Déclaration de l’Association “A SEWA TI BE-AFRICA” sur la situation politique en Centrafrique

Publié le 12 novembre 2014 , 5:42
Mis à jour le: 12 novembre 2014 5:42 am

ASSOCIATION A SEWA TI BE-AFRICA, MARSEILLE
©CNC

 

DECLARATION DE L’ASSOCIATION A SEWA TI BE-AFRICA, MARSEILLE (France)

 

Le long chemin vers la paix et la réconciliation

 

L’Association ” A Séwa ti Bé-Africa “, à travers ses militants, constate que, par rapport aux objectifs définis au départ par la transition actuelle :

1/réussir les prochaines élections post-transition,

2/apaiser le climat social

3/préparer la reprise économique.

Rien n’a été fait concrètement. Certes, des réalisations timides sont faites mais qui n’ont pas d’impacts significatifs pour inverser la situation tragique et insupportable subie par les femmes, les enfants et les hommes dans ce pays à la dérive.

Un calme relatif s’est installé en Centrafrique ces derniers temps. Certains pensent que les Centrafricains se sont calmés parce qu’ils se rendent compte qu’il y a eu beaucoup de sang coulé.

Mais cela est insuffisant pour expliquer cette situation. Il faut ajouter d’autres facteurs non négligeables qui ont contribué au retour de ce calme relatif.

Les principaux belligérants, ex-séléka, anti-balaka et autres, comprennent qu’ils risquent de perdre les intérêts et, les enjeux de ceux qui se cachent derrière eux ( ressources minières, forestières et agro-pastorales ), s’ils poursuivent leur stratégie de terreur extrême.

Les Centrafricains dénoncent de plus en plus l’attitude de la France et des pays africains de la sous-région qui s’opposent systématiquement à la reconstruction d’un système de défense nationale à la hauteur de la géopolitique sous-régionale et internationale : police nationale, gendarmerie nationale et armée nationale en Centrafrique, exposant ainsi ce pays à la merci de ses voisins et autres prédateurs. Cette revendication légitime du peuple contribue à relâcher un peu la pression qui pèse sur la Centrafrique.

L’arrivée de la nouvelle force de l’ONU, la MINUSCA, le gel des avoirs des Bozizé et autres tortionnaires des Centrafricains, le « printemps noir » qui souffle aujourd’hui en Tunisie, en Libye, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, inquiète Mr Idriss Déby Itno, président tchadien, fortement impliqué dans la crise centrafricaine. La planète françafrique de l’Afrique centrale est inquiète également.

Des élections libres et transparentes, un défi.

Maintenant, il est nécessaire d’aller vers les élections libres et transparentes pour élire une nouvelle personne à la présidence de la République et un Parlement. L’Afghanistan qui a connu une terrible guerre, a fini par élire ses représentants. Pourquoi pas la République Centrafricaine ?

Il faut au préalable définir clairement le mécanisme et les règles qui conduisent à l’élection de ses autorités « légitimes » : par exemple, écarter tous les repris de justice, leschefs de guerre, les condamnés, les auteurs de crimes économiques et de sang,

Pour obtenir des élections réussies, il faut deux choses : des électeurs présents et des services administratifs opérationnels sur toute l’étendue du territoire.

Pour cela, adopter la stratégie suivante : assurer la sécurité sur toute l’étendue du territoire , lancer les services administratifs de recensement, dresser les listes électorales, remettre les services de santé et d’éducation en état de marche, inciter la population déplacée à revenir dans les lieux d’habitation en aidant à la reconstruction des logements et à la reprise d’une activité économique ou éducative. Ces conditions ne sont pas réunies pour le moment.

Nous lançons un appel aux Instances internationales pour aider la République Centrafricaine à réunir ces conditions pour organiser dans les délais annoncés ( 15 février 2015 prolongé en juin 2015) des élections libres, crédibles et transparentes.

Le système de la bancarisation mis en place antérieurement doit être maintenu pour éviter les fraudes éventuelles lors de ces élections.

Développer une économie saine

A terme, se doter d’un outil de contrôle et d’analyse sur le modèle Tracfin en France. Ce service de renseignement est rattaché aux ministères financiers. Il concourt au développement d’une économie saine en luttant contre les circuits financiers clandestins, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Ce service est chargé de recueillir, d’analyser et d’enrichir les déclarations de soupçons que les professionnels assujettis par la loi sont tenus de lui déclarer.

Refondre le système politique.

L’actuelle Constitution en République Centrafricaine est présidentielle. Nous souhaiterions que le Conseil National de Transition ( CNT )accélère les choses pour aller vers la mise en place d’une Constitution de type parlementaire dans notre pays. Nous voulons des autorités légitimes élues lors des élections libres et transparentes. Aussi, nous exigeons que le projet de l’élaboration de la nouvelle Constitution soit mis en ligne afin que nous puissions éventuellement y apporter notre contribution. C’est une mission qui revient aux trois représentants de la diaspora au sein du CNT qui ne sont présents dans les sites où vivent des Centrafricains de l’extérieur.

Besoin de justice pour envisager positivement l’avenir

Parlons un peu de justice. C’est l’impunité qui est en grande partie responsable de la crise centrafricaine. Depuis que Madame Catherine SAMBA-PANZA est présidente de la transition en Centrafrique, aucun mandat d’arrêt international n’est lancé contre les commanditaires de crimes dans ce pays. Le peuple a besoin de cette justice pour envisager positivement l’avenir. Tous ceux qui ont tué ou qui ont détourné à leur profit les biens de la nation doivent être poursuivis et condamnés. Il faut remonter trente ans en arrière. Les auteurs de crimes contre l’humanité seront traduits devant la Cour pénale internationale et les autres devant les juridictions nationales. La Communauté internationale aidera à reconstruire toute la chaîne judiciaire pour que les détenus purgent effectivement leur peine.

Le système éducatif, repartir de la base

A propos de l’éducation, tout est à refaire. Le système éducatif n’est plus adapté à la situation linguistique et culturelle de la République Centrafricaine d’aujourd’hui. Il faut repartir de la base pour inculquer aux jeunes Centrafricains de bonnes valeurs, à travers la morale, l’éducation civique, l’Histoire, le sens du travail… C’est à partir de ces actions qu’émergera la nouvelle génération consciente de la richesse de son pays.

Le président

Antoine PANGUERE-POUCRA

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