CENTRAFRIQUE : QUE RESTERA T-IL D’UN DIALOGUE POLITIQUE S’IL N’EST PAS INCLUSIF, TRANSPARENT ET DÉMOCRATIQUE ?

Publié le 17 juillet 2021 , 7:25
Mis à jour le: 17 juillet 2021 7:25 am

 

Bangui, République centrafricaine, samedi, 17 juillet 2021 ( Corbeaunews – Centrafrique ). Depuis le retour à l’ordre constitutionnelle jusqu’à la réélection très contestée du président de la république, les autorités établies peinent à restaurer la paix vecteur de tout développement. En effet, les offensives militaires des forces armées centrafricaines appuyées par les alliés russes et rwandais ont permis la reconquête virtuelle des territoires sans véritablement ramener la paix de façon durable et définitive.

Monsieur Bernard Selembi Doudou, l'auteur de l'article. Photo de courtoisie.
Monsieur Bernard Selembi Doudou, l’auteur de l’article. Photo de courtoisie.

 

Convaincu d’avoir dompté toutes les institutions de la république teintées majoritairement de la couleur du parti au pouvoir, le président de la république a initié un dialogue politique qualifié de « républicain » qui exclut systématiquement  les principaux acteurs de la crise. Ce qualificatif de « républicain » voulu à desseins par le chef de l’état oblige les intellectuels et l’opinion publique nationale de cerner et de décrypter la définition étymologique de la notion au point de s’interroger sur les critères d’être républicain.

Au demeurant, un dialogue politique réfléchi sensé garantir une paix durable nécessite la participation des véritables acteurs et non une cooptation entre des entités satellites ou hybrides destinées à biaiser l’objectif. En conséquence de ce qui précède, le décret portant création et organisation du comité préparatoire des travaux doit être révisé en recherchant l’équité et la compétence. D’ailleurs, la réception de la classe politique par le directeur du cabinet présidentiel est un début de prise de conscience et nous devons l’encourager à aller au bout de sa logique. Satisfait de la démarche du proche collaborateur du président de la république, le citoyen lambda ne peut se priver de quelques interrogations :

Le but recherché par ce dialogue politique est-il véritablement la résolution durable de la crise ?

Comment peut-on comprendre une esquisse de règlement de conflits sans les principaux acteurs ?

Comment peut-on comprendre le refus de dialoguer avec les groupes armés qui sont des partenaires d’hier alors qu’ils sont majoritairement représentés dans le nouveau gouvernement ?

Comment peut-on  reconnaître la part de responsabilités de chacun si les autres sont exclus ?

Cette parodie de dialogue ne s’érigeait-il pas en  une cour martiale qui ne privilégiera que les intérêts de celui qui a gagné la guerre ?

Que craignent les autorités établies dès lors que toutes les institutions républicaines prévues par la constitution sont déjà installées aux couleurs du MCU y compris le nouveau gouvernement ?

Le refus systématique et catégorique du caractère inclusif du dialogue politique cache t-il un projet égoïste et machiavélique ?

Les autorités de Bangui pensent-elles détenir la vérité absolue sur le format du  dialogue politique contre cette horde ou cohorte de citoyens qui réclame un dialogue politique inclusif ?

Visiblement le patronyme du président de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC) les dérange ou les irrite, en conséquence un dialogue politique inclusif sans la présence physique du président de la CPC est-il envisageable ?

Se référant de la vieille maxime politique qui dit que « gouverner, c’est prévoir », nous tenons à rappeler humblement le président de la république que dialoguer exclusivement avec les siens est synonyme de monologue qui constitue un symptôme ou un signe extérieur d’un système grippé, qui disjoncte c’est à dire en total déphasage avec la réalité…source d’inquiétudes des investisseurs internationaux.

Fort de ce qui précède, le comité préparatoire et le dialogue politique lui-même doit être largement inclusif pour intégrer les différentes thématiques vitales dérivées de la crise. Pour ce faire et pour des raisons de fluidité, l’acceptation d’un médiateur international et indépendant est indispensable pour garantir la neutralité ou l’impartialité, la transparence et la crédibilité auprès de la communauté internationale.

Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites surtout pas que c’est moi.

 

Paris le 17 juillet 2021.

Bernard SELEMBY DOUDOU.

Juriste, Administrateur des élections.

Tel : 0666830062.

 

 

Envoyé de mon iPhone

 

Aucun article à afficher