Référendum de la honte, Dr. Moustapha ALADJI interpelle le Président Touadera

Publié le 13 juillet 2023 , 7:05
Mis à jour le: 13 juillet 2023 5:14 pm

Référendum de la honte, Dr. Moustapha ALADJI interpelle le Président Touadera

 

Le Président centrafricain Faustin Archange Touadera entrain de faire la prière pour son régime en faillite
Le Président centrafricain Faustin Archange Touadera entrain de faire la prière pour son régime en faillite

 

 

Bangui, 14  juillet 2023 (CNC) – Dans une lettre ouverte adressée au Président de la République, Faustin Archange Touadera, le Dr. Moustapha ALADJI, économiste et citoyen centrafricain engagé, soulève des inquiétudes légitimes quant au référendum prévu pour ce mois de juillet.

Ci-dessous, l’intégralité de sa lettre ouverte :

 

Lettre ouverte au Président de la République Centrafricaine,

Chef de l’État Pr Faustin Archange TOUADERA

 

 

Objet : Référendum sans consentement unanime et risqué

 

Excellence monsieur le Président,

 

En cette période préliminaire de campagne référendaire, en tant que jeune et centrafricain, je souhaite vous adresser cette lettre pour exprimer ma profonde préoccupation à l’égard du référendum prévu pour ce mois de juillet.

 

Excellence Monsieur le Président,

 

Permettez-moi de souligner quelques irrégularités flagrantes qui entourent cette démarche, qui me semble être motivée que par la volonté de certains partisans de votre régime de maintenir leurs privilèges actuels. Rappelons-nous des récentes crises politiques que notre pays, la République Centrafricaine, a traversées et les conséquences qu’elles ont eues sur la division du peuple centrafricain. C’était une étape douloureuse pour notre nation, il est hors de question de revivre cela.

 

La démarche entourant votre projet de référendum visant à modifier la Constitution de 30 mars 2016 soulève de sérieuses préoccupations quant à son caractère irrégulier et non démocratique. En effet, l’absence d’une véritable consultation populaire sur l’ensemble du territoire national. Les tentatives de mobilisation organisées par certains membres de votre parti ou du Front Républicain ne sont en aucun cas représentatives de la volonté réelle du peuple centrafricain dans son ensemble. Une consultation populaire inclusive aurait dû être mise en place, offrant à tous les citoyens, y compris les opposants politiques et la diaspora, la possibilité de participer à cette démarche capitale qui concerne l’avenir de notre nation.

 

Tous les Centrafricains doivent être entendus afin de garantir un processus décisionnel transparent et représentatif. L’avenir de notre nation ne peut être décidé unilatéralement par un groupe restreint de personnes. Nous devons travailler ensemble pour construire un avenir où chaque voix compte et où les décisions cruciales sont prises dans l’intérêt de tous les citoyens en évitant les erreurs du passé.

 

En tant que jeune centrafricain, je soutiens fermement une démarche d’union et de concertation, mettant en avant l’intérêt national plutôt que les intérêts individuels d’un parti ou d’un groupe de personnes. Il est essentiel de placer les besoins et les aspirations de notre nation au-dessus de toute considération partisane ou personnelle. En privilégiant l’intérêt national et en transcendant les clivages politiques, nous pourrons créer un environnement propice à la prospérité et au bien-être de tous les citoyens centrafricains.

 

Notre pays mérite un avenir fondé sur la justice, la liberté et le respect des droits de chaque individu, indépendamment de ses affiliations politiques ou de son statut.

 

 

Excellence Monsieur le Président,

 

En votre qualité de Chef suprême des Armées, de leader de prendre des mesures décisives pour préserver l’intégrité démocratique de notre nation. Dans cette optique monsieur le président, il serait opportun de considérer un report du projet de référendum à une date ultérieure, dans l’intérêt supérieur de la nation, afin de créer un environnement favorable à l’inclusion et à la concertation en permettant des rencontres significatives avec tous les acteurs pertinents, notamment les opposants politiques, la société civile, la diaspora et les responsables religieux.

 

Un dialogue inclusif et transparent est essentiel pour garantir une représentation équitable et une prise en compte de toutes les voix concernées. En repoussant le référendum, cela permettrait de mettre en place un processus de consultation plus large, qui impliquerait les différentes composantes de la société centrafricaine. Cela offrirait également l’opportunité d’aborder les préoccupations légitimes soulevées par ces acteurs et de rechercher un consensus sur les questions importantes liées à la gouvernance et à l’avenir de notre nation.

 

 

Monsieur le Président,

 

Avec tout le respect dû, notre pays fait face à des défis économiques majeurs qui le positionnent parmi les nations les plus démunies du monde. En effet, selon le classement récent des Nations Unies, notre pays est classé au 188e rang sur 191 en termes de développement économique, avec un PIB 461$ par habitant parmi les plus modestes. Cette situation engendre des contraintes considérables sur le pouvoir d’achat des ménages, entravant ainsi l’accès aux biens et services de première nécessité. Malheureusement, la réalité est que la majorité de notre population est confrontée à des conditions de vie précaires caractérisées par la pauvreté et l’insécurité alimentaire. Selon la note de conjoncture de la Banque mondiale, publié en mars 2023, qui précise que plus de 3,5 millions de nos concitoyens continueront de vivre dans une extrême pauvreté entre 2023 et 2025.

 

Les Centrafricains ont besoin, aujourd’hui plus que jamais, de sécurité, de santé, d’éducation et d’emplois. Ce sont là les priorités absolues de notre nation.

 

Je souhaite également attirer votre attention sur l’influence que cette décision pourrait avoir sur la jeunesse centrafricaine. Une jeunesse qui est malheureusement trop souvent manipulée et utilisée à des fins politiques à travers des manifestations et autres pour l’intérêt de ceux qui sont aux affaires. Nous ne voulons plus de cette pratique, aujourd’hui, cette jeunesse a plus que besoin de bourse, de nouvel campus pour se former, des enseignements de qualité, des nouvelles technologiques et aussi des infrastructures pouvant améliorer leur quotidien.

La jeunesse Centrafricaine à grandi dans un pays marqué par des années de crises politiques et de conflits, et nous aspirons profondément à voir émerger une Centrafrique prospère, unie et stable.

 

Cette lettre a pour objet vous rappeler les principes fondateurs de notre nation, la vision léguée par le feu Président fondateur Barthélemy Boganda, ainsi que l’inspiration que nous avons pu trouver chez les anciens dirigeants tels que feu Empereur Bokassa, David Dacko, André Kolingba et Ange Felix Patassé, pour n’en citer que quelques-uns. Ce sont ces principes qui doivent guider vos actions et décisions, et non les intérêts personnels de quelques-uns.

 

Je vous exhorte, Monsieur le Président, à prendre conscience des conséquences graves que ce projet de référendum pourrait entraîner. Méfiez-vous des personnes qui vous encouragent dans ce processus. Ces mêmes personnes ont servi différents régimes avant vous et ont tous leur part de responsabilité dans la situation actuelle de notre pays.

 

Je vous exhorte, avec respect, à reconsidérer ce projet de référendum et de vous concentrer sur les besoins réels et urgents du peuple centrafricain . L’unité et la prospérité de la République Centrafricaine dépendent de votre leadership éclairé et de votre engagement envers la véritable volonté du peuple.

 

Pour ma part, je ne voterai pas OUI pour ce référendum tant qu’elle n’unit pas pas le peuple et l’ensemble des forces vives de la nation.

 

Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma profonde préoccupation et de mon plus grand respect.

 

 

Cordialement,

 

 

Moustapha ALADJI

Dr en Sciences Économiques

Citoyen de seconde zone

 

 

 

 

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