Centrafrique : Suspension d’un médecin à Bangui, Dr Herman Deguene , une goutte d’eau dans un chaos sanitaire…

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Centrafrique : Suspension d’un médecin à Bangui, Dr Herman Deguene , une goutte d’eau dans un chaos sanitaire…

 

Centrafrique : Suspension d’un médecin à Bangui, Dr Herman Deguene , une goutte d’eau dans un chaos sanitaire…
Au bloc opératoire de l’hôpital communautaire

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Le Dr Herman Deguene, interdit d’exercer sur le territoire centrafricain pour un acte illégal fatal, cristallise la colère. Derrière cette sanction, c’est tout un chaos sanitaire centrafricain qui éclate au grand jour, entre hôpitaux délabrés et décisions absurdes.

 

En effet, le 7 mars dernier, le Conseil National de l’Ordre des Médecins, Chirurgiens-Dentistes et Pharmaciens de Centrafrique a suspendu le Dr Herman Deguene pour avoir pratiqué un acte médical non autorisé ayant entraîné le décès d’une patiente. Cette décision, rare dans un secteur médical où les professionnels opèrent souvent dans des conditions précaires, provoque à la fois des applaudissements et des interrogations sur les dysfonctionnements systémiques du système de santé centrafricain.

 

Un médecin sanctionné pour un acte médical illégal

 

Le 7 mars 2023, le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) a prononcé la suspension du Dr Herman Deguene, l’interdisant d’exercer la médecine sur l’ensemble du territoire centrafricain. Selon un document officiel signé par le Pr Boniface Koffi, président du Conseil, le médecin aurait pratiqué un avortement clandestin sur Christiane Ange Traziou, une jeune femme de 21 ans, entraînant son décès.

 

L’affaire a pris une ampleur médiatique après la diffusion sur les réseaux sociaux d’un message de la famille de la victime, dénonçant un « crime médical impuni ». Une capture d’écran d’une conversation sur une application de messagerie, relayant une publication intitulé « Cri de cœur de la famille de la jeune étudiante de 21 ans tuée par son copain médecin Herman Deguene à l’Hôpital Communautaire »* a attiré l’attention du public. La famille, sous le choc, réclame justice pour leur fille.

 

Ainsi, le Conseil de l’Ordre a justifié sa décision en invoquant plusieurs infractions :

– La pratique d’un acte médical prohibé ayant causé la mort de la patiente.

– Le refus du médecin de répondre à une convocation du Conseil.

– La fuite du Dr Deguene après les faits.

 

Un communiqué officiel, publié le 5 mars 2025, a convoqué le médecin à une réunion d’urgence à la Faculté des Sciences de la Santé de Bangui. Son absence a conduit à sa suspension immédiate, en attendant son passage devant le conseil de discipline.

 

Un secteur médical en pleine crise

 

Si la sanction du Dr Deguene répond à un manquement grave, elle met également en lumière les défaillances structurelles du système de santé centrafricain. Dans un pays où exercer la médecine relève souvent de l’exploit, les professionnels de santé font face à des conditions de travail extrêmement difficiles.

 

Le manque de matériel médical de base est criant. Dans les blocs opératoires, les coupures d’électricité en pleine intervention obligent les chirurgiens et sages-femmes à recourir à des lampes torches de téléphone portable pour poursuivre leur travail. Certaines salles d’opération, dépourvues d’équipements adéquats, ressemblent davantage à des espaces de stockage qu’à des lieux de soins.

 

Ces déficiences ont un impact direct sur la mortalité. Les pénuries d’oxygène et les coupures d’électricité dans les services de réanimation sont des causes fréquentes de décès. Pourtant, ces drames restent souvent invisibles, sans que des responsabilités ne soient clairement établies.

 

En sanctionnant un praticien pour faute grave, le Conseil de l’Ordre des Médecins envoie un signal fort. Toutefois, cette rigueur devrait également s’appliquer aux autorités sanitaires et aux acteurs institutionnels responsables de l’état déplorable du système de santé.

 

L’implication du ministre de la Santé : une décision aux lourdes conséquences

 

L’affaire Herman Deguene a également dévoilé des décisions controversées au sein du ministère de la Santé. À la suite du décès de la cousine du ministre de l’Énergie, Artur Bertrand Piri, le ministre de la Santé — lui-même médecin — a ordonné la fermeture du service de traumatologie de l’hôpital communautaire de Bangui.

 

Les conséquences ne font pas attendre. Les patients victimes d’accidents ou de blessures graves n’ont pas pu être pris en charge à temps, entraînant plusieurs décès évitables. Cette décision, jugée irréfléchie, illustre le manque de considération pour les besoins des patients dans les prises de décision politiques. Pourtant, aucune sanction n’a été prise contre le ministre, contrairement au cas du Dr Deguene.

 

L’HINERCA, un gros acteur au cœur des scandales médicaux en RCA

 

L’HINERCA, acteur clé du système de santé centrafricain, est régulièrement impliquée dans des affaires de négligence ayant conduit à des décès. Selon plusieurs témoignages recueillis par la rédaction du CNC, si des plaintes en justice étaient automatiquement déposées contre cette institution, celle-ci pourrait être contrainte de réformer ses pratiques. Pourtant, les actions en justice contre l’HINERCA restent rares.

 

Le Conseil de l’Ordre a démontré sa volonté de sanctionner les fautes médicales individuelles. Cependant, son action devrait s’étendre aux dysfonctionnements systémiques, incluant les défaillances administratives et les décisions politiques irresponsables.

 

Vers une refonte du système disciplinaire médical ?

 

La suspension du Dr Herman Deguene marque une prise de position inédite du Conseil National de l’Ordre des Médecins en Centrafrique. Toutefois, cette décision pose des questions capitales :

– Pourquoi certaines erreurs médicales sont-elles sanctionnées, tandis que d’autres, tout aussi graves, restent impunies ?

– Pourquoi le ministre de la Santé n’a-t-il pas été inquiété après la fermeture du service de traumatologie, qui a causé des décès évitables ?

– Quand l’État assumera-t-il ses responsabilités face aux conditions de travail indignes des professionnels de santé ?

 

L’avenir du système de santé centrafricain dépendra de la capacité des autorités à appliquer des sanctions équitables et à mettre en œuvre des réformes structurelles. Si le Conseil de l’Ordre a montré qu’il peut sanctionner les médecins, une question demeure : qui sanctionnera les responsables politiques et les institutions défaillantes… ?

 

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