RCA – CONGO : ENSEMBLE POUR LE FORUM DE LA RUMBA DE BRAZZA

Publié le 14 juillet 2014 , 1:48
Mis à jour le: 14 juillet 2014 1:48 pm

Le 9 juillet 2014, les partis et associations politiques et la plate-forme des confessions religieuses de Centrafrique, trouvaient « inopportun le déplacement de Brazzaville pour résoudre le problème centrafricain ». A peine trois jours passés, les signataires de cette « déclaration d’indépendance », à l’issue de leur entretien avec Madame Cathérine Samba Panza, ont dû tenir un nouveau conciliabule ce samedi 12 juillet 2014, sans qu’il en ressorte une résolution finale comme promis. Il faudra alors attendre jusqu’au mardi 15 de ce mois, pour une décision définitive. D’ores et déjà, on peut dire que tout cela sent du roussi. Par ailleurs, l’on ne peut s’empêcher de faire remarquer, que des opportunistes professionnels et politiciens calculateurs, ont gangrené une fois de plus l’initiative citoyenne des religieux sincères, tout en abusant de la bonne foi des membres de la société civile. Une fois de plus aussi, des enveloppes ont été distribuées nuitamment et des messes de minuit célébrées en secret.

En effet, à la faveur des dissonances sur le forum de Brazza, des visages et des voix qu’on aurait souhaité ne pas revoir de sitôt – le peuple s’en serait pas si mal porté -, ont tenu et réussi ces derniers jours, à refaire leur apparition sur les devants de la scène politique, pour se rappeler au souvenir des Centrafricains. Ainsi, quand ce n’est pas Cyriaque Gonda qui du haut de son piédestal de Coordonnateur improvisé, martèle sur les antennes de RFI « Je viens de convoquer une réunion le samedi des quarante-neuf partis et de la plateforme de construction religieuse », c’est Fidèle Ngouandjika qui se laisse aller à ses épanchements en clamant « Le moment de cracher cette vérité est peut être arrivée…».  De même, l’ACDP (Alternative Citoyenne pour la Démocratie et la Paix) créé depuis avril 2014, trouve enfin l’occasion de faire sa première déclaration ; tandis le KNK de François Bozizé, ressuscite à travers un communiqué.

MAIS EN FIN DE COMPTE QUI VEUT « RUMBATER »(TROMPER) QUI ?

La véritable question n’est plus de savoir si l’on va à Brazzaville, mais que va-t-on faire à Brazzaville ? Déjà, au niveau purement sémantique, tout le monde ne semble pas parler le même langage. L’on entend dire par ci « forum pour un dialogue inclusif » ; par-là « forum de réconciliation », ou encore plus loin « forum pour un cessez-le feu » etc… Quant à l’objectif visé, chacun ou chaque groupe y va de sa propre interprétation, sans que l’on entende les Seléka et les Antibalakas s’exprimer clairement à ce sujet.

A supposer qu’’il s’agisse d’aller inaugurer par des discours et de simples prises de contact, un dialogue de réconciliation qui se poursuivra à Bangui, le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? Aussi, si l’on devait parler au cours de ce forum uniquement d’un cessez-le-feu, celui-ci est-il dissociable des autres problèmes à l’origine des crises centrafricaines ?

Vu de Bangui, me semble-t-il, le plus grand obstacle au Forum de Brazza, réside sans nul doute, dans la volonté, sinon l’entêtement de ses principaux initiateurs, de donner à tout prix à ces assises, une  dimension grandiloquente quant à l’organisation, ainsi qu’une place et une importance excessives quant au processus de réconciliation. C’est ici que se trouve le nœud gordien à trancher. A la vérité, si la Misca et l’opération Sangaris n’avaient pas lamentablement échoué leur véritable mission qui consistait justement à imposer le cessez-le-feu, l’on n’en serait point là aujourd’hui à ergoter autour du Forum de Brazza. Par ailleurs, le mois de septembre 2014, annonce l’arrivée prochaine des 12.000 casques bleus de l’ONU. Aussi, il est apparu nécessaire, à travers le procédé diplomatique du Forum de Brazza, d’obliger « poliment » les deux groupes de criminels – Séléka et Antibalaka -, à s’asseoir en présence de respectables personnalités Centrafricaines, régionales et internationales, pour consacrer par un acte solennel, leur engagement de s’exprimer désormais autrement que par la poudre et les canons. Quoiqu’il en soit, tout cela aurait pu se faire sans le grand ballet inutile auquel nous assistons, et le tintamarre scandaleux autour de cet événement qui suscite colère et mépris, à cause des acteurs en scène.

Le Forum de Brazzaville, s’il a lieu, devrait être strictement circonscrit à son seul objet : le cessez-le-feu. Dès lors, il ne saurait être question, hormis les discours de circonstance des seuls représentants de la Présidente de la Transition et du Président du CNT – présents par respect au Président Sassou Nguesso – d’ouvrir un tant soit peu des débats sur le processus de réconciliation en préparation, et le dialogue subséquent qui doit débuter et se terminer en terre centrafricaine. La société civile et les partis politiques pourraient, s’ils étaient sollicités, déléguer tout au plus cinq observateurs à ce forum.

Au-delà de tout ce qui précède, pour qui a la moindre connaissance de l’histoire des crises en RCA, on sait qu’une fois les lumières de Brazza éteintes, l’on se remettra aussitôt à entendre des coups de feu beaucoup plus assourdissants que ceux qu’on a connus jusqu’ici. Seléka et Antibalaka ne sont pas constitués de simples soldats et des enfants de chœur. Leurs objectifs sont connus : le pouvoir ou à défaut la partition. C’est pourquoi, aussi longtemps que le désarment ne se fera pas par la force et les « terroristes terrorisés», l’on peut toujours multiplier par centaine des fora, rien n’y fera !

D’un autre point de vue, certains arguments en faveur de ces assises de Brazzaville, prennent en compte avant tout et surtout, la personnalité du Médiateur dans la crise centrafricaine, le Président Denis Sassou-Nguesso (DSN). Contre ce dernier, les Centrafricains ne sauraient faire un procès pour non-assistance à peuple en danger, soutien aux rébellions ou tentative de main-basse sur les richesses de la RCA. Bien au contraire, d’aucuns sauront reconnaître que le Président Congolais s’est souvent montré prodigue et redoutable négociateur, quand il s’est agi chaque fois de plaider la cause de la RCA. Ne dit-on point que la reconnaissance est le paiement du pauvre ? Par contre, l’on peut aussi raisonnablement se poser la question de savoir si DSN attend cette reconnaissance des Centrafricains, et s’il l’attend, à quoi peut-elle bien lui servir ? Enfin, faut-il mentionner la dimension maçonnique de l’hôte du forum de Brazzaville ? Les « apprentis » franc-maçons qui écument les allées du pouvoir en Centrafrique, oseraient-ils dire « niet » au Grand Maître Suprême DSN

Partira ou partira pas ? Malgré les tergiversations de l’heure, on peut déjà être sûr que les absents à ce forum de Brazzaville, même s’ils n’ont pas d’office tort, n’auront peut-être pas raison.

Décidément la Centrafrique rend fou !

 GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

Pour: Les Plumes de RCA

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