RDC / Ituri : découvertes macabres de 160 corps suite aux violences intercommunautaires

Publié le 17 juin 2019 , 7:24
Mis à jour le: 17 juin 2019 7:24 pm

 

 

Environ 160 corps sans vie auraient été découverts à Djugu en RDC. Un bilan qui vient alourdir celui enregistré la semaine dernière, après une attaque perpétrée par des hommes armés.

Ce sont de nouvelles découvertes macabres qui viennent d’avoir lieu en RDC. Celles d’environ 160 corps, en Ituri. Découvertes alors que des violences avaient déjà eu lieu la semaine dernière, faisant plusieurs dizaines de morts.

 

Embrasement après le meutre d’un commerçant

 

Dans cette région en proie à des conflits intercommunautaires depuis 1999, selon des témoins, c’est le meurtre d’un commerçant de l’ethnie Lendu qui a provoqué les toubles. L’homme aurait été attaqué dans un véhicule, où il était en compagnie d’autres commerçants. Des habitants ont été assassinés à l’arme blanche, des maisons ont été incendiées et des biens ont été pillés.

“Ils cherchaient ma mère”

Dieudonné Paluku habite à Bunia, il travaille pour le cadre de concertation de la société civile de l’Ituri. La semaine dernière la ferme de ses parents a été attaquée dans la localité de Kilo. Les assaillants étaient à la recherche de sa mère qui est de la communauté Hema. “Les assaillants n’ayant trouvé personne, ils ont seulement pillé nos biens”, raconte-t-il. Il évoque, déjà par le passé, des “conflits incontrôlés” dans certains villages, où l’armée intervenait parfois. “La source du conflit a plusieurs aspects : il y a l’aspect foncier mais aussi la délimitation territoriale à l’époque coloniale. Certaines limites n’étaient pas bien dessinées entre les deux entités. Il y a aussi l’aspect socio-économique du conflit”, estime Mr. Paluku.

Les femmes mobilisées pour la paix

Pour Jacqueline Dz’Ju Malosi, le conflit a sa source dans le mauvais règlement des querelles qui ont existé par le passé. Cette femme travaille aujourd’hui sur le projet « Pamoja Inawezenaka » qui regroupe plusieurs organisations féminines, pour tenter de ramener la paix. “On s’est organisées pour mobliser les communautés, mener des plaidoyers et accompagner les structures pour qu’elles se prennent en charge”, raconte-t-elle. On se demande pourquoi l’autorité congolaise qui est une autorité publique et qui peut imposer la paix, peut sembler ditraite par moment…”

Des corps en décomposition

Le rôle que doit jouer l’autorité congolaise c’est aussi cette question que se pose désespérément Charité Banza, membre de la société civile à Djugu. Avec ses collègues, ils travaillent actuellement sur le décompte des corps retrouvés depuis la semaine dernière et il insiste sur le fait que le bilan va forcément être revu à la hausse étant donné l’inaccessibilité de certaines zones en Ituri. “Au niveau de Bahema nord, on a déjà 163 corps”, explique-t-il. “Dans l’entité Bahema Badjere, il y a aussi des morts dont le nombre n’est pas encore confirmé. Dans le groupement de Losa Ndrema il y a beaucoup de corps qui commencent à pourrir, et jusque là nous ne savons pas y accéder donc on ne sait pas évaluer le nombre de corps actuellement.”

Un bilan qui risque de s’alourdir, des racines encore vivaces d’un conflit intercommunautaire. Tout ceci laisse penser aux habitants de l’Ituri où la paix est bien loin de faire son grand retour.

 

Par Wendy Bashi

 

 

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