Centrafrique : Déclaration du ministre des affaires sociales et de la réconciliation nationale à l’occasion de la journée mondiale de l’aide humanitaire édition 2017

Publié le 18 août 2017 , 7:02
Mis à jour le: 18 août 2017 7:02 pm

Centrafrique : Déclaration du ministre des affaires sociales et de la réconciliation nationale à l’occasion de la journée mondiale de l’aide humanitaire édition 2017

 

La Ministre des affaires sociales Virginie Mbaïkoua. CopyrightCNC
La Ministre des affaires sociales Virginie Mbaïkoua. CopyrightCNC

 

 

Demain 19 août 2017, la République Centrafricaine notre pays célèbrera à l’instar des autres pays membres des Nations Unies, la Journée Mondiale de l’Aide Humanitaire.

Cette journée a été instituée en Décembre 2008 par l’Assemblée Générale des Nations Unies, en mémoire des victimes de l’attentat contre le siège des Nations Unies le 19 août 2003 à Bagdag en Irak, lequel a causé la mort de 22 personnes, dont le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies en Irak, Monsieur SERGIO VIEIRA DE MELLO.

La commémoration de cette journée mondiale de l’aide humanitaire, nous offre l’opportunité, non seulement de rendre hommage aux acteurs humanitaires qui parfois, au péril de leurs vies sillonnent le monde entier pour apporter assistance aux populations en détresse, mais également de mener des réflexions sur l’amélioration de la qualité de l’aide aux populations victimes des conflits ou de catastrophes naturelles.

Cette journée permet aussi de mettre en évidence les défis humanitaires auxquels le monde est confronté aujourd’hui avec l’accroissement et la recrudescence des conflits ainsi que des catastrophes où des millions des civils sont pris au piège du fait de l’égoïsme humain ou des effets du changement climatique.

En République Centrafricaine, cette célébration revêt un cachet particulier en ce sens qu’elle est célébrée dans un contexte de regain de tension dans une partie du pays où une nouvelle vague de population est en déplacement et qui connait au quotidien une souffrance infligée par les ennemies de la paix.

Le choix porté sur le thème de la JMAH 2017, qui s’intitule « LES CIVILS NE SONT PAS UNE CIBLE D’ATTAQUE », cadre parfaitement avec la réalité centrafricaine, où la population civile ne cesse de faire l’objet de tueries et d’exactions diverses.

Dans cette optique, il est capital de relever les multiples attaques perpétrées à l’endroit des humanitaires qui ne font qu’apporter assistance aux populations, victimes de conflits et de catastrophes naturelles. On se souvient encore du massacre récent de plusieurs agents de la croix rouge au Sud-Est du pays par des combattants armés. Voici l’intégralité du discours de la ministre Virginir Mbaikoui:

  • Centrafricaines
  • ;
  • Centrafricains ;
  • Chers compatriotes ;

Au regard, des constats faits lors de nos multiples descentes à l’intérieur du pays, on peut affirmer que la situation humanitaire est encore fragile dans certaines villes du pays. Ces situations sont engendrées par des conflits armés à répétition qui ont semé la mort et conduit aux déplacements massifs des populations. On peut citer entre autres :

  • L’assaut sur la ville de Bangassou au Sud-Est de la RCA, le 13 mai 2017, lequel a fait plus de 3000 personnes déplacées ;
  • L’enregistrement de quelques 20.000 personnes déplacées suite à une série d’affrontements entre groupes armés à Zemio ;
  • Les violences à Bria entre le 15 et 18 mai 2017 qui ont entrainé, le déplacement forcé de  41.409 personnes ;
  • Le déplacement de 25.000 personnes sans assistance et l’attaque des bases des principales ONG présentes à Kaga-Bandoro, dans le Nord-Est du pays au début du mois de juillet 2017, ayant entrainé la suspension de leurs activités auprès de la population.;
  • Les affrontements entre les Anti –Balaka et les seleka à Gambo dans le Mbomou, lesquels ont causé plusieurs morts et de nombreux cas de blessés, sans compter des déplacements forcés ;
  • Les 04 et 05 août 2017, à Gambo six (06) volontaires de la Croix Rouge Centrafricaine ont succombé suite à l’attaque orchestrée par le armé UPC ;
  • L’enregistrement depuis le 25 juin 2017 dans la ville d’OBO de plus de 4.500 personnes déplacées en provenance de Mboki suite à un conflit inter communautaire ;
  • Le cas des villes de Bocaranga, Koui et Ngaoundaye ne sont pas à exclure,
  • Pas plus tard qu’hier, la ville de Zémio a été le théâtre d’un affrontement entre les belligérants. L’hôpital a été attaqué et pillé, le personnel soignant et les malades sont dans la nature. Le siège de l’ONG JUPEDEC a été saccagé et aujourd’hui les populations en détresse ne peuvent bénéficier d’aucune assistance.
  • Chers compatriotes,

Ces exemples énumérés et qui sont loin d’être exhaustifs, nous interpellent tous, gouvernement, organisations de la société civile, leaders communautaires, partenaires au développement et humanitaires, ainsi que les parties en conflit, à porter notre réflexion sur l’exigence de la protection de la population civile en période de conflit.

Aussi, me parait-il opportun de rappeler les dispositions de la Convention de Genève du 12 août 1949, relative à la protection des civils en temps de guerre, je cite : « Les hôpitaux civils organisés pour donner des soins aux blessés, aux malades, aux infirmes et aux femmes en couches ne pourront, en aucune circonstance, être l’objet d’attaques ; ils seront en tout temps, respectés et protégés par les parties au conflit » fin de citation. La Protection de la population incombe au Gouvernement mais dans le contexte centrafricain, où le pays ne dispose pas d’une armée et où cette mission est confiée à la force internationale de la MINUSCA, la mutualisation des efforts est la seule solution appropriée.

Il est important de souligner que c’est le déficit au niveau de la protection des populations qui occasionne les pertes en vie humaine au sein de la communauté humanitaire qui œuvre sur le terrain. Le Gouvernement a toujours condamné avec la dernière rigueur les attaques visant les humanitaires qui, au prix de leur vie, cherchent à sauver des vies.

Je voudrais aussi faire remarquer que les populations bénéficiaires de l’aide des humanitaires sont doublement affectées quand ces derniers font l’objet d’attaque et d’actes de barbarie, les privant ainsi de leur droit le plus fondamental à savoir le droit à la vie. Nous avons donc tous, gouvernement, humanitaires et société civile, l’obligation de tout mettre en œuvre pour assurer la sécurité aussi bien les populations que les humanitaires.

Je profite de l’occasion pour rendre un hommage mérité au nom du Gouvernement que dirige Monsieur Mathieu Simplice SARANDJI, Premier Ministre, Chef du Gouvernement, sous la Très Haute impulsion de son Excellence le Pr Faustin Archange TOUADERA, Président de la République, Chef de l’Etat, aux acteurs Humanitaires tant internationaux que nationaux pour tous les efforts déployés aux côtés du Gouvernement pour une réponse appropriée aux multiples crises humanitaires que le pays a connu.

Que les populations affectées trouvent aussi ici, l’expression du soutien et de la compassion du Gouvernement dans ces moments difficiles qu’elles connaissent.

Tout en demandant aux différentes parties en conflit de laisser les armes et de privilégier le dialogue, le vivre ensemble, et la cohésion sociale, vecteur de tout développement, je formule un vœux, celui de célébrer dans un an la Journée Mondiale de l’Aide Humanitaire dans un pays apaisé où toutes les communautés vivent en parfaite harmonie

 

Je vous remercie.-

 

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