Retour de Bozizé, coulisses  d’un fiasco d’une conférence de presse du gouvernement.

Publié le 20 décembre 2019 , 5:06
Mis à jour le: 20 décembre 2019 5:06 pm
François Bozizé (RCA), président de la République centrafricaine, au palais de la Renaissance le 13 mars 2013, dix jours avant la prise de Bangui par les rebelles de la Seleka. Photo de Vincent Fournier/Jeune Afrique  
François Bozizé (RCA), président de la République centrafricaine, au palais de la Renaissance le 13 mars 2013, dix jours avant la prise de Bangui par les
rebelles de la Seleka. Photo de Vincent Fournier/Jeune Afrique

 

Retour de Bozizé, coulisses  d’un fiasco d’une conférence de presse du gouvernement.

DOSSIER SPÉCIAL

 

Bangui (République centrafricaine) – C’est désormais officiel. Pour ceux qui doutent encore, l’ancien président François Bozizé est bel et bien de retour. Son parti, le KNK, le confirme, tout comme certains leaders de l’opposition démocratique qui ont pu le rencontrer ce jeudi 19 décembre à Bangui. Pendant ce temps, le gouvernement, qui avait nié sa présence sur le territoire national, l’a finalement confirmée, mais seulement 72 heures après la déclaration officielle du KNK. Que s’est-il passé depuis lors ? Enquêtes du CNC au cœur des coulisses d’un gigantesque fiasco politique au sommet de l’État.

 

Rentré discrètement à l’insu des autorités du pays, l’ancien président de la République, François Bozizé, en exil en Ouganda depuis sa chute en 2013, avait officialisé sa présence dans la capitale centrafricaine le dimanche 15 décembre, avant d’envoyer le lendemain ses émissaires au palais présidentiel pour informer le chef de l’État Faustin Archange TOUADERA de son retour au pays.

Entre temps, la présidence de la République, qui avait nié en bloc sa présence sur le territoire national, explique n’avoir rien reçu comme message de la part de l’ancien président François Bozizé. Depuis cette date, c’est la confusion totale au sommet de l’État.

Sous pression de l’opinion publique et de la communauté internationale, une conférence de presse, qui devrait réunir des membres du gouvernement et des magistrats, a été annoncée dans la foulée pour mercredi 18 décembre dans la salle de conférence de la radio Centrafrique, avec un seul objectif, démentir catégoriquement toutes les allégations qui faisaient état de la présence de l’ancien président de la République sur le territoire centrafricain.

Cependant, l’ancien procureur de la République près le tribunal de grande instance de Bangui, le magistrat Ghislain Grezengué, qui devrait aussi participer à ladite  conférence de presse, était sur le point de quitter son domicile quand il a vu sur les réseaux sociaux une publication du parti KNK montrant l’ancien chef de l’État François Bozizé entouré des personnalités de son parti. À cet instant, c’est la confusion totale. Sans plus tarder, le magistrat appelle immédiatement ses collègues et les membres du gouvernement pour leur annoncer que l’ancien chef de l’État est bel et bien à Bangui. Incroyable, mais vrai !

Aussitôt, un message est envoyé à tous les journalistes qui étaient déjà présents dans la salle de conférence de la radio Centrafrique pour leur annoncer que « En raison des impératifs gouvernementaux » la conférence de presse est annulée.

 

Un échec cuisant pour les autorités de Bangui

À cet instant, des appels téléphoniques fusent de partout pour demander des conduites à tenir. Sur l’instruction du chef de l’État, le Premier ministre Firmin NGRÉBADA ordonne la publication d’un simple communiqué de presse qui sera lu le lendemain, c’est-à-dire jeudi 19 décembre, reconnaissant enfin la présence de l’ancien président centrafricain à Bangui, avec des mots savamment choisis pour cacher leur incompétence : «   le gouvernement a été informé par le parti KNK que l’ancien Président François Bozizé était à Bangui « , peut-on lire dans le communiqué laconique du gouvernement.

Un échec total non seulement pour le président de la République et son gouvernement, mais aussi du service de renseignement sous contrôle des espions russes qui terrorisaient les populations avec leur fausse histoire des écoutes téléphoniques ciblés dans le pays.

 

Mais comment François Bozizé était-il rentré?

Selon une source bien informée, celui-ci aurait transité par la République du Congo, en voiture depuis Brazzaville avant de franchir la frontière de la République centrafricaine avec le soutien actif de l’ancien président de l’assemblée nationale Abdoul Karim Meckassoua. Vrai ou faux ? Nul ne peut le savoir hors-mis ses entourages qui gardent encore le secret de son retour au pays.

 

Quel avenir politique pour l’ancien président François Bozizé?

 

Même si le KNK l’avait choisi comme leur unique candidat à la présidentielle de 2020, tout porte à croire que sa candidature ne sera pas probablement validée par l’autorité nationale des élections en raison des poursuites judiciaires et des sanctions des Nations unies qui pèsent encore sur lui.

Pour autant, son état de santé, très fragile, selon plusieurs sources proches de son parti, risquerait de le disqualifier dans les prochains combats politiques dont il rêvait jouer.

 

Un dossier spécial proposé par Gisèle MOLOMA

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