’éteint dans un climat général de terreur politique en Centrafrique  .

 

Une terreur qui s’étend au-delà des cercles syndicaux

 

La prison centrale de Ngaragba et du camp de Roux sont devenues le lieu macabre de cette stratégie d’élimination. Des détenus succombent dans des circonstances troubles, d’autres développent des symptômes inquiétants : ventres anormalement gonflés, vomissements sanglants. L’ancien député Dominique Yandocka, qui était en bonne santé avant son arrestation, se trouve aujourd’hui dans un état critique à la prison du camp de Roux.

 

L’empoisonnement ne connaît pas de frontières politiques. Même les alliés du régime ne sont plus à l’abri, comme l’illustre la mort brutale de Mokhtar Bel Mokhtar à Damara. Cette réalité crée un climat de méfiance jusqu’au sein même du cercle rapproché du pouvoir.

 

Les conséquences dévastatrices pour la paix

 

Cette vague d’empoisonnements érode les fondements mêmes de l’État de droit. Les syndicats, traditionnels contre-pouvoirs et forces de proposition, se murent dans un silence protecteur. La société civile s’autocensure. L’opposition politique, déjà fragilisée, voit ses rangs s’éclaircir dans des circonstances toujours suspectes.

 

Le cas du député Joseph Bendounga, qui avait publiquement dénoncé une tentative de son empoisonnement via des chocolats offerts par les conseillers russes et centrafricain de Touadera , démontre la dimension politique de ces pratiques. Les accusations impliquant des conseillers diplomatiques russes ajoutent une dimension internationale à ce climat délétère de cette terreur politique en Centrafrique.

 

Un avenir incertain pour la nation

 

Cette spirale mortifère hypothèque l’avenir même de la République centrafricaine. L’empoisonnement, arme invisible et terrifiante, est devenu un outil de gouvernance du régime de Touadera. Les libertés fondamentales s’effritent dans un climat de peur généralisée, tandis que la communauté internationale semble détourner le regard.

 

La mort d’Innocent KEREGUELE trace un nouveau palier dans cette descente aux enfers. Son engagement syndical, sa volonté de dialogue, son action constructive au sein de l’administration : tout cela n’aura pas suffi à le protéger. Son décès brutal pose une question: qui osera encore porter la voix des sans-voix dans un pays où la mort silencieuse est devenue une méthode de gouvernance ?

 

L’histoire retiendra que c’est dans le silence complice des uns et la terreur des autres que s’est construit ce système d’élimination méthodique des voix critiques. Pendant que les consciences s’éteignent une à une, c’est tout un peuple qui suffoque dans l’angoisse des lendemains. La vraie question n’est plus de savoir qui sera la prochaine victime, mais s’il restera encore quelqu’un pour témoigner de ces heures sombres de l’histoire centrafricaine.

 

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