CENTRAFRIQUE : LES ENJEUX POLITIQUES D’UNE ÉLECTION LÉGISLATIVE ORGANISÉE DANS UN CONTEXTE SÉCURITAIRE TENDU.

Publié le 5 mars 2021 , 10:38
Mis à jour le: 5 mars 2021 10:38 pm
assemblée nationale centrafricaine
LAssemblée nationale centrafricaine. Bangui, République centrafricaine

 

Bangui, République centrafricaine, samedi, 6 mars 2021, 04:30:42 ( Corbeaunews-Centrafrique ). Animé par le souci de respecter le délai constitutionnel, le président de la république avait convoqué depuis plus d’une semaine le corps électoral en vue du premier tour des législatives pour les uns et du deuxième tour pour les autres. À titre de rappel, vingt deux (22) députés étaient élus dès le premier tour du scrutin et les cent dix-huit (118) sièges restants font l’objet d’une compétition électorale acharnée. La campagne électorale apparement timide par rapport à la précédente est rythmée voire cadencée de violences, d’enlèvements ou de kidnappings et disparitions. L’aspect le plus remarquable de cette compétition électorale est la participation de certains partis politiques de l’opposition démocratique membre de la Coalition de l’Opposition Démocratique (COD 2020) en dépit du mot d’ordre de boycott.

 

Les offensives militaires ainsi que les opérations de ratissage des forces armées centrafricaines appuyées par les alliés russes et rwandais devraient rassurer la population à inverser et à soigner la tendance du taux de participation par rapport au fiasco sécuritaire du premier tour des présidentielles et législatives. L’engouement et la mobilisation des électeurs à voter massivement via le taux de participation garantiront la légitimité de la septième législature de l’assemblée nationale qui prendra le relais d’une sixième législature moribonde gangrenée de corruptions virales.

A défaut de faire l’économie du volet sécuritaire, il demeure un risque élevé de violence le jour des opérations de vote car nonobstant la réussite des offensives militaires, les groupes armés non conventionnels qui se retirent des villes sans combattre conservent leur capacité de nuisance et leur potentielle probabilité de faire échec au processus électoral.

A défaut de moyens matériels, logistiques et financiers, le parti au pouvoir sera quasiment le seul parti politique à se représenter dans la plupart de circonscriptions et n’aura pas assez de concurrents dans de nombreuses localités, ce qui constituerait un avantage pour ne pas dire un boulevard pour le parti au pouvoir de ravir le maximum de sièges à l’assemblée nationale. Préoccupé par les enjeux politiques des législatives qui marquera l’épilogue d’un palais du peuple transformé en sanctuaire, le citoyen lambda s’interroge :

Quels sont les enjeux politiques d’une élection législative organisée dans un contexte sécuritaire tendu ?

Les conditions de cette élection sont-elles réunies pour un scrutin transparent, équitable et exempt de contestations ?

Faisant abstraction de la notion de fraude, peut-on affirmer que la vérité électorale est dans les urnes ?

L’issue du scrutin législatif est-elle écrite avant le scrutin ? Les groupes armés qui se retirent des villes sans combattre projettent-ils de perturber les opérations de vote ? A l’issue de cette élection de la septième législature qui réservera certainement de surprises, l’assemblée nationale connaîtra t-il un nouveau leader de l’opposition démocratique et éventuellement de nouveaux groupes parlementaires ? Cette septième législature attendue pour redorer l’image de l’assemblée nationale sera t-elle à mesure de relever les défis attendus ? Au delà des stratégies électorales, les partis politiques ont-ils noué des accords de désistement  en vue de favoriser les uns et les autres ?

Parallèlement à ces multiples questionnements, nous espérons que l’Autorité Nationale des Élections (ANE) a su tirer les leçons des élections groupées du 27 décembre 2020 sanctionnées par la réélection du président de la république.

En conséquence de ce qui précède, nous appelons les différents acteurs politiques à un sursaut patriotique en faveur d’une démocratie apaisée car le peuple a trop enduré…

D’autres ont réussi ailleurs après une longue guerre fratricide et nous avons l’assurance et la certitude que les centrafricains en sont également capables.

Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites surtout pas que c’est moi.

 

Paris le 05 mars 2021.

Bernard SELEMBY DOUDOU.

Juriste, Administrateur des élections.

Tel : 0666830062.

 

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