Bangui (République centrafricaine) – Les “faits de guerre” du groupe Wagner sont très largement rapportés. A juste titre, leurs exactions font l’objet d’enquêtes judiciaires et de sanctions de la communauté internationale.
Rédigé par Adama Bria
Publié par Corbeaunews Centrafrique (CNC), le mercredi 23 novembre 2022
des mercenaires russes de la société Wagner impitoyables
Ils sont sans foi ni loi. Leurs casiers judiciaires les empêchent d’intégrer l’armée régulière, quand ils n’ont en pas déjà été exclus. Ils ne connaissent ni les droits de l’Homme, ni le droit des conflits armés. Les mercenaires du groupe Wagner suivent leurs propres règles. Et le sort des populations leur importe peu.
Les mercenaires russes sont accusés d’exactions en Libye, en Syrie, au Mozambique, en Centrafrique, et plus récemment au Mali et en Ukraine. Ils pratiquent l’intimidation, les traitements humiliants, dégradants et cruels ; la destruction d’habitations, le racket et le pillage des ressources naturelles ; les violences sexuelles. Ils sont aussi adeptes des menaces, tortures, exécutions et meurtres, en plus d’animer les violences intracommunautaires ethniques et religieuses. Un beau palmarès…
Tout naturellement, la communauté internationale s’intéresse de près à leurs actions. Dès 2020, l’Union européenne sanctionne la société de sécurité privée russe Wagner, et trois autres, Evro Polis, Mercury et Velada. Même si le lien entre elles n’est pas officiellement reconnu, le présumé fondateur de ces sociétés de sécurité n’est autre que l’oligarque russe Evgueni Prigojine. Très proche du pouvoir russe, il en obtient, de manière illégale et officieuse, une partie de ses financements. Les autres sources de revenus sont directement pompées de l’exploitation des États contractants, des richesses naturelles et des populations.
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obstruction aux enquêtes
Suite aux exactions commises, les « forces bilatérales russes » ne facilitent pas la tâche. Ils font tout bonnement obstruction aux enquêtes, rendant difficile l’établissement rapide de preuves. Heureusement, le travail des enquêteurs, les témoignages de victimes, de témoins et de membres d’organisations sur place sont autant d’éléments utiles pour établir la vérité.
Les enquêtes en Centrafrique montrent la possibilité d’éclaircir des zones d’ombre. Voire la résilience des États, conscients de devoir faire machine arrière, en douceur. La Commission d’enquête spéciale du gouvernement a reconnu les faits d’exactions, et ce n’est pas sans raison. Son rapport fait « la lumière sur les allégations de violations des droits de l’homme révélées l’année dernière par la Division des droits de l’homme de la MINUSCA », et qui a débouché sur des poursuites judiciaires. Le ministre de la Justice et des Droits de l’homme de la République centrafricaine, Arnaud Djoubaye Abazene, a affirmé que « des actions multiples sont en cours d’exécution afin de rendre la justice plus accessible et équitable pour tous les Centrafricains. »
Qui va devoir dédommager les victimes et régler la facture ? Très certainement l’État lui-même. En effet, la Centrafrique est juridiquement responsable, en l’absence d’informations sur la nature des contrats signés avec les mercenaires, mais pénalement aussi pour n’avoir pas su protéger la population. Par ailleurs, aucun recours n’est possible. Une demande effectuée auprès du ministère russe de la défense a déjà reçu un point de non-retour : l’existence de sociétés paramilitaires est illégale. Elles n’ont donc pas d’existence officielle.
En conséquence de l’intervention russe en Centrafrique, 1,4 million de personnes ont quitté leur foyer, et 63% de la population nécessite actuellement une protection et une assistance humanitaire. « Jamais, au cours des cinq dernières années, il n’y a eu autant de personnes en situation de besoin aigu (…) », a estimé la Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet.
Les États africains ne doivent pas céder aux yeux doux des mercenaires russes, car la note finale est à chaque fois bien plus salée que prévue.
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