CENTRAFRIQUE : CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ

CENTRAFRIQUE : CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ

 

 Ras le bol des victimes  De Centrafrique

 

Bangui, le 9 juin 2017.

Par : Joseph Akouissone, CNC.

« Tous les êtres humains naissent égaux en droit et en dignité… »

(ZO KWE ZO). »

UN RAPPORT ACCABLANT DE L’ONU Il était temps, grandement temps.

Il fallait réveiller la conscience des hommes endormie devant l’inqualifiable génocide en gestation en République Centrafricaine.

Le rapport que l’O.N.U. vient de faire paraître dénonce une réalité insoutenable.

 

Depuis trois ans, les morts et les personnes sauvagement mutilées ne se comptent plus. Agressions sexuelles, viols, actes et pédophiles commis par des éléments des forces internationales. Déplacement massif de population à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Un avenir sans espoir pour une jeunesse à l’abandon.

Les affrontements sanglants ont pris un tour confessionnel.

Les ex-Sélékas musulmans et des mercenaires venus du Tchad, du Soudan, du Darfour et du Niger ont guerroyé contre les Antibalakas chrétiens, décidés à défendre une majorité que les musulmans menaçaient de convertir de force.

Quand ils ont envahi Bangui et chassé du pouvoir François Bozizé, président pourtant démocratiquement élu, mais abandonné par la France malgré les accords de défense, ces barbares d’un autre temps ont alors entrepris de voiler les femmes et les adolescentes. Du jamais vu en Centrafrique ! Les voiles ont commencé à fleurir dans les rue de Bangui. Des quartiers de la capitale ont été saccagés, les maisons des chrétiens pillées, des églises profanées.

Les Antibalakas chrétiens, par instinct de survie, s’en sont pris aussi aux musulmans, ce qui est tout aussi condamnable.

A partir de là, un engrenage infernal s’est emparé de la République Centrafricaine.  Dès lors, les portes de l’enfer étaient grandes ouvertes.  Il ne restait plus aux belligérants qu’à précipiter les populations dans la fournaise.

 

DES VILLES MARTYRES : UN TEST POUR LES EX-SELEKAS

C’est un plan de massacres machiavéliques qui a été concocté par les ex-Sélékas.

Ces salafistes fanatiques rêvaient de transformer la R.C.A. en califat. Pour y parvenir, ils n’ont pas hésité, dans leur furie criminelle, à utiliser des méthodes génocidaires planifiées, qu’ils ont commencé à mettre en pratique à Bangassou et à Bambari, devenues villes-martyres.

Pour 10.0000 CFA, des tueurs circulant à moto massacrent qui on veut. Le but de leurs commanditaires : décrédibiliser le président Touadera et rendre le pays ingouvernable. Voire : assassiner le chef de l’Etat. C’est le rôle dévolu à 35 mercenaires pré-positionnés à Zongo, en République Démocratique du Congo, face à Bangui. Leur mission, le moment venu, sera de rejoindre les commandos dormants infiltrés au PK5, puis de fondre sur Bangui et, enfin, prendre le pouvoir.

Pratiquement tout le monde dans la capitale est au courant de la préparation de l’apocalypse. Mais personne ne dit rien, ne fait rien. A commencer par les tuteurs internationaux, dont la France, qui donnent l’impression d’avoir conclu une sorte de deal avec les ex-Sélékas. Il consisterait à sacrifier la République Centrafricaine, alors que ces alliés étaient venus défendre et protéger les populations, afin de s’extirper à bon compte du bourbier sanglant.

La mission qui avait été confiée aux forces internationales a échoué. Jamais la menace de dislocation du pays des Bantous n’a été si proche.

 

LES INSUFFISANCES DE L’ÉTAT

Celles de Faustin-Archange Touadera et de son équipe sont manifestes. Confortablement élu à la tête de la République Centrafricaine, soulevant un immense espoir, le président avait, dans une de ses premières adresses à la nation, promis de ramener la paix et la réconciliation. De protéger les populations. De lutter contre les impunités et les injustices.

Force est de constater que, depuis son installation au Palais de la Renaissance, la situation est devenue intenable. Tous les jours, les bruits de bottes des rebelles, rythmés par les crépitements d’armes lourdes, accompagnent les Centrafricains dans leur quotidien sanglant. L’immense confiance qu’ils avaient mise dans leur Président s’est altérée et s’effrite de jour en jour.

Replié à Bangui, dans un confort et une paix illusoires, le gouvernement de Simplice Sarandji n’a pas été à la hauteur de la tâche. Son incapacité à sortir le pays de l’ornière est devenue manifeste. Des ministres inexistants, dont certains ont détourné des fonds de l’État et participé à la déchéance du pays, jouissent d’une indécente impunité. Des palabres se tiennent jour et nuit, inutiles dans un pays en guerre. Une population en désarroi attend vainement qu’on la rassure et qu’on fixe un cap pour résoudre la crise. Qu’est-ce qui fige ce gouvernement dans un tel immobilisme ? Peut-on continuer dans cette voie mortifère ?

 

UN CHANGEMENT DE GOUVERNEMENT INEVITABLE

Pour sa propre survie à la magistrature suprême du pays, le président Touadera doit changer de Premier ministre et de gouvernement. Un pays en guerre exige un gouvernement de combat. La pléthore de ministres et de conseillers à la Présidence est inutile et inefficace. Ces « gui Kobè ti té » donnent l’impression de n’être là que pour défendre leurs propres intérêts

Beaucoup pensent à Bangui que certains ministres et conseillers à la Présidence, souvent incompétents, ne doivent leur place que grâce à un népotisme qui ne dit pas son nom. Ces soupçons qui pèsent sur des membres du gouvernement ne peuvent que miner la confiance de la population.

Celle-ci a d’ailleurs commencé à s’interroger sur les capacités du Président et sur le résultat de ses actions. Si les choses ne s’améliorent pas, il est à craindre qu’elle exige qu’on la consulte à nouveau. Pour éviter cette perspective, le président Touadera doit trancher dans le vif et changer son fusil d’épaule.

Car « le peuple est fatigué d’attendre » que le jour se lève, enfin, sur son pays.

JOSEPH AKOUISSONNE