Zemio au bord de la guerre communautaire

Zemio au bord de la guerre communautaire

 

Un groupe de mercenaires Wagner et des miliciens azandés posant ensemble à Zemmio.
Les mercenaires du groupe Wagner et leurs alliés azandés posent ensemble à Zemmio, après avoir pris le contrôle de la ville.

 

Bangui, CNC. La ville de Zemio, située à 1113 km de Bangui, traverse une période de tensions extrêmes qui menacent de dégénérer en conflit communautaire majeur. Depuis plusieurs semaines, la communauté musulmane subit des exactions répétées de la part de miliciens azandé, récemment intégrés dans l’armée nationale comme soldats FACA, selon la déclaration répété du gouvernement et de l’État-major des FACA. Cette situation explosive risque de plonger toute la région dans un cycle de violence aux conséquences désastreuses.

 

La guerre communautaire à Zémio : un Climat de terreur pour les musulmans.

 

Les attaques se multiplient contre les éleveurs peuls et les jeunes musulmans, créant un climat de terreur et la possible guerre communautaire à Zémio . L’imam de la mosquée centrale, Moussa Brema, a même été arrêté et maltraité publiquement, avant d’être placé sous la protection de la MINUSCA. D’autres figures de la communauté musulmane sont également ciblées, comme Agari Mahamat, président des commerçants de Zemio, et Moussa Ali, actuellement à Bangui. Ces personnalités ont été déclarées non grata  par les miliciens azandé, dans une démarche inquiétante de purge ethnique.

 

Les menaces contre la communauté musulmane se multiplient. Des écrits stigmatisant les Tchadiens circulent sur des tracts, alimentant la haine intercommunautaire et une possible guerre communautaire à Zémio. Les musulmans sont régulièrement accusés d’être des “étrangers” ou des “rebelles de l’UPC”, malgré l’absence de preuves. Cette rhétorique dangereuse rappelle les prémices de conflits ethniques ayant ravagé d’autres pays de la région, y compris la Centrafrique entre les années 2013 et 2015.

 

Exode forcé et stigmatisation et une possible guerre communautaire à Zémio .

 

Dans ce contexte explosif d’une possible guerre communautaire à Zémio, la communauté musulmane a demandé à être relogée ailleurs “pour être en paix”. Une requête qui témoigne de la gravité de la situation et du sentiment d’abandon ressenti par ces citoyens centrafricains. Plus inquiétant encore, les miliciens azandé, avec la complicité du sous-préfet Romaric Zirani, ont organisé une marche exigeant le “rapatriement” de certains musulmans, dont l’imam Moussa Brema.

 

Les forces de l’ordre à Zémio , dominées par les miliciens azandé, imposent désormais à tous les musulmans de demander des cartes de séjour, les assimilant à des étrangers dans leur propre pays. Cette mesure discriminatoire et illégale vise clairement à pousser la communauté musulmane à l’exil forcé. Le sous-préfet, Romaric Zirani, lui-même issu des rangs des miliciens Azandé, semble cautionner ces pratiques en violation flagrante de la Constitution centrafricaine.

Foule rassemblée lors de la marche organisée par les miliciens Azandé à Zémio, dans la préfecture du Haut-Mbomou, le 20 septembre 2024
Des centaines de personnes se sont rassemblées dans le cadre de l’organisation de la marche populaire contre la communauté musulmane par les miliciens Azandé à Zémio, une mobilisation sous tension dans une zone en proie à l’insécurité.

 

Risque d’une guerre communautaire imminente à Zémio .

 

Cette stigmatisation et ces violences pourraient pousser les musulmans à constituer leur propre milice d’auto-défense, ouvrant la voie à un affrontement communautaire sanglant, et une possible guerre communautaire générale à Zémio. Les tensions sont exacerbées par la présence d’éléments armés venus du Soudan et du Congo, appuyant les miliciens azandé. Cette internationalisation du conflit risque d’embraser toute la région frontalière.

 

L’inaction des autorités nationales est d’autant plus choquante que Zemio, bien que loin de Bangui, fait partie intégrante de la République Centrafricaine. Le silence assourdissant du gouvernement et des médias nationaux sur cette crise alimente le sentiment d’abandon des populations locales.

 

Un mémorandum alarmant.

 

Les organisateurs de la marche anti-musulmane du vendredi 20 septembre 2024 à Zémio ont publié un mémorandum aux accents xénophobes. Ce document exige le “rapatriement des étrangers infiltrés”, le désarmement forcé” de la communauté musulmane et le départ immédiat de l’imam Moussa Brema, qualifié d'”agent général de l’UPC”. Ces revendications, cautionnées par les autorités locales, constituent une véritable feuille de route pour une épuration ethnique.

 

Le mémorandum stigmatise également la “gestion des patrimoines centrafricains par les étrangers”, visant clairement les mosquées de Zemio. Cette rhétorique dangereuse rappelle les discours ayant précédé d’autres conflits ethniques meurtriers sur le continent.

 

Urgence d’une intervention.

 

Le gouvernement doit agir d’urgence pour protéger tous les citoyens, quelle que soit leur religion. La nomination de miliciens à des postes officiels montre ses limites désastreuses. Sans intervention rapide, Zemio risque de sombrer dans un bain de sang aux conséquences imprévisibles pour toute la région.

 

Les autorités nationales doivent :

– Déployer des forces de sécurité neutres pour protéger la population

– Destituer les responsables locaux impliqués dans les exactions

– Engager un dialogue intercommunautaire pour apaiser les tensions

– Poursuivre en justice les auteurs de violences et de discours de haine

 

La communauté internationale, en particulier la MINUSCA, doit également renforcer sa présence pour prévenir tout débordement. L’unité et la cohésion nationale de la République Centrafricaine sont en jeu. Le pays ne peut se permettre de laisser une de ses régions sombrer dans la violence ethnique, au risque de raviver les démons du passé.

 

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