Zemio : L’Insécurité Grandissante Défie la Souveraineté Nationale
Bangui, 24 août 2023 (CNC) – Dans les profondeurs du Haut-Mbomou, la ville de Zemio se trouve aux prises avec une détérioration croissante de la situation sécuritaire. À plus de 1000 kilomètres au sud-est de Bangui, la capitale de la République Centrafricaine, cette localité autrefois paisible est désormais en proie à l’insécurité.
Depuis plusieurs années, l’absence remarquée de forces de sécurité intérieure dans la ville a laissé la population dans une situation précaire. Les rues autrefois animées de Zemio sont aujourd’hui le territoire de groupes armés qui règnent en maîtres. Les habitants témoignent d’une ville abandonnée à elle-même, où les forces de l’ordre ne sont plus qu’un lointain souvenir. Seuls le sous-Préfet et le maire persistent en tant que représentants des pouvoirs publics, un témoignage de la désolation qui a englouti la région.
À 12 kilomètres de Zemio, sur la route de Bangassou, le village de Litoua est lui aussi pris au piège de cette insécurité généralisée. Sous un hangar, Thierry Nguacu partage son quotidien avec un mélange de désespoir et de frustration. “Il n’y a pas de militaire ici à Zemio. Nous vivons sous une menace permanente”, explique-t-il. Les assaillants ne se contentent pas de voler les récoltes et les biens des habitants, ils pénètrent parfois violemment dans les foyers, exigeant de l’argent sous la menace d’armes. Une existence de terreur et d’incertitude est devenue le lot de la population locale.
Face à cette situation désastreuse, les autorités semblent incapables de restaurer la sécurité. Ni les forces armées centrafricaines (FACA), ni les gendarmes, ni les policiers ne sont présents à Zemio. Seul le contingent marocain de la MINUSCA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République Centrafricaine) maintient un semblant de protection pour les habitants et leurs biens.
Le Pasteur Albert Kufunda exprime sa préoccupation face à cette situation critique. “Aujourd’hui, à Zemio, il n’y a pas de sécurité”, déplore-t-il. Les autorités locales, telles que les chefs de groupe et de quartier, ainsi que le sous-Préfet et la Maire, tentent de pallier ce vide sécuritaire en traitant directement les problèmes et en maintenant une certaine cohésion au sein de la communauté.
Cette insécurité grandissante a des répercussions profondes. La ville de Zemio, située à la frontière de la République démocratique du Congo et du Soudan du Sud, remet en question la souveraineté nationale. Les services publics sont quasi inexistants, laissant la population sans accès aux services de base. Les fonctions de protection et de sécurisation, normalement dévolues aux forces armées, sont désormais portées par le sous-Préfet et la maire, témoignant de l’urgence d’une réponse gouvernementale.
Le sous-Préfet, Haroun, et la maire de Zemio sont conscients de l’ampleur du défi qui les attend. “C’est difficile”, admet Haroun. “La sécurité est le rôle des militaires, mais si nous vivons sans ces services, il est difficile de parler de sécurité.” Il appelle de ses vœux une intervention rapide des Forces de Sécurité Intérieure (FSI) et des forces de défense pour rétablir la paix et la stabilité.
En fin de compte, Zemio lutte toujours avec les conséquences de la crise sécuritaire qui a secoué la ville en 2017. La ville est devenue un symbole de la fragilité des structures étatiques dans certaines parties de la République Centrafricaine. À l’heure où la souveraineté nationale est remise en question et où les citoyens se tournent vers des solutions pour retrouver la sécurité et l’ordre, la situation à Zemio reste un rappel poignant de l’urgence d’une réponse gouvernementale efficace.
Mborifouefelle Élie
Correspondant du CNC à Obo
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