Prise en otage russe du blé ukrainien : risque de famine sur le continent africain

Publié le 14 juin 2023 , 7:30
Mis à jour le: 14 juin 2023 3:20 pm

Prise en otage russe du blé ukrainien : risque de famine sur le continent africain
Fao, organisation des nations unies pour l'alimentation

 

 

Bangui, 15 juin 2023 (CNC) —  La Russie est prête à provoquer une famine en Afrique pour servir ses intérêts dans le conflit ukrainien. Les récentes inquiétudes de l’ONU sur l’approvisionnement alimentaire en raison du blocage par la Russie des céréales ukrainiennes en mer Noire laissent craindre le pire pour le continent. Au même moment, le Programme alimentaire mondial et la FAO alerte sur le risque aigu d’insécurité alimentaire dans 22 pays, dont la Centrafrique. Alors que l’Afrique subsaharienne se remet à peine des conséquences de la crise Covid et que l’inflation continue d’augmenter, il est légitime de se demander si le continent peut se permettre de dépendre du chantage de la Russie en mer Noire. A l’approche du sommet Russie-Afrique, il est temps de s’interroger sur la volonté de Russie qui ne semble pas se préoccuper du développement de l’Afrique.

 

Un ralentissement des exportations inquiétant

 

L’ONU s’est dite « inquiète » du « ralentissement » de la mise en œuvre de l’accord permettant l’exportation des céréales ukrainiennes via la mer Noire évoquant « le spectre de l’inflation des prix alimentaires ». ** D’une très grande importance pour le continent africain, l’accord pour l’approvisionnement alimentaire mondial, signé en juillet 2022 par la Russie, l’Ukraine, la Turquie et les Nations unies, a été renouvelé en mai, seulement pour deux mois. Habituellement renouvelé pour 120 jours, la Russie a réduit l’accord à 60 jours, mécontente de l’application d’un deuxième accord devant faciliter ses propres exportations, notamment d’engrais. « Nous sommes inquiets concernant la poursuite du ralentissement de la mise en œuvre de l’Initiative céréalière de la mer Noire, observé en particulier en avril et en mai », a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU.

« Une situation grave » : La Russie pointée du doigt par l’ONU

 

 

En mai, 33 navires ont quitté les ports ukrainiens, la moitié moins par rapport à avril. Seulement trois sont partis du port de Youjne/Pivdenny, l’un des trois couverts par l’Initiative », a noté M. Dujarric. Résultat, 1,3 million de tonnes de céréales ont été exportées en mai, « moins de la moitié que le mois précédent ». Le porte-parole d’Antonio Guterres a pointé le rôle de la Russie dans ce ralentissement. La Russie « a informé de sa décision de limiter les enregistrements au port de Youjne/Pivdenny tant que l’ammoniac n’est pas exporté », a-t-il expliqué. Moscou réclame la reprise du fonctionnement du pipeline Togliatti-Odessa pour les livraisons d’ammoniac, un composant chimique essentiel de l’engrais minéral. Les équipes d’inspections des navires du Centre conjoint ont été réduites de trois à deux depuis fin mai, a ajouté M. Dujarric, précisant que désormais il n’y avait plus en moyenne que trois navires inspectés chaque jour. « C’est une situation grave. Nous devons avancer », a-t-il insisté.

Le spectre de la famine pour l’Afrique

« Les foyers de famine dans le monde augmentent et le spectre de l’inflation des prix alimentaires et de la volatilité des marchés menace dans tous les pays » alerte le porte-parole. D’après Sébastien Abis, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques, l’apport ukrainien reste « vital » : « personne n’est venu remplacer l’Ukraine sur les marchés mondiaux ».

Alors que l’approvisionnement en céréales pour l’Afrique est de plus en plus critique, l’ONU alerte la même semaine que la famine risque de se propager dans 22 pays du monde. Le rapport de la FAO et du Programme alimentaire mondial souligne notamment le débordement de la crise soudanaise qui fragilise déjà les pays voisins. La RCA fait partie des « points chauds » très préoccupants qui comptent un grand nombre de personnes confrontées à une insécurité alimentaire critique. 4e pays le plus pauvre au monde, la Centrafrique a vu sa situation économique et sociale se dégrader depuis le partenariat avec la Russie de 2018.

Le chantage de la Russie en mer Noire n’est qu’un indice supplémentaire du manque d’intérêt de la Russie pour l’Afrique. Présente sur le continent pour exploiter les ressources naturelles à son profit, la Russie ne se préoccupe pas du risque de catastrophe humanitaire sur le continent. Les mercenaires de Wagner qui prospèrent sur l’insécurité ont d’ailleurs intérêt à ce que la population reste à un niveau de sous-développement. A partir de ces éléments, on peut se demander si le sommet Russie-Afrique en juillet 2023 a le moindre intérêt pour les peuples africains.

 

Par Adama Bria

 

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