CENTRAFRIQUE : MENACES ISLAMIQUES ET RISQUE DE PARTITION

Publié le 6 mars 2018 , 7:35
Mis à jour le: 6 mars 2018 7:35 pm

CENTRAFRIQUE : MENACES ISLAMIQUES ET RISQUE DE PARTITION

 

 

 

 

 

Bangui, le 7 mars 2018.

Par : Joseph Akouissonne de Kitiki, CNC.

 

LA RCA, FUTURE PROIE DES ISLAMISTES ?

         

Le lâche attentat qui vient de frapper le Burkina Faso (« Le pays des hommes intègres ») est un avertissement sans frais à toute l’Afrique et, surtout, à des États comme le Centrafrique, qui ne possèdent pas de systèmes de défense dignes de ce nom.

          Nous avons évoqué, ici même il n’y a pas si longtemps, l’éventualité que l’État Islamique, en déroute au Moyen-Orient, vienne s’infiltrer dans plusieurs États africains. De ce point de vue, la République Centrafricaine est une proie facile. N’oublions pas que les ex-Sélékas sont financés aussi par Daech et qu’ils ont juré de frapper les intérêts français partout dans le monde. La Centrafrique, pays ami de la France, en perdition depuis plusieurs années, constitue pour eux une cible privilégiée.   

C’est pourquoi nous réitérons notre demande auprès de la France : il faut qu’elle revoie sa stratégie en Centrafrique. La menace d’une partition se confirme. Ce qui se trame, chez les ex-Sélékas, c’est la disparition de la RCA en tant que pays souverain et son remplacement par une République Islamique.

          La France doit revenir en force sur le terrain. Il n’y a pas que le Mali ! Au centre du continent, un pays est menacé d’effacement. 60% de son territoire sont déjà aux mains des Fous de Dieu, qui ont remplacé le Code Pénal centrafricain par la charia. Seule, la France dispose dans le sous-continent d’une force de frappe capable de venir à bout des bandes armées. Le temps presse. Il faut passer des tergiversations à l’action.

 

LES MALFRATS DU KM5

          On apprend la réconciliation des deux chefs qui, depuis si longtemps, terrorisaient le KM5. Leurs troupes se sont-elles, elles aussi, réconciliées ? Il ne faudrait pas que le pouvoir prenne pour argent comptant cette mascarade entre deux bandes de malfrats. C’est, en fait, une gigantesque diversion pour pouvoir continuer à exercer leur violence sur la population. Ils agissent comme des joueurs de flûte pour berner et endormir la population. Ce n’est pas cette pseudo-réconciliation, inattendue, des deux bandits chefs de gangs qui va ramener la paix.

          C’est au gouvernement à agir : il faut qu’il appréhende tous ces malfrats pour ouvrir la voie à la paix. Les chefs de la Sécurité doivent investir le KM5, pour que cessent les exhibitions scandaleuses des deux chefs de gangs, Anemeri Matar, alias Force, et son acolyte, You le Géant

Il faut arrêter ces criminels et les déférer devant la Cour Pénale Spéciale de Bangui. Car le KM5 est un quartier emblématique de la capitale. Comment se fait-il que des voyous narguent les autorités et puissent défiler sans être inquiétés par les forces de Sécurité ? Serait-ce le résultat d’un deal entre les rebelles, le pouvoir et les forces internationales ? Quand on observe l’état de déliquescence chronique dans lequel est tombé la République Centrafricaine, on peut craindre que les séditieux ne lâchent rien, même acculés, car ils sont pourvus d’une force de frappe supérieure à celle des FACAS et de la MINUSCA réunies.

          On a donc d’un côté, un gouvernement militairement affaibli et ayant perdu toute autorité sur 60% du territoire ; de l’autre, des rebelles qui commencent à y appliquer la charia. A Kaga-Bandor, dans la Nana-Gribizi, le général  autoproclamé Alkatim, chef du  Mouvement du Peuple Centrafricain (MPC), impose la doctrine islamique à la population chrétienne et musulmane et l’appelle en respecter les principes, comme, par exemple : « Un homme marié à une musulmane doit se convertir à la religion de son épouse »

 

NOUVELLE ATTAQUE CONTRE BANGASSOU, VILLE DÉJÀ MARTYRE

          Dans le Mbomou, le Haut-Mbomou, la Kotto et la Basse-Kotto, les bruits de bottes sont assourdissants. On vient d’apprendre l’effroyable nouvelle : une colonne d’ex- Sélékas et autres mercenaires s’apprête à fondre à nouveau sur Bangassou ! Un gigantesque califat semble être en gestation. C’est effroyable.

          Déjà, après l’insupportable défi de Nourredine Adam, l’émir de NDélé, on avait laissé faire. NDélé est ainsi devenu le symbole du dépeçage de la République Centrafricaine. Comment se fait-il que, depuis les exhibitions et les insultes insupportables adressées au chef de l’État par Nourredine Adam, le silence a paru s’installer à la tête du pays ? Le président et les membres du gouvernement n’ont pas fait de commentaires sur ce qui ressemble à un affront et une menace de partition de la part des rebelles, comme l’autruche qui enfouit sa tête dans le sable pour ne pas voir.

          Le pays est en miettes. Les ex-Sélékas semblent pouvoir faire ce qu’ils veulent dans les régions qu’ils occupent et administrent. Y a-t-il eu des conciliabules entre les dirigeants centrafricains et les rebelles ? Quelles sont les promesses faites aux insurgés ? Leur principale préoccupation, c’est de rester impunis, d’échapper à la justice. Ils savent qu’elle risque de les rattraper. C’est pourquoi ils paniquent, ils deviennent nerveux, insultants et se radicalisent sous la bannière de l’islam.

          Après N’Délé, ce sera donc Bangassou ?

 

 DIALOGUE IMPOSSIBLE        

          Les appels au dialogue que lance le Président depuis longtemps n’ont, jusqu’à présent, trouvé aucun écho chez les rebelles. Est-ce qu’il n’est pas temps de se débarrasser de cette naïveté qui consiste à tendre une main fraternelle de dialogue, alors qu’ils la repoussent avec obstination ? Cette tentative de dialogue du président Faustin-Archange Touadera ne fonctionne pas. Les rebelles veulent tout. Par la force. On les a laissés infiltrer la Présidence et le Gouvernement. De ces lieux de pouvoir, ils informent leurs bandes. Inexorablement, le pays chavire.

          Quel bilan le président et le Gouvernement vont-ils offrir au peuple en cette année anniversaire de l’arrivée au pouvoir de Touadera ?

                                                                                                                                                             JOSEPH AKOUISSONNE DE KITIKI

(7 mars 2018)

 

Monsieur Joseph Akouissonne de Kitiki, l’auteur de l’article. Photo de courtoisie.

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