Crise sanitaire silencieuse en Centrafrique : l’hôpital secondaire de Bakouma, un symbole poignardant de la négligence médicale

Publié le 27 août 2023 , 7:20
Mis à jour le: 27 août 2023 1:00 pm

Crise sanitaire silencieuse en Centrafrique : l’hôpital secondaire de Bakouma, un symbole poignardant de la négligence médicale

 

 

 

Bangui, 28 août 2023 (CNC) – La République centrafricaine, déjà ébranlée par des défis sécuritaires, lutte dans l’ombre d’une crise sanitaire majeure depuis des années. Malgré la précarité des soins et l’espérance de vie chancelante, l’urgence de cette situation reste largement méconnue, mettant en lumière un manque crucial d’attention et d’assistance humanitaire.

 

Dans les recoins négligés par les grands titres et les gros titres, une tragédie sanitaire discrète continue de déchirer la République centrafricaine. Une nation déjà aux prises avec des turbulences sécuritaires prolongées se débat également contre un fléau médical qui échappe à la vue du grand public. Malgré la profonde fragilité du système de santé, cette crise semble se jouer dans l’ombre, avec peu de ressources allouées pour inverser cette trajectoire sombre.

 

C’est dans ce contexte que le Dr Louis-Marie Sabio se tient au cœur d’un hôpital abandonné, l’hôpital secondaire de Bakouma, un symbole poignardant de la négligence médicale. Ayant repris les rênes de cet établissement en 2023, le Dr Sabio témoigne du désespoir qui imprègne cet endroit autrefois vital. Pendant plus d’une décennie, l’hôpital a été confié aux mains d’un assistant de santé, laissant les installations sombrer dans la décrépitude. L’absence d’électricité, d’équipements médicaux élémentaires et même de médicaments de base peint un tableau de désolation qui met en lumière une crise sanitaire profonde et persistante.

Hôpital de Koui. Credit photo : Gervais Lenga pour CNC.

 

Pourtant, cet hôpital délabré de Bakouma n’est pas un cas isolé. Il reflète tristement une réalité répandue à travers le pays. Bien que positionné en haut de la “pyramide sanitaire”, censé représenter un niveau d’excellence dans les soins, l’hôpital de Bakouma est devenu un exemple troublant de l’effritement du système de santé centrafricain. L’absence de soutien organisationnel se traduit par des poules qui arpentent les couloirs vides et moins de 10 patients alités dans une structure qui devrait être un phare d’espoir pour la communauté. Les rares efforts de soutien, principalement fournis par Médecins Sans Frontières (MSF), soulignent l’urgence d’une intervention humanitaire à grande échelle.

 

Le manque de ressources médicales, humaines et matérielles jette une lumière crue sur la crise sanitaire en République centrafricaine. Moins de la moitié des installations de soins dans le pays sont fonctionnelles, une statistique alarmante dévoilée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Ministère de la Santé. Le chiffre anémique d’environ 0,6 médecin pour 10 000 habitants met en relief une pénurie de soins médicaux criante, donnant lieu à l’une des espérances de vie les plus basses au monde – seulement 54 ans. Cette réalité implacable affecte particulièrement les femmes enceintes et les enfants, avec des taux de mortalité alarmants.

 

Les racines de cette crise sanitaire plongent profondément dans des décennies d’instabilité politique et de violences alimentées par des groupes armés. Les conséquences se traduisent par plus de la moitié de la population, soit six millions de Centrafricains, nécessitant une aide humanitaire pour survivre. Dans cette situation, l’intervention de MSF revêt une importance vitale. Avec environ 3000 travailleurs répartis entre la capitale, Bangui, et les provinces, MSF apporte un soutien indispensable aux autorités sanitaires pour étendre l’accès aux soins à travers le pays.

 

La République centrafricaine fait face à une double crise, mêlant sécurité précaire et système de santé effondré. Alors que la communauté internationale se penche sur les enjeux sécuritaires, il est impératif de ne pas oublier l’urgence tout aussi critique de la crise sanitaire. Une action concertée, une mobilisation des ressources et une attention continue sont nécessaires pour allumer un flambeau d’espoir dans cette ombre médicale persistante. La République centrafricaine a besoin de la solidarité mondiale pour surmonter ces défis et offrir une chance de vie meilleure à ses citoyens.

 

Par Alain Nzilo

Directeur de publications

 

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