Centrafrique : coups de feu des Anti-Balaka sur le véhicule du ministre de la Sécurité publique au village Dinguiri.

Publié le 27 janvier 2019 , 3:19
Mis à jour le: 27 janvier 2019 3:26 pm

 

Centrafrique : coups de feu des Anti-Balaka sur le véhicule du ministre de la Sécurité publique au village Dinguiri.

 

 

Bangui (CNC) – Après l’attaque violente des miliciens peuls du 3R au village Zaoro-Sangou le 20 janvier dernier, le ministre de la Sécurité publique le général Henri Wanzet Linguissara, sur proposition du chef de l’État Faustin Archange TOUADERA, s’est rendu à Carnot, Gadzi,Dinguiri et Zaoro-Sangou ce jeudi 24 janvier 2019. L’objectif pour le gouvernement, assister les habitants de Zaoro-Sangou meurtris par cette attaque, mais aussi sensibiliser toutes les parties en conflit au respect des uns et autres dans la paix et la cohésion sociale. Mais les miliciens Anti-Balaka, considérés par la population locale comme des fauteurs de trouble, n’ont pas apprécié le passage du ministre et tirent sur son véhicule au village Dinguéré situé entre Carnot et Gadzi à environ 380 kilomètres de Bangui. Que s’est-il passé ? Dossier spécial du CNC.

 

Massacre de Zaoro-Sangou : origine

Selon notre enquête menée conjointement par nos journalistes venus de Berberati, de Bouar et de Bangui, l’origine de l’attaque des Peuls dans le village Zaoro-Sangou serait liée au vol du bétail par un groupe des miliciens Anti-Balaka de cette localité.

En effet, depuis le début de la saison, plusieurs dizaines des Peuls éleveurs de l’ethnie Alganda, à la recherche d’un pâturage, se sont installée proche du village Zaoro-Sangou entre Carnot et Gadzi, après l’autorisation du Maire monsieur Serge Trickssi, du sous-préfet de Gadzi et des notables de la localité.

Afin de sceller cette réconciliation tant souhaitée avec la population locale, les éleveurs peuls ont remis 4 bœufs aux autorités pour une distribution équitable à tous les villageois de Zaoro-Sangou afin de marquer leur bonne volonté à conjuguer avec tous dans le secteur.

Or, malgré ce geste des Peuls, certains jeunes de Zaoro-Sangou, qui ne sont pas d’accord avec la distribution faite par les autorités de Gadzi, ont pris leurs armes pour aller tuer 3 de ces éleveurs avant de voler 4 de leurs bœufs le 5 janvier 2019.

 

Intervention des miliciens du 3R

Le 9 janvier, le maire de la sous-préfecture de Carnot, avec son équipe, se sont rendus au village Zaoro-Sangou pour sensibiliser les jeunes à ne pas surtout toucher aux biens des autres, mais cela n’a pas pu calmer la colère des éleveurs qui ont fait appel aussitôt à la milice 3R pour leur protection.

À la surprise de tous, le 19 janvier 2019, les éléments du 3R sont arrivés au village Zaoro-Sangou.

Dans un premier temps, ils se sont passés pour des éleveurs qui veulent acheter des produits alimentaires.

Les villageois, comme souvent dans le cas, sont sortis massivement avec leurs produits sur la tête pour tenter de les faire écouler à bon prix. C’est à cet instant que les assaillants ont montré leurs vrais visages.

Ils ont tiré à bout portant partout sur les villageois, faisant sur place 17 morts, dont un gendarme et son auxiliaire pris en otage en amont sur leur barrière quelques mètres plus loin. Quatre autres corps sont retrouvés quelques mètres dans la brousse, augmentant le bilan provisoire à 21 morts sur place.

 

Arrivée des FACA et du ministre Henri Wanzet Linguissara dans la région

Face à l’arrivée massive des déplacés de Zaoro à Carnot et vue, l’ampleur du dégât causé par ce massacre, le ministre de la Sécurité publique, sur proposition du chef de l’État, s’est rendu dans la localité pour tenter de rassurer la population terrorisée jeudi dernier.

Au même moment, sur proposition de la ministre de la Défense, des FACA déployés à Bouar sont aussi arrivés dans le village Zaoro-Sangou pour rassurer aussi la population locale.

Entre temps, le ministre de la Sécurité publique, qui s’est rendu à Carnot ce vendredi 25 janvier pour tenter de faire retourner les déplacés de Zaoro-Sangou dans un véhicule des FACA, s’est confronté à un autre problème très grave d’insécurité causée par la présence massive des miliciens Anti-Balaka dans la ville avec leurs armes. (Nous reviendrons sur ce point dans un autre article).

 

Tirs sur le véhicule du ministre et des députés

 

En faisant le déplacement dans la région, le ministre Henri Wanzet Linguissara est accompagné des députés de Bocarangone, de Gadzi 1 et de Gadzi 2.

De retour de Carnot, le ministre Henri Wanzet Linguissara et les trois députés se sont arrêtés le vendredi 25 janvier au village Dinguiri pour une dernière séance de sensibilisation en faveur de paix aux jeunes du secteur.

Ce qui a été fait, mais pour des raisons encore inconnues, les miliciens Anti-Balaka, estimés à environ 500 éléments, n’ont pas apprécié la présence du ministre dans leur localité ce jour.

Au moment de quitter le village, Dinguiri, le véhicule du ministre, de son escorte lourdement armée et des trois députés qui l’ont accompagnée a essuyé des coups de feu provoqués par les miliciens Anti-Balaka.

Sans aucune réponse de la part des éléments de sécurité du ministre, le cortège a pu quitter le village pour rentrer à Bangui ce samedi 26 janvier.

Sur place dans le village, après le départ de la délégation officielle venue de Bangui, nous avons tenté en vain de comprendre pourquoi les Anti-Balaka ont tiré sur le convoi du ministre. Toutefois, la population civile locale déplore le comportement de leurs compatriotes Anti-Balaka lors du passage du ministre, et elle compte le faire savoir à la délégation.

Affaire à suivre…

 

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