lundi, décembre 2, 2024
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La tyrannie fiscale s’abat sur les commerçants de Bangui

La tyrannie fiscale s’abat sur les commerçants de Bangui

 

Croisement du marché PK5 dans le troisième arrondissement de Bangui. Photo Bobérang/ CNC, illustrant l'article sur  L'Harcèlement Fiscal : Une Menace Pour les Opérateurs Économiques de Bangassou
Croisement du marché PK5 dans le troisième arrondissement de Bangui. Photo Bobérang/ CNC

 

Par la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique.

 Une nouvelle forme d’oppression économique est en train de frapper le marché Mamadou Mbaïki du PK5 de Bangui. Des agents du fisc, investis d’une autorité démesurée, terrorisent les commerçants de Bangui en exigeant le paiement anticipé des impôts pour 2025, alors même que les taxes de 2024 sont déjà acquittées.

 

Un racket institutionnalisé des commerçants de Bangui  qui étouffe l’économie

 

Depuis une semaine, les scènes de pression fiscale se multiplient dans les allées du plus grand marché de Bangui. Des agents du ministère des Finances, investis d’une autorité contestable, passent de boutique en boutique pour exiger des sommes astronomiques aux commerçants de Bangui. Les montants réclamés atteignent parfois 500 000, voire un million de francs CFA, alors même que les commerçants de Bangui ont déjà honoré leurs obligations fiscales pour l’année 2024.

 

“Payez ou nous fermerons votre boutique”, tel est l’ultimatum lancé aux commerçants de Bangui . Face à ces menaces, beaucoup se voient contraints de céder, mettant en péril l’équilibre précaire de leur activité. Cette pratique aberrante expose la dérive d’une administration qui bafoue les principes élémentaires du droit fiscal.

 

Les dessous d’une politique prédatrice

 

Cette pression fiscale démesurée sur les commerçants de Bangui  trouve son origine dans les engagements financiers colossaux de l’État centrafricain. Le gouvernement, aux prises avec des dépenses exorbitantes, notamment pour l’entretien des forces étrangères présentes sur le territoire (Wagner et rwandais) , cherche désespérément à renflouer ses caisses.

 

Les chiffres donnent le vertige : 400 millions de francs CFA par semaine, plus de deux milliards par mois sont engloutis dans ces dépenses, sans compter l’exploitation systématique des ressources minières et forestières du pays par les russes et les rwandais. Pendant ce temps, l’État continue de tendre la main aux bailleurs internationaux, comme en témoigne le récent versement de 10 millions d’euros par la France au Trésor public.

 

Un double jeu cynique avec les bailleurs occidentaux

 

Pendant que le gouvernement mendie des fonds auprès des institutions financières internationales – la France venant d’octroyer 10 millions d’euros – les mercenaires russes pillent méthodiquement les ressources nationales à travers leur mainmise sur les mines, les forêts et les douanes. Un système pervers où l’aide occidentale finit indirectement dans les poches de Wagner, contournant ainsi les sanctions internationales contre la Russie.

 

Un système qui asphyxie l’économie réelle

 

Les répercussions de cette politique fiscale agressive sur les commerçants de Bangui  sont désastreuses pour l’ensemble de la société centrafricaine. Les commerçants, déjà soumis à une cascade de taxes lors de l’importation de leurs marchandises, se trouvent contraints de répercuter ces charges supplémentaires sur leurs prix de vente.

 

Cette inflation artificielle frappe une population déjà éprouvée par la hausse des carburants, les taxes sur les transactions financières et l’augmentation des tarifs des communications mobiles. Le pouvoir d’achat des Centrafricains, déjà fragile, s’érode inexorablement.

 

Un contraste saisissant avec le train de vie de l’État

 

L’argument du gouvernement impécunieux ne résiste pas à l’analyse des dépenses gouvernementales. Les voyages présidentiels engloutissent des sommes faramineuses – jusqu’à un milliard de francs CFA pour un seul déplacement – pendant que la population s’enfonce dans la précarité.

 

Cette gestion dispendieuse des deniers publics contraste douloureusement avec l’acharnement fiscal dont sont victimes les acteurs économiques nationaux. les commerçants de Bangui, qui font vivre des milliers de familles à travers leurs activités, se retrouvent pris en étau entre des charges insupportables et la nécessité de maintenir leur commerce.

 

Un avenir économique compromis

 

L’expert Laurent Marshall avait prévenu : “Quand les Centrafricains prendront conscience de l’ampleur du pillage de leur pays, il sera trop tard”. Cette prophétie semble aujourd’hui se réaliser sous nos yeux. Le tissu économique national, malmené par une fiscalité prédatrice, montre des signes inquiétants d’essoufflement.

 

La multiplication des taxes et leur recouvrement anticipé créent un climat délétère qui décourage l’initiative privée et menace la survie même du commerce national. Cette spirale négative risque d’entraîner la faillite de nombreuses entreprises et d’aggraver le chômage dans un pays déjà durement éprouvé.

 

L’heure n’est plus aux constats mais à l’action. La survie économique de Bangui dépend de la capacité des autorités à mettre fin à ces pratiques fiscales abusives et à restaurer un climat de confiance propice aux affaires. Sans un changement radical de politique, c’est l’avenir même du pays qui se trouve hypothéqué.

 

Dr. Alain Nzilo

Directeur de Publications

Corbeaunews Centrafrique

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