Centrafrique : L’imbroglio autour de l’intégration des 1300 jeunes dans la fonction publique

Immeuble abritant la primature centrafricaine. CopyrightCNC.
Immeuble abritant la primature centrafricaine. CopyrightCNC.

 

Bangui (République centrafricaine)| CNC – L’ensemble du personnel du Ministère de la Fonction publique, dans une pétition lancée début octobre, avait dénoncé la mainmise de la primature sur le programme du recrutement, de la titularisation, la promotion, du reclassement et à la mutation des fonctionnaires qui, selon eux, est une violation de la loi n°99.016 du 16 juillet 99 portant statut général de la Fonction publique.

 

Il y a quelques semaines le gouvernement avait annoncé l’intégration des 1300 jeunes dans la fonction publique pour l’année 2019. Les secteurs ciblés sont les départements de la santé, l’éducation et les eaux et forêts.

Mais dans la foulée, un arrêté avait été pris par le Premier ministre (arrêté n°053/PM/19 du 23 septembre) créant un comité chargé de procéder à l’intégration des jeunes dans la fonction publique.

Pour le personnel du ministère de la Fonction publique, cet arrêté  du Premier ministre est une pratique qui viole le statut général de la Fonction publique, c’est-à-dire la ” Loi n°99.016 du 16 juillet 1999 », qui conteste en elle-même l’accaparement du processus d’intégration des jeunes par la primature depuis quelques années.

En signe de contestation, le personnel de la fonction publique a ouvert une pétition début octobre en vue de recueillir des signatures pour s’opposer à la mise en place d’un comité chargé d’accompagner le processus d’intégration des jeunes dans la fonction publique par arrêté n°053 /PM/19 du 23 septembre. Les signataires de cette pétition  estiment que les procédures ne sont pas respectées.

Un cadre de ce département interrogé par CNC, a attaqué sans cheveu dans la bouche le Premier ministre Firmin Ngrebada, « Nous comprenons très mal que le Premier ministre qui est Inspecteur de Travail puisse, au nom de quoi, prendre un arrêté inique pour mettre en place un comité dépouillant ainsi le département de la fonction publique de ses prérogatives reconnues par la loi. Cette méthode est surannée et ne reflète pas l’esprit de la rupture prônée par le chef de l’Etat. Les textes sont clairs, c’est la fonction publique qui a le droit d’intégrer et non la primature », dit-il.

Pour cela, la démarche n’ayant pas plu aux responsables, un questionnaire a été soumis aux signataires. « nous avons fait circuler une pétition pour protester cette manie de faire les choses. La semaine dernière, le ministre Jean-Christophe Nguinza nous a convoqués pour nous traiter de tous les noms d’oiseau. Il a ordonné qu’un questionnaire nous soit soumis, mais nous ne le remplirons pas », plastronne-t-il ?

Quant au secrétaire général du GSTC, Firmin Zoh-Ponguélé, le Gouvernement doit se conformer à la loi en ce qui concerne l’intégration. « Tout doit être soumis au texte conformément au statut général de la Fonction publique. Ce qui n’est pas le cas, et nous comprenons aisément que le ministre de la Fonction publique viole la loi. Cette attitude est lamentable », qualifie-t-il le comportement du gouvernement en ces termes.

Contactés sur la question, les hauts responsables du ministère de la Fonction publique n’ont pas souhaité plus se prononcer, car, « ce dossier est hautement sensible et nous ne souhaitons interférer  avec la primature et la Présidence. C’est hautement politique», pour reprendre les termes d’un haut cadre abordé par notre rédaction sur le sujet.

Au total 39 personnes du ministère de la Fonction publique ont signé cette pétition pour réclamer de la primature le respect de la loi n° 99.016 du 16 juillet 1999.

Il est encore dans le mémoire collectif que l’intégration de fin 2018 dans la fonction publique avait créé de remous entre le Premier ministre Simplice Mathieu Sarandji et le ministre de la Fonction publique Jean Louis Opalagna, affaire qui avait précipité du gouvernement.

 

Cédric Wa-Gomba

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