Centrafrique : Situation sécuritaire et politique à bâtons rompus avec Elvis Dengossin de la diaspora

Publié le 10 octobre 2017 , 5:34
Mis à jour le: 10 octobre 2017 5:34 pm

Centrafrique : Situation sécuritaire et politique à bâtons rompus avec Elvis Dengossin de la diaspora

 

 

Monsieur Elvis Dengossin.
Monsieur Elvis Dengossin.

 

Bangui, le 11 octobre 2017.

Par : Fred Krock, CNC.

 

La République centrafricaine est véritablement rentrée dans la phase post-crise quand bien même certaines localités souffrent encore des soubresauts sécuritaires. A bâton rompus avec CNC, Elvis Dengossin, ancien cadre politique de la diaspora revient à la charge sur tous les plans, surtout politique et sécuritaire.

Corbeaunews.Centrafrique (CNC) : Elvis Dengossin, Bonjour ! L’actualité qu’on voudrait aborder avec vous en République centrafricaine est marquée par la persistance de scènes ignobles de violences et de manière générale sur le territoire. Le Sud-est avec les violences de Bangassou, Obo et maintenant Zémio, et le Nord-ouest avec la terrorisassions des populations par les 3R du chef rebelle camerounais Abass Sidiki.  Quelle lecture en faites-vous en tant que Centrafricain de la diaspora ?

Elvis Dengossin (ED) : Bonjour ! Je donne mon point de vue a tant que citoyen et cadre politique même si je suis de la diaspora. La situation qui prévaut en ce moment  sur une grande partie de notre pays est inadmissible, je suis de ceux qui pointent du doigt des imposteurs internationaux dite communauté internationale forte de 12000 soldats voire plus avec les équipements de guerres, sans parvenir, ne serait ce que mettre fin au massacre de la population commis par les bandes armées dont la plupart sont étrangère.

Comment expliquent-ils aux Centrafricains leurs attitudes passive et complice face à ce génocide qui se profile à l’horizon. La Minusca joue un jeu dangereux qui met  à mal, l’existence de la RCA a tant que Etat-nation qui se contente de dénonciation en dénonciation et des rapports qui n’inquiètes guère les bandes armées, la résolution 2149 ne leur donnait pas mandat pour dénoncer et faire de rapport. Elle mène une politique de deux poids, deux mesures et pour preuve la Minusca avait tué Zoundeiko certes qui est criminel mais un Centrafricain, par contre elle protège Ali Darass, Sidiki… qui sont des étrangers responsables de crimes de guerre et crime contre l’humanité.

Les responsables civils, militaires et soldats de la Minusca brillent par le tourisme sexuel et commerce de tout genre au su et au vu de nos gouvernants. A cet effet, il ne fait aucun doute que l’agenda des puissances nuisibles de l’Onu à travers la Minusca n’est pas celui du peuple Centrafricain d’ où la complicité avérée de certains contingents aux bandes armées, cette crise imposée a pour objet la conquête géostratégique des grandes puissances capitalistes et certains pays de la sous régions pour des intérêts inavoués.

CNC : L’actualité, c’est aussi le Gouvernement Sarandji II qui a fait couler tant d’ancre et de salive, de part son pléthore de portefeuilles, de l’entrée des groupes armés, ainsi que de la représentativité… Quelle perception avez-vous de cette nouvelle équipe gouvernementale ?

ED : Vous savez , cela relève du pouvoir discrétionnaire du chef de l ‘ Etat, lui qui sera seul responsable de son bilan quinquennal car il rendra compte au peuple qui s’ était résolument décidé de barrer la route aux apôtres de l’injustice , de l’impunité , de détournement de deniers publics , du népotisme, le clanisme , le régionalisme et l’ oligarchie en lui plaçant sa confiance et si cette confiance venait à être trahie, les conséquences seront à la hauteur du déception , car il a des outils a sa disposition pour éviter les erreurs du passé qui sont bien évidemment les erreurs et réussites de ses illustres prédécesseurs.

Par ailleurs, j ‘ utiliserai pas le mot ” Bras Cassés ” mais je n’ en pense pas moins . En revanche , je déplore l’ absence des femmes et des jeunes au seins de  ce gouvernement Sarandji Bis , et je pense que la présence de représentants de bandes armées n’ est pas une stratégie payante et qui ne servira à rien un coup d’ épée dans l’ eau ; nous avons connus ça dans un passé récent , c’est juste un geste de bonne foi du gouvernement que je vois plus l’effet de communication sans contenu politique, la preuve est que ces groupes continuent de massacrer nos concitoyens tous les jours en présence des touristes bleus . En effet, la présence de représentants des bandes armées dans le gouvernement est un appel d’air et créait ce que j’appelle le phénomène d’inspiration.

CNC : Comme pour parer de manière durable à la crise sécuritaire, le Gouvernement a mis en place un programme Désarmement- démobilisation-réinsertion et rapatriement des ex-combattants (DDRR). Un Programme pilote est même déjà enclenché et se poursuive dans les villes de provinces. Pensez-vous que le processus engagé pourra réellement sortir le pays de l’ornière ?

ED : Vous savez ce programme est voué à l’échec. C’est un mort né. Si on se tient à la déclaration d’un responsable de bandes armées et l’expérience, nous interpelle que ce n’était pas efficace et ce n’est pas propre à la RCA la Côte d’Ivoire… aussi ont échoué. Le DDRR est une prime à l’impunité aux groupes armés,  ces criminels rendront ce qu’ils ne jugent pas utile ou important et garderont ce qui est important dans l’optique d’un autre scénario.

Pourquoi le DDRR et non DRDR= Désarmement- Rapatriement -Démobilisation et Réinsertion ? La sortie réelle et définitive de cette crise imposée, est de rendre les FACA (Force armées centrafricaines) opérationnelles. Moi président, je consacrerais toute mon énergie pour la levée de cet embargo injuste et criminel contre le peuple Centrafricain  qui profite aux bandes armées et les puissances capitalistes à l’ origine de cette crise. Il est inconcevable de voir des pays tels que : La Libye, Afghanistan, Somalie, Syrie… ne soient pas sous embargo ; le gouvernement et l’Onu (Minusca) jouent au ping-pong puis laissent le champ à tout un chacun l’interprétation de la résolution 2149.

Et le peuple ne sait plus a quel saint se vouer le choix légitime qui nous reste en l’absence de notre armée est de s’auto-défendre et je pense qu’on a touché le point de non retour face a la gravité des menaces, une mobilisation générale des Centrafricains s’impose car la patrie est en danger soit il faudra violer cette injuste embargo capitalistes. Les touristes bleus n’ont pas une raison réelle de restés chez nous , il est aussi important de relever cette grossièreté du RSS avec le programme de l’ EUTM qui consiste a former un bataillon tous les 18 mois est inadmissible car nous avons une des meilleure formation militaire du continent , nos FACA sont des professionnels qui ont juste besoin d’un mois ou deux de recyclage vu l’ urgence et le risque qu’ encoure la patrie mais ce programme contribue à la déconfiture de notre pays , l’ armée est une des marque de souveraineté , ils nous privent de notre armée , ne protègent pas la population , ni nos frontières terrestres et aériens . Les bandes armées écument le pays continuent à s’approvisionner en armes et occupent les mines d’Or et Diamant.

CNC : Sur la même lancée de panacées de sortie de crise, l’Union africaine s’est lancée dans une médiation internationale au profit de la RCA. D’aucuns y voient une voie pour les groupes armés d’obtenir l’amnistie. Qu’en pensez-vous ?

ED : Panafricain que je suis, je me réjouis de cette initiative africaine, mais cette résolution africano-centrafricaine ne se fera pas au détriment de la justice. A cet effet, il est envisageable pour la paix que l’amnistie reste un joker, et ça se fera au cas par cas. Les auteurs de crimes de guerre et crimes contre l’humanité ne sont pas concernés. Ce blocus (embargo) de la part de l’Onu ou ceux qui se servent de l’Onu est un cancer aux efforts déployés par le président Touadera, ils sont là pour nous accompagner et non nous imposer de choses et la résolution de l’instabilité de la RCA avec le syndrome décennal de crise n’est pas uniquement du ressort des politiques et leurs maîtres étrangers, il est impérieux que les Centrafricains soient associés aux efforts de reconstitution .

CNC : Pour terminer, il y a comme une sorte de guéguerre entre la majorité et un front de l’opposition qui tente de se mettre en place autour de son chef de fil autoproclamé, Anicet Georges Dologuélé. A cette crise politique vient s’ajouter la crise institutionnelle entre la Présidence de la République et le Parlement, notamment la relation tendue entre Touadera et Meckassoua adoubée d’accusation de putsch. Pensez-vous qu’une telle ambiance politique est de nature à conduire le pays vers la restauration d’un Etat de droit et donc de sortie définitive de crise ?

ED : Rire… Dans un Etat de droit, il est normal que l’opposition politique joue son rôle, avec sa contribution objective par des critiques constructives et propositions concrètes. Ces opposants égoïstes, assoiffés du pouvoir sont préoccupés par leurs propres intérêts frustrés d’avoir perdu les élections, ils se livrent à des postures éhontées tandis que le peuple meurt tous les jours ce sont des imposteurs, qui se cachent derrière l’éphémère légitimité que leurs confère la loi de la République et tous sans exceptions prient pour l’échec de Touadera, dans l’optique de 2021 mais le peuple n’est pas dupe. Quant à ce soi-disant crise institutionnelle, je n’ai pas d’élément factuels mais si il s’avère vrai je dirai c’est du gâchis.

Au lendemain des élections générales, j’étais heureux de voir deux hommes d’Etat au parcours bien huilés de gestion de la chose publique à la tête de notre pays me donnait raison de croire au retour rapide de sécurité, la fin des hostilités entre les bandes armées, le relèvement économique réel et la reconstruction, hélas !  Par ailleurs, si ces deux têtes bien remplies mutualisent leurs intelligences politiques… au service du peuple, ça se saurait et l’histoire retiendra. Ils ont intérêt à mettre leurs égos surdimensionnés dans leurs chambres respectives et regardent le peuple car ce qui nous unis est supérieur de ce qui divise.

Le peuple leur pardonnera pas s’ils échouent, et je m’inscrirais en faux avec l’histoire de putsch mais la justice est saisie je m’abstiens de tout commentaire. Il faut un sursaut des dirigeants exécutif, et législatif si possible ceux de l’opposition constructible s’il en existe de quittés cet immobilisme, laxisme, petit calcul de considération, qu’ils tapent du poing sur la table et signifient aux puissants nuisibles de l’Onu… qu’ils sont de dirigeants d’un état souverain. Sinon, ils iront tous à la poubelle de l’histoire. Pour finir je demande au Président Touadera de parlé à son peuple qu’ ‘ il n’attende pas la dernière minute, je paraphrase le père fondateur de notre nation B. Boganda face à Charles De Gaule : Parlé Monsieur le Président, Parlé sans équivoque. J’ose croire l’entendre avec un discours officiel en Sango dans les jours prochains. Merci à vous de m’avoir donné la parole, car mon silence me rend complice et je ne veux être la honte de ma génération !

CNC : Elvis Dengossin, merci

Propos recueillis par Fred KROCK

 

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