CENTRAFRIQUE : QUE VEULENT LES BANDES ARMÉES ? L’IMPUNITÉ? NON !

Publié le 4 janvier 2018 , 6:31
Mis à jour le: 4 janvier 2018 6:31 pm

CENTRAFRIQUE : QUE VEULENT LES BANDES ARMÉES ? L’IMPUNITÉ? NON !

                            IL FAUT PENSER AUX MILLIERS DE VICTIMES
les combattants Anti-balaka. ©autremédia.

 

 

 

Bangui, le 5 janvier 2018.

Par : Joseph Akouissonne, CNC.

 

LE COMBAT DES CHEFS

          En ce 1er janvier 2018, les « unes » de la presse centrafricaine sont tragiques et désespérantes : « Centrafrique : débandade générale à Paoua. La ville se vide de sa population… Kaga-Bandoro : la fête dans le sang. Des tirs à l’arme automatique pour célébrer la Saint-Sylvestre dans les zones contrôlées par des groupes armés.  Bangassou affrontements inter-Antibalakas etc.

          Les affrontements sont impitoyables pour le partage d’une proie, la République Centrafricaine. Des combats âpres se déroulent pour obtenir le contrôle des régions minières le moment venu. Les populations désarmées, désemparées et sans protection de la part du pouvoir, en pâtissent. Les régions se vident, frappées par l’exil d’une population orpheline d’un État  qui manque d’initiative ou qui n’existe pas, fuyant les massacres et les effets collatéraux de ces combats de chefs.

          A Paoua comme ailleurs, des généraux autoproclamés se disputent le leadership. A Paoua, ce sont deux factions de l’ex-Séléka qui s’affrontent : le MNLC (Mouvement National pour la Libération de la Centrafrique) du général autoproclamé AHAMAT BAHAR défie, dans un duel sanglant, le groupe armé RJ (Révolution Justice).

          Ces luttes fratricides, aux conséquences cruelles pour les populations, témoignent d’une grande inquiétude chez les rebelles. Qui va être le représentant de toutes ces bandes armées pendant d’éventuelles négociations de fin de crise ? Va-t-on convier les 14 factions pour y participer ?

          Les livraisons des armes en provenance de Russie, l’arrivée prochaine de soldats russes pour former les Forces Centrafricaines, des bataillons de FACAS prêts au combat, vont sonner le glas de la suprématie des criminels de guerre en Centrafrique.

          Le pays semble devenu la proie d’une frénésie guerrière, qui écrase une population sans défense, abandonnée par un Etat fantôme. Tout se passe comme si la géographie de la République Centrafricaine était en train d’être redessinée. Les frontières sont bousculées par les séditieux qui s’apprêtent à faire sécession. Les chefs rebelles se livrent à des gesticulations sanglantes et continuent à défier le pouvoir qui ne trouve pas de réponse aux souffrances des populations. Les jeux obscurs de la France et des puissances internationales ont peut-être déjà acté secrètement la partition de la RCA. Les affrontements intergroupes des factions rebelles, les accords de non- agressions par d’autres ne sont que des manœuvres visant à se partager la dépouille de la Centrafrique.

          Si le président Touadera et son gouvernement n’agissent pas avec fermeté pour amener les rebelles à la raison, le chaos centrafricain va perdurer. Sous nos yeux, le pays se vide déjà de sa population chassée par les violences. Rien ne semble présager son retour.

          Aujourd’hui, l’identité et la pérennité de la Centrafrique sont menacées. Voilà un pays souverain qui se disloque dans l’indifférence quasi générale, miné par une insécurité désastreuse.

 

LE PRÉSIDENT ET LA RÉCONCILIATION

          On ne peut que se féliciter de la volonté du président Touadera de poser le retour de la sécurité comme préalable à la réconciliation nationale.

         Toutefois, les faits ne semblent pas lui donner raison. Les ex-Sélékas souhaitent avec ardeur la partition du pays en plusieurs entités confessionnelles, musulmanes et chrétiennes. Veulent-ils vraiment d’une réconciliation nationale ? On peut en douter, vu le comportement belliqueux de certains chefs rebelles envers un président démocratiquement élu et leur refus de reconnaitre sa légitimité.

          On ne voit pas comment instaurer la réconciliation nationale et la cohésion sociale face à des rebelles qui refusent depuis si longtemps de se désarmer et de rejoindre la table de la Réconciliation. Pour rechercher les moyens de la paix (SIRIRI), il faudrait que les belligérants acceptent de se rencontrer et de discuter sans armes. Jusqu’à maintenant, les rebelles ont opposé une fin de non-recevoir méprisante aux invitations du président à venir dialoguer. 

          A l’occasion de la fête de la Saint-Sylvestre, Faustin-Archange Touadera, dans son adresse à la Nation, a déclaré : « la reconstruction de notre pays requiert non seulement un climat de paix et de sécurité, mais aussi une cordiale entente entre les filles et les fils de Centrafrique… »  Personne n’en doute. Mais, pour faire la paix et instituer la sécurité, l’acceptation du désarmement par les rebelles est primordiale. Or, jusqu’à présent, les bandes armées ont refusé la main tendue du président Touadera. Les séditieux pensent que la magistrature suprême du pays est à portée de main étant donné la faiblesse du pouvoir. Dans ces conditions, ils ne sont pas prêts à changer de tactique.

          Il faut donc que le président adopte une position particulièrement ferme à l’endroit des rebelles. C’est la seule solution quand toutes les invitations au dialogue sont restées vaines. Les conciliabules secrets avec les bandes armées, dans ce contexte, risqueraient de mener à une impasse et de prolonger, inutilement, les grandes souffrances des Centrafricains.

                                                                                                                                              JOSEPH AKOUISSONNE

(05 janvier 2018)

 

Monsieur Joseph Akouissonne, l’auteur de l’article.

 

 

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