Centrafrique: Dire les choses telles qu’elles sont : Il nous faut créer un nouvel Etat, Et un Symbole fort de la république

Publié le 11 mars 2016 , 8:42
Mis à jour le: 11 mars 2016 8:42 pm

(Corbeau News Centrafrique)

Robert INZA
Monsieur Robert INZA

Dire les choses telles qu’elles sont : Il nous faut

créer un nouvel Etat, Et un Symbole

fort de la république

Bangui, (R.E.P), 12-03-2016

De la création d’un nouveau Etat : République de l’Oubangui Chari.

Certes, ce n’est pas en changeant de nom, qu’il nous sera possible de changer les choses. Mais ce n’est pas aussi en gardant le même statuquo que l’on pourra changer les choses. Si on s’est mobilisé pour une cause, c’est pour produire un changement. Un changement est une remise en question, un bouleversement de l’ordre établi, remplacer l’existant par quelque chose d’autre. Si un changement n’est pas accompagné par des actes de remplacement élaborés et tangibles, il

n’ y aura pas de changement. Le changement c’est se rompre de quelque chose pour autre chose d’autre de nouveau. Une option nouvelle pour le progrès.

Comme le dit Lichtenberg, « il faut voir quelque chose de nouveau pour voir du nouveau ». Il faut donc créer quelque chose de nouveau pour avoir du nouveau.

En effet, on est en droit de se poser cette question de savoir quelle est notre identité réelle ; savoir en effet, d’où l’on vient. Quel est le territoire sur lequel vivaient nos ancêtres, c’est l’Oubangui-Chari et non la Centrafrique. Ceux qui réclament l’héritage de Boganda ne nous donnent pas le contenu de ce qu’il nous a légué ; sinon cette expression humaniste, Boganda est un humaniste : « Zo ayéké Zo », « Zo kwè Zo », « So Zo là », ce slogan est repris de cœur.

Ce que Boganda a laissé c’est la construction de la vaste républicaine centrafricaine aux états unis d’Afrique latine, inachevée. Nous le regrettons, parce que son projet de construction d’un grand ensemble africain l’a éloigné des réalités de son propre pays et à l’abandon du programme de développement économique et social de l’Oubangui Chari.
Il a par contre le mérite d’avoir réussi l’indépendance et su insuffler une pensée intégrale de développement humain en rappel aux cinq (5) verbes du MESAN.

Mais quant à sa volonté de créer un grand ensemble africain, il s’est buté contre la réalité de la division du territoire africain. La délimitation et l’indépendance des Etats étaient des réalités irréversibles. La conjoncture internationale de l’époque et même aujourd’hui n’était pas favorable. À l’image de l’UA aujourd’hui, une caisse d’enregistrement de bons discours à cause de l’instabilité propre à chacun des États africains. Boganda est un fin stratège, il regardait plus loin mais il n’a pas su agir en primitif. Il a tenu faire compliqué que simple.

Le constat est écoeurant. Depuis sa création, ce nom « Centrafrique » qu’on voulait désigner le « grand ensemble » de l’Afrique centrale, n’a jamais vu jour et l’Oubangui Chari le seul a enfilé le maillot bariolé de cinq couleurs frappé d’une étoile, n’a connu que d’échecs et de malheurs : disparition physique de son créateur non élucidé, échec politique, échec économique, échec social ; que des crimes et des assassinats, des barbaries, des violences de tout genre, etc.

Dans la sous-région, la Centrafrique est le pays le plus faible et sans défense; le pays qui vit de l’aide internationale. Un pays manipulé de l’extérieur et assujetti. Un pays sans mémoire et sans avenir. Un pays dont les États voisins grignotent tous les jours sa superficie. Un pays dont l’État ne vit que pour manger plutôt que pour se défendre et se développer. La RCA vit comme une mère d’enfants au foyer.

Aussi, la Centrafrique est devenue une région de chasse où tout le monde vient chasser; on chasse de tout, des mines, des diamants, de l’or, des bois, des animaux. Les centrafricains eux-mêmes vivent de chasse, de pèche, de cueillette. Un peuple en état de nature. Même sa capitale Bangui vit dans l’obscurité, ses gouvernements vivent également dans

l’obscurité mentale, parce qu’ils sont aussi des chasseurs, et les chasseurs chassent mieux la nuit. Il nous faut sortir de cet état d’obscurité mentale.

Ce peuple qu’on appelle centrafricain aujourd’hui n’est pas un peuple socialement constitué, il vit encore figé dans le mythe du passé glorieux des tribus et pourtant il est brave et capable d’apprendre et de s’ouvrir sur le monde mais il est opprimé et phagocyté par des gouvernements aveugles et incapables. Il nous faut bâtir un peuple constitué et un pays d’origine.

Nos gouvernements et nos intellectuels aveugles par leur intérêt personnel, ont perdu toute vision de bâtir un Etat comme si par malédiction ou par conjuration du mauvais sort. Ainsi, la Centrafrique n’a pas de fondement. Etre centrafricain est considéré comme un droit à la pauvreté, à la souffrance, à la maltraitance, à la violence, à la violation, à la soumission; tout comme l’Afrique qui n’a aucun fondement de pensée qu’elle peut défendre. La liberté est au fondement de la pensée occidentale. Etre européen ou américain est considéré comme un droit, un droit à la liberté que les occidentaux sont prêts à défendre jusqu’au bout, et même à l’imposer aux autres.

Ayons le courage d’affronter cette réalité bancale : la Centrafrique n’est pas notre territoire, l’Oubangui-Chari est notre terre. La Centrafrique est une espèce de couche de peinture qui cache un fond pur : l’Oubangui-Chari.

De la création d’un symbole fort de l’unité de la république.

Comme le symbole de la naissance de Rome ; pour créer l’unité de la république par un symbole fort, nous demanderons aux maires des 75 sous-préfectures de notre pays d’apporter une MOTTE DE TERRE d’où ils sont. Nous allons creuser un fossé géant à Bangui. Dans ce fossé seront déposées et mélangées toutes les mottes de terre apportées. L’Etat bâtira un monument géant ou une vaste place et on donnera comme à l’univers le nom de: PLACE DE L’UNITE DE LA REPUBLIQUE.

Cette place sera sacrée. Vouloir souiller cette place, sera considéré comme une offense à ce que l’Etat s’est octroyé comme symbole de la république (c’est comme ce que représente le statut de la liberté aux Etats unis) et relevant du domaine de l’impérium. Ce symbole désigne à la fois l’association d’un peuple uni, homogène et libre.

Issus de nos diverses tribus et de toute l’étendue du territoire, ce symbole est la volonté de nos peuples, décidés à se construire une patrie, un concept d’un Etat politique. La volonté politique de s’unir pour construire un destin et un avenir commun.

L’Etat politique ne pourrait tolérer, un seul instant, une quelconque discrimination entre les citoyens. L’Etat politique donne la dignité et l’égalité à tous. L’Etat politique donne à chaque individu le statut de citoyen et souverain. L’Etat politique est laïc. L’Etat politique refuse toute expression de minorité et favorise l’ascension sociale à tous. L’État politique vit sous la contrainte de la république qui assure l’évolution et la protection à tous.

L’Etat politique refuse tout phantasme de quelque ordre qu’il soit et favorise l’adhésion de tous à la république. L’Etat politique doit être sûr de lui, fécond pour construire, organiser, agrandir. L’Etat politique n’est pas fait de faiblesse et d’hésitation et doit savoir selon les occurrences être généreux ou implacable, il doit toujours par son principe être équitable et agir dans les limites des pouvoirs que les citoyens lui ont confiés. Les actions de l’Etat politique doivent répondre à l’objet de l’institution dont il est appelé à défendre.

De la question de la réconciliation nationale.

Réunifier et réconcilier le pays, consiste que la justice soit reconnue et rendue aux victimes civiles et militaires lâchement assassinés et les souffrances infligées aux populations et le retour des populations vidées de leur localité et contraintes à vivre dans la brousse et à l’exil.

Il est hors de question d’un pardon puéril pour des crimes volontaires et crapuleux. Dire pardon aux gens qui ont tant souffert et tout perdu, sera considéré comme un soufflet suprême à toute vérité et à toute justice. Et la RCA portera cette souillure sur sa joue et l’histoire écrira que c’est au vu et au su de tout le monde que ces crimes ont pu être commis et que notre justice n’a pas été capable de rendre honneur aux victimes.

Cette malfaisance sociale ne peut rester impunie, elle doit être jugée. Les victimes ont droit à une réparation même immatérielle, mais une réparation prononcée par la justice comme étant un jugement de droit à caractère impersonnel.

A vrai dire c’est toute la période après Dacko2 qu’il fallait juger. C’est la période où nous avons pris la route de la dérive, de la catastrophe et de la tragédie.
C’est tous ces Chefs d’Etats qui ont succédés à Dacko2, ils portent tous un poids énorme dans la défaite de notre Etat. De ces élections, il nous faut repartir sur une base juridique implacable si nous voulons prendre une orientation résolument républicaine. Et les crimes de toute nature seront jugés. Nous entendons par là, toutes les malversations économiques et financières qui ont été commises dans la période et dont les auteurs ou les coupables n’ont été nullement inquiétés. Ils seront traduits en justice et condamnés. Il faut qu’ils rendent à l’Etat les ressources nécessaires à son développement qu’ils ont volé car le vol est un enrichissement sans cause.

Il faut ensuite établir un bilan matériel et humain des exactions de la rébellion séléka depuis son entrée sur le territoire le 10 décembre 2012 et qui a fait suite à l’avènement de l’anti-balaka. Il faut une enquête sérieuse et profonde qui révèle les faits, les coupables et les victimes qui sont restés muets jusqu’à ce jour. Nous dénonçons jusqu’à nous faire violence le forum de Bangui taillé, d’une ingénue audace, un monstrueux avatar visant à blanchir l’impunité et l’injustice. La Transition de SAMBA PANZA n’a pas le droit d’empêcher à notre peuple qui a tant souffert d’avoir au nom de l’humanité droit à l’honneur et au bonheur.

Il nous faut connaître et rendre public l’étendue nationale de cet odieux événement de prise de pouvoir, toutes causes confondues. Afin que l’opinion centrafricaine toute entière s’accorde et reconnaisse la profondeur de ce drame inhumain et qu’elle se prononce à jamais.
Pour cela, nous devons avoir du courage et de la volonté. Cette volonté doit être précédée :
– d’une volonté de faire table rase du passé égoïste, lugubre et macabre surtout que les éléments qui attisent la haine sont aujourd’hui affaiblis
– d’une volonté de dépasser les limites de l’intolérance, du chauvinisme religieux et ethnique, et les remplacer par des mécanismes de réconciliation et d’intégration
– d’une volonté de favoriser partout des synergies dans toutes nos provinces, de façon à accélérer le processus d’unification et à déconstruire les antagonismes, ce qui amènera tout naturellement les populations vers la solidarité générale. Par synergies, ce sont toutes ces associations d’actions sociales et d’entraides efficaces de cœur.

Elles pourront de la sorte aplanir les inimitiés. Certes, ce processus ne s’enclenchera pas seul sans être appuyé par l’Etat et, si ce principe s’inscrit dans la réalité politique quotidienne ; cela ne signifiera pas pour autant que tous les conflits et les problèmes seront résolus : ce qui importe c’est chercher à purger les antagonismes et les inimitiés qui barrent la route à la réconciliation nationale et aux rapports économiques et culturels harmonieux qui unissaient.
L’Etat doit encourager et codifier juridiquement ces synergies et restituer à chaque fois les rapports tout en éliminant ce qui les contrecarre.

Et un monument aux morts sera construit dans les 75 Sous-préfectures en hommage à tous nos compatriotes qui ont trouvé la mort, leurs noms seront gravés sur les murs et le 5 décembre sera déclaré « JOURNÉE DE L’UNITÉ NATIONALE » avec des dépôts de gerbes de fleurs aux pieds des monuments aux morts.

Notre passion ici, c’est faire exploser la vérité et la justice tout en cherchant la réconciliation qui émane de l’essence de nos peuples afin que l’histoire l’écrive à jamais pour les générations futures.

« Le sang versé de nos compatriotes est la semence de l’unité nationale.
Jamais leur mémoire ne saurait rester dans l’oubli » dixit Robert ENZA.

Robert ENZA, Entrepreneur politique

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