Port du casque à Bangui : la grande mascarade des contrôles routiers
Par la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique.
Un matin ordinaire à Bangui. Des centaines de taxis-motos sillonnent la ville, leurs conducteurs et passagers tête nue, bravant ouvertement l’obligation du port du casque. Pourtant, les textes sont clairs : le casque est obligatoire pour tout conducteur de deux-roues et son passager. Une règle qui ne semble exister que sur le papier.
Le règne de l’absurde
“Quand vous achetez une moto neuve au magasin, elle est livrée avec deux casques”, explique Karl Blagué, coordinateur des organisations de la société civile. “La première chose que font les conducteurs, c’est d’enlever les rétroviseurs et de ranger les casques“. Une pratique devenue la norme, sous le regard indifférent des autorités.
Plus spectaculaire encore, les motos transportent souvent quatre à cinq personnes sans Port du casque. “Comment peut-on donner un casque à tous les passagers quand la moto elle-même n’est pas conçue pour en transporter autant ?”, s’interroge un observateur du secteur des transports.
Des contrôles de façade pour le Port du casque
Aux points de contrôle, la comédie se joue quotidiennement. Les forces de l’ordre regardent passer les conducteurs sans le Port du casque, se contentant de percevoir leur “droit de passage connu sous le sobriquet de formalité”. “Ils traversent les checkpoints de police. Personne n’ose rien dire”, observe le professeur Bertrand Tekpa de l’hôpital communautaire.
Le gouverneur de Bangui, Éric Sorongo-Pezoumandji, reconnaît l’ampleur du problème : “Il y a un désordre dans la circulation routière. Même lorsque les agents tentent d’intervenir, ils sont menacés par des propriétaires de motos en uniforme“.
Les conséquences mortelles
Au service de traumatologie de l’hôpital communautaire de Bangui, les résultats de ce laxisme sont dramatiques. “Les victimes meurent toutes de traumatisme crânien”, souligne le professeur Tekpa. “La femme perchée sur les marchandises, quand il y a un accident, atterrit sur sa tête, casse son cou, endommage son cerveau et arrive dans le coma“.
Le port du casque pourrait pourtant sauver de nombreuses vies. “Le casque amortit le choc. C’est une protection élémentaire qui peut faire la différence entre la vie et la mort”, explique un médecin urgentiste.
Des textes sur le Port du casque mais sans application
Le ministère des Transports multiplie les arrêtés sur le port du casque. “Chaque ministre qui arrive propose un texte pour réglementer le secteur des taxis-motos”, confie un responsable. Mais ces textes restent lettre morte, faute de volonté réelle de les faire appliquer.
Le directeur général des transports urbains admet l’échec des formations : “Nous formons 1000 conducteurs par an sur la sécurité routière, mais 3000 nouveaux arrivent sur le marché“. Des formations qui incluent pourtant des modules sur l’importance du port du casque.
Un business florissant
Plus surprenant encore, les vendeurs de casques existent à Bangui. “Les casques sont disponibles sur le marché, mais personne n’en achète”, constate un commerçant. Les conducteurs préfèrent économiser cet investissement, certains que les contrôles resteront inexistants.
Certains propriétaires de motos, souvent des hommes en tenue, encouragent même cette pratique. “Pourquoi investir dans des casques quand un billet de 500 francs suffit à passer les contrôles ?”, résume cyniquement un conducteur.
Une situation confuse
La situation confine à l’absurde quand on observe les conducteurs rouler avec des casques attachés… à leur coude ou accrochés au guidon. “C’est juste pour montrer qu’ils ont un casque en cas de contrôle sérieux”, explique un observateur. Une mascarade qui démontre parfaitement le détournement systématique des règles.
Le contraste est saisissant avec d’autres pays de la région. “Au Cameroun, au Bénin, le port du casque est effectif. Les contrôles sont réels et les sanctions appliquées”, note Karl Blagué. “Pourquoi ce qui fonctionne ailleurs est impossible chez nous ?”
La réponse se trouve peut-être dans cette remarque d’un responsable anonyme : “Tant que ceux qui devraient faire respecter la loi seront les premiers à l’enfreindre, rien ne changera”. En attendant, les traumatismes crâniens continuent de remplir les services d’urgence de Bangui.
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