Centrafrique : discours en visioconférence du général de brigade MAIO, commandant de l’EUTM RCA et Moussa NÉBIÉ, représentant spécial de l’Union Africaine devant le conseil de sécurité de l’ONU.

Visioconférence du général MAIO, commandant de l’EUTM et Moussa NÉBIÉ, représentant spécial de l’Union Africaine avec le conseil de sécurité de l’ONU le 21 juin 2018.

 

 

Centrafrique : discours en visioconférence du général de brigade MAIO, commandant de l’EUTM RCA et Moussa NÉBIÉ, représentant spécial de l’Union Africaine devant  le conseil de sécurité de l’ONU.

 

 

Discours du général de brigade MAIO, Commandant la mission EUTM RCA.

 

Bonjour. Je suis le général de brigade MAIO, commandant de la Mission de formation de l’Union européenne en République centrafricaine (EUTM RCA). Je vous suis reconnaissant d’avoir l’opportunité d’évoquer le redéploiement des Forces Armées centrafricaines (FACA) et le soutien opérationnel et logistique requis par la MINUSCA.

EUTM1 contribue à la réforme du secteur de la Défense, dans le cadre de la réforme du secteur de la sécurité coordonnée par la MINUSCA. Notre mandat en République centrafricaine comprend: •   une offre de conseil stratégique, d’éducation et de formation au ministère de la Défense et aux Forces

Armées centrafricaines ; •   l’assistance aux autorités centrafricaines en vue de la modernisation des FACA, en tant que Forces

Armées autonomes, crédibles, responsables, ethniquement équilibrées et sous contrôle démocratique.

EUTM RCA achève actuellement son premier mandat de deux ans. Lors de celui-ci, nous avons formé ou validé près de 3 000 soldats, dont 3 bataillons d’infanterie. Les États-membres de l’UE vont bientôt décider de la reconduction de notre mandat, pour deux ans. Ce renouvellement nous permettra d’une part de poursuivre notre mission de formation en élargissant notre zone de mission à un nouveau centre de formation à BOUAR, d’autre part de soutenir les Forces de sécurité intérieure (FSI).

Le mandat de l’EUTM RCA établit la nécessité d’une coordination étroite avec la MINUSCA2 et fixe notre rôle en tant qu’organe consultatif sur les questions de Défense pour le redéploiement des FACA dans tout le pays.

Tous les acteurs politiques et les partenaires internationaux s’accordent à dire que le rétablissement rapide de l’autorité de l’État dans tout le pays est le facteur-clé de la résolution de la crise. Ainsi, le redéploiement

 

1 Lancé en juillet 2016 en tant que troisième engagement de l’UE dans le pays en réponse à la crise violente apparue en 2013 (les précédents engagements étant EU FOR RCA et EUMAM RCA). 2 Le « plan d’action conjoint MINUSCA – Délégation de l’UE — EUTM RCA d’appui à la réforme du secteur de la sécurité et de l’État de droit en République centrafricaine» signé en juillet de l’année dernière vise à définir les bases de notre coordination et de la complémentarité de toutes les activités.  

progressif des Forces Armées, de concert avec celui des Forces de sécurité intérieure, est un élément essentiel pour permettre non seulement le retour des institutions et des services publics sur l’ensemble du territoire, mais aussi pour dissuader les groupes armés, en permettant les conditions de la réconciliation et de la paix.

Les Forces Armées centrafricaines entraînées par l’EUTM ont déjà commencé à se déployer à OBO, PAOUA, SIBUT et, récemment, à BANGASSOU, avec le soutien de la MINUSCA3 malgré des contraintes logistiques et tactiques considérables. La semaine dernière, les FACA ont atteint le nombre de 638 soldats déployées hors de BANGUI. Les rapports sur leurs comportements et leur efficacité dans ces déploiements conjoints ont été positifs, tant du point de vue opérationnel que des ONG et de l’opinion publique.

Maintenant que les FACA formées ou validées par l’EUTM sont armées et équipées par des États-tiers, nous ne devons pas perdre de vue leur redéploiement et leur opérationnalisation. Pour cela, la MINUSCA reste un partenaire incontournable. Le soutien continuo aux FACA lors des déploiements opérationnels conjoints est essentiel. Comme indiqué dans la lettre du Secrétaire général des Nations Unies (paragraphe 38), « Il est important de noter que, si l’appui opérationnel et logistique décrit cidessus n’était pas fourni par la MINUSCA ou au moyen d’accords bilatéraux, la capacité des Forces armées centrafricaines et des forces de police et de gendarmerie qui les accompagnent d’accomplir les tâches essentielles de sécurité qui leur sont confiées pourrait être considérablement amoindrie et la progression du processus politique et de la stabilisation du pays, fortement ralentie». L’EUTM soutient ces recommandations d’appuis opérationnel et logistique.

 

 

 

Il est néanmoins important de garder à l’esprit les limites auxquelles sont confrontées les FACA lors de ces déploiements immédiats. Les contraintes logistiques, de commandement et de contrôle sont nombreuses lors de tant d’opérations à travers le vaste territoire de la RCA. Les déploiements immédiats doivent donc être considérés comme une phase de transition. Ils doivent être complétés par le déploiement en garnison, qui est le cadre d’emploi des FACA tel qu’établi dans le Plan de Défense Nationale.

 

Ce déploiement en garnison doit permettre aux FACA de soutenir les opérations, si nécessaire dans des zones désignées, rassurant ainsi la population et contribuant à un environnement sûr et sécurisé. Le

 

3 Conformément au Plan d’action opérationnel commun conjoint FACA / MINUSCA, signé le 5 mai 2018. 4 Notamment dans les domaines du transport, du soutien médical, et classe III (POL), mais aussi de l’escorte sur les routes sensibles; du soutien aérien si nécessaire; et enfin du soutien mutuel pendant les opérations conjointes au niveau tactique est nécessaire.  

 

déploiement en garnison représentera cependant un effort considérable, notamment dans le développement des infrastructures comme dans celui des capacités de soutien.

 

 

La première étape devrait être franchie à BOUAR. Tête de pont pour des opérations ultérieures dans l’ouest du pays, cette garnison permettra de contrôler une région essentielle pour l’économie de la RCA. BOUAR sera établi conformément au modèle de garnison : les autorités centrafricaines prévoient d’y déployer un bataillon, de créer une école de sous-officiers ainsi qu’un centre de formation, en étroite coordination avec l’EUTM. L’Union européenne s’est engagée résolument dans ce plan en assumant des projets d’infrastructure essentiels. D’autres pays ou organisations internationales pourraient soutenir des projets similaires dans d’autres régions de la RCA, conformément au Plan de Défense Nationale, signé par le président TOUADERA.

Enfin et surtout, je voudrais attirer votre attention sur l’importance de l’Initiative de l’Union africaine. Malgré les progrès réalisés dans la reconstruction des FACA, la crise en RCA ne serait être résolue que par le seul recours à la force militaire. L’augmentation des capacités des FACA et leur emploi opérationnel doivent contribuer à la création de conditions propices au processus de négociation politique, préalable à la réconciliation nationale. Dans ce contexte, l’engagement des pays de la région et la mise en oeuvre du processus DDRR5 sont absolument indispensables pour rendre la paix possible en RCA.

 

En résumé, il est de la plus haute importance que la MINUSCA apporte son soutien au redéploiement des FACA. En effet, le déploiement en garnison des Forces Armées formées ou validées par l’EUTM doit permettre l’extension et l’exercice de l’autorité de l’Etat par le gouvernement. Cela favorisera ensuite la réconciliation nationale, créant alors les conditions d’une stratégie de sortie de la RCA.

 

Général de brigade MAIO

 

Commandant la mission EUTM RCA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

’ Démobilisation, désarmement, réintégration et rapatriement  

 

EUTM RCA CampMoana/UCATEX, Avenue des Martyrs BP 729 BANGUI